(Ottawa) Elle se présente encore à certains comme « la fille de l’Est de Montréal ». Maintenant qu’elle détient une place à la table du Cabinet au sein du gouvernement Trudeau, la ministre Soraya Martinez Ferrada entend déployer les efforts qui s’imposent, avec Québec et Montréal, pour dynamiser ce secteur de la métropole.

Des projets structurants, des idées, des ambitions, il en sera question lundi à l’occasion du Sommet de l’Est qui aura lieu au Stade olympique et qui devrait réunir quelque 600 participants, assure la ministre du Tourisme, qui est aussi responsable de l’Agence de développement économique du Canada pour les régions du Québec.

Ce sommet est organisé par la Chambre de commerce de l’Est de Montréal. Mais c’est aussi l’aboutissement d’une promesse qu’avait faite la députée d’Hochelaga durant la campagne électorale de 2019.

« Je m’étais engagée à faire un sommet socio-économique parce que Montréal et Québec avaient signé la déclaration pour l’Est en 2018. Mais le gouvernement fédéral n’y était pas. Je voulais organiser un sommet de l’Est qui rassemblerait tous les acteurs des trois paliers de gouvernement, le secteur privé, le milieu communautaire », a-t-elle expliqué.

Ça sera un moment où tous les grands esprits se rencontrent pour se mobiliser.

Soraya Martinez Ferrada

Des sommets, qu’est-ce que ça donne ? Ils peuvent mener à de grandes réalisations, assure la ministre, citant le sommet sur la culture qui avait été organisé en 2008. Ce grand rassemblement où l’on a brassé des idées a conduit à des investissements de quelque 140 millions de dollars pour le Quartier des spectacles.

« Ce sommet a mené au Quartier des spectacles que l’on connaît aujourd’hui. C’est un gros legs pour Montréal. À l’époque, l’objectif était de créer une mobilisation pour la culture à Montréal. Aujourd’hui, après presque 15 ans, on voit ce que cela a donné. Je veux qu’on arrive à faire la même chose pour l’Est de Montréal », a-t-elle avancé.

Dans le budget de 2021, la ministre des Finances, Chrystia Freeland, a d’ailleurs indiqué qu’Ottawa était prêt à sortir le chéquier pour financer des projets de développement dans l’Est de Montréal.

« L’Est de Montréal a une longue histoire d’activité industrielle, et des travaux sont en cours en vue de revitaliser le secteur pour l’économie de demain. Ce secteur a le potentiel de devenir une plaque tournante pour la recherche novatrice et pour les entreprises en démarrage et celles en expansion », affirmait-on dans le budget fédéral de 2021.

« Le gouvernement demeure favorable à de nouvelles approches visant à favoriser l’innovation, à aider les entreprises à se développer et à créer de nouveaux emplois, et il étudiera comment il pourrait s’associer pour mieux soutenir les possibilités de développement offertes aux Canadiens de toutes les régions, dont l’Est de Montréal », y ajoutait-on.

Si ce passage s’est retrouvé dans le budget, c’est parce que la députée d’Hochelaga a multiplié les pressions sur Mme Freeland.

Un premier investissement

En prévision de ce sommet, un premier investissement a d’ailleurs été annoncé vendredi : Ottawa offre près de 8 millions de dollars pour la protection d’espaces verts et pour l’acquisition de terrains, au besoin, par la Ville de Montréal, dans le secteur Assomption-Sud–Longue-Pointe, situé dans l’arrondissement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve.

Dans l’entrevue accordée à La Presse, Soraya Martinez Ferrada enfile une suite d’affirmations passionnées au sujet de l’importance que tous les gouvernements doivent accorder au développement de l’Est, qui a historiquement été un quartier ouvrier.

« L’Est de Montréal, on l’oublie, mais cela représente 10 % de la population de l’ensemble du Québec. Ça a été l’un des territoires qui ont le plus contribué à l’économie du Québec. On y trouvait la carrière Miron, la carrière Francon, les raffineries de Shell, tout le manufacturier était là. L’Est de Montréal, ça a été le quartier des travailleurs.

« On a toujours eu cette perception que c’était gris et pollué. J’ai habité à côté de la carrière Miron. On y voyait des camions et des mouettes. Mais l’Est a aussi commencé à se transformer avec la TOHU, la Cité des arts du cirque et la fermeture de la carrière Miron », a dit la ministre.

Selon elle, le potentiel de développement est énorme.

Actuellement, dans l’Est de Montréal, il y a au-delà de 40 millions de pieds carrés de terrain à développer. C’est immense. Et c’est sur l’île de Montréal. Donc, c’est sûr que le potentiel est immense.

Soraya Martinez Ferrada

« Je suis une réfugiée politique [du Chili] qui est arrivée dans l’Est de Montréal avec une mère monoparentale. Mes grands-parents étaient des gens très instruits, mais une fois rendus ici, comme immigrants, ils ont occupé d’autres sortes d’emplois. Ma mère a été couturière pendant des années. Ma grand-mère a fait du ménage la nuit dans un magasin du centre-ville. Mon grand-père était chimiste, mais il a travaillé comme boucher. On a toujours vécu dans l’Est. Je suis une fille de l’Est de Montréal.

« Pour moi, l’Est a donné beaucoup au Québec et à son économie. Le port de Montréal est dans l’Est. Je me suis toujours dit qu’il fallait trouver une façon de travailler ensemble, tous les paliers de gouvernement, pour donner à l’Est de Montréal ce que l’Est de Montréal a donné au Québec. »