Pas facile de trouver un lanceur de satellites. Après le naufrage de Virgin Orbit au printemps dernier, la solution de rechange trouvée par NorthStar Ciel & Terre accuse du retard. Ce nouveau délai contraint la jeune pousse montréalaise à solliciter ses actionnaires, dont le bras financier de l’État québécois, qui lui a déjà consenti 25 millions à ce jour.

« Nous sommes dans une ronde [de financement] interne », confirme le président-directeur général et fondateur de NorthStar, Stewart Bain, dans un entretien téléphonique avec La Presse. « Pour finaliser certaines choses d’ici la fin de l’année et à cause de certains autres éléments, nous avons besoin d’un peu de financement. »

Aux côtés d’Investissement Québec (IQ), les autres actionnaires, soit l’homme d’affaires Charles Sirois, Rogers et le gouvernement du Luxembourg, sont aussi impliqués dans les discussions, affirme M. Bain. Il s’agit d’une somme de « quelques millions de dollars », ajoute-t-il, en précisant qu’IQ analyse toujours le dossier.

NorthStar ambitionne de déployer une constellation de satellites pour gérer le trafic dans l’espace et de faire de Montréal « la tour de contrôle de l’espace ». Son service se démarque par sa capacité à identifier des objets, même de très petite taille, flottant dans l’environnement spatial. Il permet aux exploitants de satellites d’éviter les collisions dans l’espace.

La société semble chercher des fonds à plus long terme, d’après sa récente modification au registre québécois des lobbyistes. On peut y lire qu’elle aimerait voir le bras financier de l’État québécois contribuer à « au plus 6 millions […], soit environ 20 % de la ronde de financement ».

Cela suggère que NorthStar cherche à amasser au total près de 30 millions. M. Bain n’a pas voulu commenter ce dossier.

De la patience

En vertu du partenariat avec Rocket Lab, les premiers satellites de NorthStar devaient se retrouver en orbite vers la fin d’octobre, selon Stewart Bain. Il faudra désormais attendre au moins jusqu’en décembre.

La raison : en septembre dernier, le lancement d’une fusée en Nouvelle-Zélande s’est soldé par un échec à la suite de ce qui a été décrit comme une « anomalie » par Rocket Lab. Elle a été détectée environ deux minutes et demie après le décollage.

Cette entreprise établie à Long Beach n’a toujours pas offert plus d’information sur la nature de l’« anomalie ». Néanmoins, le 25 octobre dernier, la Federal Aviation Administration (FAA) lui a donné le droit de recommencer à effectuer des lancements. Il reste à voir quand cela se produira.

« Tout le monde est d’accord pour dire que ça se passera au mois de décembre, mais la date n’est pas connue, affirme M. Bain. J’ai récemment informé mon conseil d’administration de ces informations. »

Plan B

Initialement, c’est Virgin Orbit – fondée par le milliardaire britannique Richard Branson – qui devait mettre en orbite les trois premiers satellites de NorthStar. L’entreprise montréalaise a cependant dû trouver un plan B le printemps dernier. Incapable de renflouer ses coffres, Virgin Orbit s’est protégée de ses créanciers. L’entreprise avait réussi à déployer 33 satellites en orbite avant de cesser ses activités.

« Ne m’en parlez pas », répond à la blague M. Bain, lorsqu’on lui demande s’il est difficile de trouver un partenaire capable de mettre des satellites en orbite. « C’est vraiment quelque chose. Au moins, Rocket Lab a répondu aux exigences de la FAA pour retourner en vol. »

En tenant compte de sa ronde de financement de 47 millions annoncée en début d’année, NorthStar a récolté 120 millions depuis sa fondation. Ensemble, Québec et Ottawa se sont engagés à mettre 26 millions sur la table jusqu’à présent. Ses satellites sont construits par Spire Global, à Glasgow, en Écosse. Le département américain du Commerce figure parmi les premiers clients de la société dirigée par M. Bain.

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  • 2012
    Année de fondation de NorthStar Ciel & Terre
    source : northstar ciel & terre