Tous les vendredis, un décideur se dévoile dans notre section. Cette semaine, le maire de la ville de Québec, Bruno Marchand, répond à nos questions.

Quel conseil êtes-vous heureux d’avoir ignoré ?

Celui de m’assagir en vieillissant, de penser petit, d’être pragmatique. Si on ne vise pas la lune, on ne fera jamais de grandes choses. À travers les évènements qui nous affectent, qu’il s’agisse des changements climatiques, économiques ou sociaux, il n’y a pas de raison d’être pessimiste. Il y a au Québec un peuple de grands bâtisseurs. Il faut trouver les voies nécessaires et être optimiste, c’est fondamental, malgré les défis qui sont grands.

Un bon patron, c’est quelqu’un qui…

Est capable de reconnaître les bons employés et qui leur donne la latitude et les conditions pour performer, qui voit le meilleur d’eux-mêmes et leur fait confiance.

Quel conseil donneriez-vous à la version plus jeune de vous-même ?

Que l’erreur n’est pas définitive, fatale. Jeune, on a l’impression que nos décisions sont cristallisées dans la pierre. La vie, ce sont des chemins qui se recoupent, sur lesquels on peut reculer, avancer, tomber, se relever. L’erreur n’est pas définitive. Trop souvent, on a peur de l’erreur. Et en politique, je dis aux jeunes : « De grâce, trompez-vous, cette richesse dans vos bagages vous permettra d’acquérir une expérience et de réussir. »

Qui admirez-vous parmi les décideurs ?

Jacinda Ardern, ex-première ministre de la Nouvelle-Zélande. Elle a amené des choses très intéressantes du point de vue économique et social et s’est démarquée pendant la pandémie. Elle a eu le courage de faire un rapprochement avec les nations aborigènes [elle a formé un gouvernement composé à 25 % d’élus maoris ; elle a aussi interdit les armes semi-automatiques et lancé un programme de rachat d’armes après la tuerie de Christchurch qui a fait 51 morts en 2019].

Quelle est votre plus belle erreur ?

D’avoir étudié en philosophie [il a obtenu l’équivalent d’une majeure de 60 crédits en philosophie à l’Université Laval]. Tout le monde me disait que ça ne servirait à rien. Je savais que je ne travaillerais pas là-dedans. Je voulais juste réfléchir, bâtir ma capacité à voir les enjeux. Je ne savais pas si je ferais de la politique, mais j’ai toujours aimé la politique, vu la politique comme un lieu extraordinaire pour transformer les communautés, faire une différence.

Comment vous débranchez-vous ?

En écoutant de la musique avec mes écouteurs. J’adore la musique et je suis éclectique, écoutant du rap ou de la musique classique, mais aussi beaucoup de québécois, comme Ingrid St-Pierre, Émile Proulx-Cloutier, Les Cowboys Fringants, Leonard Cohen. Quand j’écoute de la musique, je ne prends pas mes textos et mes courriels. Il est indispensable de se débrancher.

Quel livre avez-vous l’habitude de recommander ?

Le livre Quand je ne dis rien, je pense encore, de Camile Readman-Prud’homme. La poésie fait rêver. Et elle est très utile dans mon environnement.

« Acheter, conserver, vendre » : de quoi voudriez-vous plus, autant et moins dans votre milieu de travail ?

Plus : multiplier les moments en équipe. Bâtir en équipe, c’est extraordinaire, c’est plus riche et plus fort. Conserver : mon temps de travail, je ne peux en mettre plus, je mets déjà toutes mes tripes. Vendre : c’est la tendance à la chicane dans une communauté et à ne pas se rallier quand une décision est prise.

Quelle activité physique faites-vous ?

Je me suis inscrit au pentathlon des neiges à Québec pour la première fois [les épreuves commencent le 17 février]. Les cinq épreuves sont le vélo, la raquette, le ski de fond, le patin et la course à pied. Mais mon sport préféré est le vélo, sauf que ça prend plus de temps. J’ai fait 8000 km de vélo l’an dernier, dont la moitié sur ma base d’entraînement avec l’application Zwift, et je cours habituellement 1300 km par année.

Quelles sont votre meilleure et votre pire habitude ?

La meilleure, c’est le sport. Et de savoir m’entourer. J’ai de bons amis qui font une différence. Ma pire habitude, c’est mon incapacité à résister à un sac de chips, incapable.

Qui est Bruno Marchand ?

Depuis 2021, Bruno Marchand est maire de la ville de Québec. Il a récemment annoncé qu’il se représenterait en 2025. Il a aussi été élu président de l’Organisation des villes du patrimoine mondial en septembre 2022.

De 2014 à 2021, il a été PDG de Centraide Québec et Chaudière-Appalaches et Bas-Saint-Laurent. Auparavant, il a travaillé à l’Association québécoise de prévention du suicide (2008 à 2014).

Il détient un diplôme en philosophie de l’Université Laval (1995) et une technique en travail social du cégep de Sainte-Foy (1998). De plus, il a suivi une formation en leadership de l’Ivey Business School de l’Université Western, en Ontario.

Il est né et a grandi à Limoilou. Sportif aguerri, il parcourt en moyenne 8000 à 10 000 km de vélo par année et a gravi certains des plus hauts cols des Alpes.