Chaque samedi, un de nos journalistes répond, en compagnie d’experts, à l’une de vos questions sur l’économie, les finances, les marchés, etc.

Comment fonctionnent les coopératives ? Comment on pourrait en créer une ? À qui s’adresser pour le faire ? Il serait intéressant de créer des coopératives de loyers pour personnes âgées… — Sylvie Létourneau

« Une coopérative, c’est une entreprise qui appartient à ses membres, qui est contrôlée par ses membres, et dont les bénéfices vont aux membres », explique Luc Audebrand, professeur à l’Université Laval.

Pour qu’une organisation soit réellement considérée comme une coopérative, elle doit réunir les trois caractéristiques. « Sinon, ce n’est pas une vraie coop », dit le spécialiste de l’économie sociale et titulaire de la Chaire de leadership en enseignement sur l’engagement social.

PHOTO ERICK LABBÉ, ARCHIVES LE SOLEIL

Luc Audebrand, professeur à l’Université Laval et titulaire de la Chaire de leadership en enseignement sur l’engagement social

Les coopératives sont apparues au même moment que le capitalisme. C’est comme une réponse au capitalisme.

Luc Audebrand, professeur à l’Université Laval

En distribuant le pouvoir entre tous à travers des parts sociales, elles visent à favoriser la démocratie dans les décisions concernant la production ou l’activité économique d’un groupe, plutôt que de les remettre entre les mains des propriétaires.

Sauf exception, chaque membre en détient le même nombre et a donc le même pouvoir décisionnel.

Des coops de toutes sortes

Les coopératives les plus connues, comme les caisses populaires, sont des coopératives de consommateurs : on en devient membre pour obtenir un produit ou un service. Comme des services financiers, dans le cas de Desjardins.

Les coopératives de travail regroupent des membres qui détiennent ensemble le contrôle de leur employeur, comme les Coops de l’information, dont relèvent les journaux Le Soleil, Le Droit, La Tribune, Le Quotidien, Le Nouvelliste et La Voix de l’Est.

Quant aux coopératives de producteurs, comme Sollio Groupe Coopératif, elles sont fréquentes dans le milieu agricole. Elles visent généralement, d’une part, à mettre en commun la consommation d’un produit nécessaire à sa production (comme le grain et les engrais qu’utilisent les fermiers) et, d’autre part, à mettre leurs produits en marché, comme le lait et le porc.

Quant aux coopératives de solidarité, elles tâchent de mettre en commun plusieurs types de membres. Elles peuvent regrouper, par exemple, des travailleurs et des consommateurs, et même des membres de soutien, qui sont simplement là pour s’impliquer dans l’organisation et aider.

« La question à se poser, c’est : quel est le besoin commun qui va déterminer la forme de coopérative à créer ? », résume Luc Audebrand.

Comment en créer une ?

Les coopératives d’habitation sont généralement considérées comme des coops de consommateurs, puisqu’elles visent à offrir un service à leurs membres : un toit pour se loger.

Plusieurs coopératives de ce type destinées aux personnes âgées existent déjà au Québec, comme la Coopérative d’habitation La Brunante à Racine et la Coop ViVE de Sutton, en Estrie.

Créer une coopérative ne se fait pas en criant ciseaux, mais de nombreux organismes offrent de l’aide pour en former de nouvelles.

Dans le cas d’une éventuelle coopérative d’habitation pour personnes âgées comme celle à laquelle songe Mme Létourneau, l’une des premières choses à faire serait de contacter le groupe de ressources techniques (GRT) de la région.

Ces entreprises d’économie sociale, présentes dans toutes les régions, aident des citoyens dans leurs projets d’habitation, en coopérative ou en organisme sans but lucratif.

D’autres organismes peuvent donner un coup de main, comme les fédérations de coops d’habitation, les corporations de développement économique et la Coopérative de développement régional du Québec.

Côté financement, ceux qui veulent créer une nouvelle coop peuvent s’adresser à des ressources comme le Réseau d’investissement québécois en innovation sociale et le Chantier d’économie sociale. Certaines fondations sont aussi susceptibles d’offrir des fonds pour soutenir ce genre d’initiative.