La reprise de la navigation sur la Voie maritime du Saint-Laurent a des allures de course contre la montre pour les armateurs. À deux mois de la fin de la saison, ils espèrent que l’hiver tardera à s’installer afin d’inciter le gestionnaire de ce corridor commercial à prolonger ses activités.

« On souhaite que dame Nature soit de notre bord et on croise les doigts, lâche Nicole Trépanier, directrice des relations externes chez Fednav. Cela ramènerait le sourire à plusieurs si l’on pouvait étirer la saison. Il s’agirait d’un geste de collaboration à l’endroit des compagnies maritimes. »

La grève de huit jours des quelque 360 salariés de Corporation de gestion de la Voie maritime du Saint-Laurent (CGVMSL) a empêché les vraquiers, laquiers et autres navires d’emprunter le réseau d’écluses qui se trouve entre Montréal et le lac Érié. Les membres d’Unifor, des ingénieurs, des spécialistes de l’entretien ainsi que des employés de bureau, doivent voter jeudi sur l’entente de principe.

Ce conflit de travail est survenu pendant une période particulièrement occupée de l’année. Elle coïncide, par exemple, avec le moment où l’on garnit les réserves de sel de déglaçage en vue de la saison hivernale.

C’est aussi à ce moment que les céréales récoltées dans l’Ouest sont acheminées vers la côte Est avant d’être exportées à l’international.

« Il y a peut-être des navires qui ne seront pas en mesure d’atteindre leur destination à la fin de l’année, souligne Guillaum Dubreuil, directeur des affaires gouvernementales et externes chez Groupe CSL. Cela risque d’être difficile d’effectuer du rattrapage lorsque la saison s’étend sur une durée fixe. Un début d’hiver plus clément nous procurerait un peu d’oxygène. »

Celui qui est également président du conseil d’administration d’Armateurs du Saint-Laurent estime que l’on aura une meilleure idée du portrait au cours des prochains jours, lorsque les entreprises maritimes auront fait le point avec leurs différents clients.

Grosse flotte à l’arrêt

Le débrayage a empêché plus de 100 navires d’avoir accès à la Voie maritime du Saint-Laurent, selon les estimations fournies par les acteurs du milieu. Chez Fednav, une quinzaine de bateaux, soit quelque 10 % de la flotte totale de l’entreprise, se sont retrouvés bloqués.

En dépit de la reprise des activités au sein des écluses, lundi, il faudra un total d’environ trois jours pour permettre aux écluses de fonctionner à plein régime, estime le vice-président des relations externes à la CGVMSL, Jean Aubry-Morin. Les goulets d’étranglement pourraient mettre jusqu’à sept jours à disparaître.

La fermeture de la Voie maritime du Saint-Laurent

  • 2022 : 1er janvier
  • 2021 : 1er janvier
  • 2020 : 31 décembre
  • 2019 : 31 décembre

Source : Corporation de gestion de la Voie maritime du Saint-Laurent

Bon an, mal an, la section entre Montréal et le lac Ontario se termine vers à la fin décembre. Selon les informations gouvernementales, cela est attribuable à l’accumulation « importante de glaces » qui « empêche un fonctionnement sécuritaire » du système pendant l’hiver.

En évaluation

Interrogé à propos de la possibilité de prolonger les activités sur la Voie maritime, M. Aubry-Morin a répondu que la Corporation ne pouvait prendre cet engagement à ce moment-ci de l’année.

« On se pose la question, mais on ne répondra pas tant que l’on n’aura pas établi le régime de croisière nécessaire », a-t-il expliqué, en rappelant qu’il était impossible d’avoir une idée des conditions météorologiques de décembre. « Le “si” est plus gros que le “oui”. »

Entre-temps, il n’existe pas de solution miracle pour rattraper le temps perdu. Du côté de la Corporation, on déroge de la formule « premier arrivé, premier servi » au profit d’un « ordre de tour » pouvant, par exemple, prioriser des navires pouvant naviguer plus rapidement.

Chez les exploitants de vraquiers et laquiers, il est difficile d’affréter de nouveaux navires à ce stade-ci de l’année, affirme M. Dubreuil.

« Est-ce que l’on pourrait se tourner vers des services externes, comme du remorquage ? Ajouter des équipages supplémentaires ? C’est quelque chose que nous sommes en train d’évaluer. »

L’histoire jusqu’ici

22 octobre : Les quelque 360 syndiqués de la CGVMSL débrayent.

27 octobre : Reprise de la médiation

29 octobre : Une entente de principe est annoncée.

30 octobre : Les activités reprennent sur la Voie maritime.

2 novembre : Vote prévu des syndiqués sur l’entente de principe

En savoir plus
  • 36 millions de tonnes
    Quantité de marchandises qui transitent par la Voie maritime
    Source : Corporation de gestion de la Voie maritime du Saint-Laurent