La crise du logement est devenue « le problème économique et social numéro un au Québec », estime le président du Mouvement Desjardins, au risque de nuire aux « atouts » de l’économie québécoise pour résister au ralentissement en cours et préparer la relance dans quelques trimestres.

« Le cycle de croissance économique qui s’achève a été l’un des plus longs des 60 dernières années. Le ralentissement n’est donc pas une surprise pour personne et on s’attend à ce que la croissance économique reprenne d’ici le début de 2025 », a indiqué Guy Cormier lors d’une allocution jeudi devant un auditoire de gens d’affaires rassemblés par le Cercle canadien de Montréal.

Même si « on est globalement en bonne position au Québec, avec des atouts stratégiques et des entreprises qui ont pris énormément d’envergure et qui renforcent la position du Québec qui fait face à un ralentissement, on a aussi des problèmes sérieux comme la crise du logement », selon le président et chef de la direction du Mouvement Desjardins.

Avec la chute brutale des mises en chantier résidentielles dans la région de Montréal et ailleurs en province, la crise du logement devient « extrêmement grave » pour la société et l’économie québécoises, a insisté M. Cormier.

« Ce recul de la construction [résidentielle] est particulièrement inquiétant parce qu’il survient en pleine crise du logement, qui a un effet domino dans la société : logements disponibles plus chers, perte de qualité de vie pour des familles, montée dramatique de l’itinérance. »

Dans l’économie, cette crise du logement accentue « les difficultés des jeunes de se lancer dans la vie, la difficulté pour les régions d’attirer des travailleurs qui veulent se loger et, donc, de justifier des investissements dans les entreprises », a mentionné Guy Cormier.

En fin de compte, la crise du logement « occasionne un affaiblissement du potentiel de développement économique » dans tout le Québec, et c’est pourquoi « il faut s’y attaquer avec force ».

Programme d’aide aux logements bien reçu

De l’avis du président du Mouvement Desjardins, un programme d’aide à la construction de logements comme celui de 1,8 milliard de dollars pour 8000 nouveaux logements d’ici cinq ans qui a été annoncé lors de la récente mise à jour budgétaire à Québec constitue « une fichue de bonne nouvelle ».

Guy Cormier a aussi mentionné que Desjardins s’est associé au gouvernement du Québec pour faciliter le financement de la construction de 1500 logements abordables d’ici 2030.

Mais il s’est empressé d’ajouter qu’« il en faut plus, beaucoup plus. Pour être en mesure de loger tous nos citoyens, il faut qu’on soit tous plus audacieux ».

Pour le moment, « on tourne encore autour du pot », a déploré M. Cormier, alors qu’il faudrait « un passage rapide à l’action pour augmenter les mises en chantier et raccourcir les délais de livraison ».

À son avis, « les solutions pour favoriser la relance de la construction résidentielle sont connues ». Il a mentionné la « réduction des délais d’approbation et des exigences coûteuses » sur les projets, ainsi que la « simplification de la réglementation » et la « révision de tout le processus de zonage et d’approbation » touchant la construction de logements.

Mais pour implanter ces solutions, le président et chef de la direction du Mouvement Desjardins considère qu’il est devenu « incontournable que tous les partenaires de l’écosystème de l’habitation se réunissent pour établir un plan de match clair ».