Il n’y a pas que les étudiants fauchés qui se nourrissent de nouilles Ramen instantanées, de spaghetti ou de sauces préparées. Signe que la majorité des consommateurs veulent économiser, ces catégories d’aliments connaissent une hausse de popularité fulgurante à l’épicerie où près de six articles sur dix sont vendus en promotion. Du jamais vu.

Ce qu’il faut savoir

  • Près de six aliments sur dix vendus en épiceries actuellement sont en promotion.
  • Les Québécois tentent d’économiser en achetant des produits moins chers comme des pâtes et des nouilles instantanées de style asiatique.
  • Le cahier publicitaire demeure le moyen privilégié par les chasseurs d’aubaines.
  • Les consommateurs mangent moins au restaurant et se tournent vers les comptoirs de prêt à manger des épiceries.

« Une proportion de 57,7 %, on n’a jamais vu ça ! On n’a jamais vu autant d’activités promotionnelles », s’est exclamé Francis Parisien, vice-président principal, ventes PME Canada pour NielsenIQ, au cours d’une conférence intitulée « Le consommateur à l’heure des choix », présentée dans le cadre d’un évènement organisé par le Conseil de la transformation alimentaire du Québec (CTAQ), jeudi à Montréal.

« En 2008, à la sortie de la dernière grande récession, on était à 36 % des articles vendus qui étaient en promotion », précise-t-il. Peu avant la pandémie, cette proportion était généralement sous la barre des 50 %. Elle a grandement diminué pendant la COVID. Les épiciers limitaient alors les promotions pour éviter les pénuries. Il y a deux ans, les rabais sont revenus dans le paysage. La proportion est donc passée à 54,7 % puis à 55,4 % en 2022.

Nouilles, riz et spaghetti au menu

Et à en croire les chiffres présentés par NielsenIQ, les Québécois sont nombreux à mettre des spaghettis nappés de sauces préparées ou des nouilles asiatiques dans leur assiette. Près de 50 % des foyers achètent actuellement des sauces pour agrémenter leurs plats italiens, une hausse de cinq points par rapport à l’an dernier. Les nouilles asiatiques instantanées se retrouvent dans le garde-manger de 31 % des familles, une augmentation de trois points.

PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

Montagne de paquets de nouilles ramen installée bien en vue dans le présentoir d’une épicerie

Les détaillants semblent l’avoir compris. Les montagnes de paquets de nouilles ramen installées bien en vue dans les présentoirs à l’entrée de certaines enseignes à bas prix illustrent bien cet engouement. Pour M. Parisien, il s’agit là du symbole de la solution à bas prix recherchée par les consommateurs.

Il y a plus de Québécois, [outre] les étudiants qui manquent d’argent, qui mangent des nouilles asiatiques présentement.

Francis Parisien, vice-président principal, ventes PME Canada pour NielsenIQ

« Et dans les pâtes alimentaires, on n’a jamais vu d’augmentation comme ça », lance sans détour M. Parisien, ajoutant dans son énumération le riz et les soupes en boîte prêtes à servir.

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Les Québécois sont nombreux à mettre des spaghettis nappés de sauces préparées dans leur assiette, selon les données de NielsenIQ.

« Mes collègues aux États-Unis me disent même que les gens rajoutent de l’eau dans la soupe déjà prête à servir pour en faire plus. Clairement, les gens cherchent des solutions [pour économiser]. »

Même le ragoût de boulettes en conserve connaît un regain de popularité avec une croissance de 43 %.

Le choix des coupes de viandes prouve également que les consommateurs veulent éviter d’avoir une facture trop salée. Près de 25 % des Québécois optent pour des solutions moins chères. « On voit plus de pilons de poulet que de poitrines, plus de cubes de ragoût que de bavette », observe Francis Parisien.

Les Québécois attachés à leur cahier publicitaire

Et ceux qui se questionnent sur la pertinence des cahiers publicitaires doivent savoir qu’ils demeurent la « première destination » de 86 % des consommateurs à la recherche d’aubaines.

Ce sont 64 % des Québécois qui disent regarder toutes les pages de plusieurs circulaires. C’est plus élevé que ce qu’on voit en Ontario avec 54 %. Les Québécois aiment toujours beaucoup les circulaires. On s’en sert plus que le reste du pays pour planifier nos achats de la semaine.

Francis Parisien, vice-président principal, ventes PME Canada pour NielsenIQ

Cet intérêt ne semble pas près de se tarir puisque 18 % des Québécois planifient utiliser encore plus cet outil dans les 12 prochains mois. Actuellement, 56 % des gens consultent la version papier, 64 % en ligne et 22 % utilisent leurs applications.

Plus de sushis… d’épicerie

S’ils parcourent les allées à la recherche d’aliments à bas prix, les consommateurs cherchent également à se gâter. « On ne peut pas préparer tous nos repas, souligne M. Parisien. On voit de la croissance dans une catégorie qui n’en avait pas beaucoup connu dernièrement : le prêt-à-servir. »

PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

Près de 25 % des Québécois optent pour des coupes de viandes moins chères, d’après NielsenIQ.

Dans l’équation, il y a toutefois des perdants : les restaurants. Près de la moitié des consommateurs ont réduit leurs sorties à l’extérieur pour manger, alors que 18 % se font livrer des pizzas ou autres repas moins souvent. « Tu vas peut-être moins manger de sushis au restaurant, mais tu en achètes plus à l’épicerie. »

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