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Le groupe Metro appartient-il à des Québécois ? – Sylvie Allard

Bien que les membres du conseil d’administration de la société ne soient pas tous d’ici – certains viennent de l’Ontario ou des États-Unis –, Metro est bel et bien une entreprise québécoise, estiment les experts interrogés par La Presse.

Et parmi les cinq grands acteurs dans le domaine de l’épicerie (Metro, IGA, Loblaw (Maxi, Provigo), Costco et Walmart), l’entreprise est la seule à avoir son siège social au Québec. Les grandes décisions se prennent donc ici, indique Pascal Thériault, agronome et économiste de l’Université McGill.

L’adresse des sièges sociaux des plus proches concurrents de Metro se situe en effet à l’extérieur de la province. Celui d’Empire, propriétaire d’IGA, est en Nouvelle-Écosse, Loblaw a élu domicile en Ontario, alors que Costco et Walmart, bien qu’ils aient des antennes au pays, sont des détaillants américains.

L’entreprise a été fondée au Québec. Et les acquisitions qu’elle a faites ont surtout été des acquisitions québécoises : Steinberg, Première Moisson, Jean Coutu, Adonis… L’expansion de Metro s’est faite par le Québec.

Pascal Thériault, agronome et économiste de l’Université McGill

« On peut penser que les investissements qui sont associés au siège social, les salaires de la haute direction et tout ça, seront dépensés au Québec », ajoute pour sa part Maurice Doyon, professeur au département d’économie agroalimentaire et des sciences de la consommation de l’Université Laval.

Pour la petite histoire, Metro est née en 1947 d’une association de quelques épiciers désireux d’avoir un meilleur pouvoir d’achat. Elle deviendra une société cotée en Bourse en 1986. Au fil des années, Metro fera notamment l’acquisition de La Ferme Carnaval – Super C (1987), Steinberg (1992), Supermarchés GP (2009), Marché Adonis (2011), Première Moisson (2014) et Groupe Jean Coutu (2018).

Une différence à l’épicerie ?

Par ailleurs, pour les consommateurs, y a-t-il une réelle différence à faire ses emplettes chez Metro ou ailleurs ? « De moins en moins, répond Pascal Thériault. Les enseignes se chicanent toutes pour notre dollar alimentaire. Les consommateurs québécois sont sensibles aux produits d’ici. Et maintenant même les chaînes au rabais offrent beaucoup de produits d’ici. Donc, cette différence-là se voit de moins en moins. »

Il souligne que Metro n’a pas l’apanage des produits québécois. « Par exemple, la sélection de produits Bœuf Québec est beaucoup plus grande si on va du côté de chez Loblaw [Provigo, Maxi] que si on va du côté de Metro », remarque M. Thériault.

Il ajoute dans la foulée que les consommateurs ont l’impression d’encourager une entreprise québécoise lorsqu’ils ont affaire à un franchisé, souvent impliqué dans sa communauté, peu importe l’enseigne.

« Les propriétaires de magasins Metro et IGA, on les voit sur le plancher, on parle avec eux, ils nous demandent comment ça va. C’est un contact qu’on n’a pas dans les épiceries corporatives [comme Maxi]. »

Bien qu’il y ait d’autres plus petits acteurs d’ici dans l’univers des épiceries, comme Avril ou Mayrand, y aurait-il de la place pour une autre grande enseigne québécoise ? Les experts consultés en doutent. « J’ai l’impression que ça serait quand même difficile, répond Maurice Doyon. Nous avons un grand territoire, la population est dispersée. Il y a beaucoup de coûts fixes. L’avenir est difficile pour les épiciers généralistes », conclut-il.

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