Tous les vendredis, une personne de la communauté des affaires se dévoile dans notre section. Cette semaine, Mario Plourde, président et chef de la direction de Cascades, répond à nos questions.

Un bon patron, c’est quelqu’un qui…

Un bon patron sait bien s’entourer de gens forts auxquels il fait confiance en leur laissant assez d’espace pour réaliser les mandats ou les projets qui leur sont confiés. Un bon patron, c’est aussi quelqu’un qui sait donner le crédit aux autres dans son entourage professionnel pour les succès atteints. C’est important aussi que cette reconnaissance du patron soit exprimée publiquement devant les collègues de travail des employés concernés, notamment lors d’activités de groupe dans l’entreprise.

Y a-t-il un moment où votre carrière a décollé ?

C’est quand la direction de Cascades m’a confié ma première direction d’usine, un an après m’avoir embauché comme contrôleur financier tout juste après mon diplôme en administration et en finance. À 25 ans, et en début de carrière, ce mandat de direction d’usine a été une véritable révélation. Passer des chiffres à la gestion de l’ensemble des opérations d’une usine, du développement jusqu’à la livraison en passant par le personnel et la rentabilité, ce fut comme entrer dans un magasin de bonbons. Je me suis découvert des aptitudes et des talents qui m’ont beaucoup servi pour progresser dans l’entreprise.

Avez-vous eu un mentor en affaires ?

Je n’ai pas eu de mentor comme tel en début de carrière. Par contre, j’avais des modèles. Il s’agissait des trois frères Lemaire (Bernard, Laurent et Alain) alors qu’ils dirigeaient l’essor de Cascades avec des valeurs d’entreprise différentes, comme la participation des employés au profit et à l’actionnariat de l’entreprise. En rétrospective, j’ai eu la grande chance de « vivre ces valeurs » au quotidien avec les frères Lemaire dès le début de ma carrière chez Cascades. Ce fut très inspirant à l’époque et ça l’est encore à ce jour.

Qui admirez-vous dans le monde des affaires ?

J’admire des gens qui ont fait preuve d’audace et de créativité pour développer des entreprises qui ont fortement bousculé leur secteur d’activité. Par exemple, j’admire Elon Musk pour avoir réussi à bousculer l’industrie automobile avec le développement audacieux du constructeur d’automobiles électriques Tesla. Par ailleurs, j’admire Guy Laliberté [ex-président et cofondateur du Cirque du Soleil] pour avoir révolutionné le secteur du cirque avec une audace et une créativité fantastiques. Enfin, j’admire Alain Bouchard [président du conseil et cofondateur d’Alimentation Couche-Tard] pour son audace à développer une entreprise d’envergure internationale et très performante dans un secteur difficile et à faible marge bénéficiaire.

Que voudriez-vous de plus ou de moins dans votre milieu de travail ?

J’ai besoin de contacts humains dans l’exercice de mes fonctions de président. Par conséquent, je recherche les occasions de « sortir du bureau » pour des visites d’usine et des rencontres d’employés dans leur milieu de travail. En contrepartie, je souhaiterais pouvoir réduire le nombre et la longueur de certaines réunions de gestion. Avec la taille de notre entreprise, on a souvent besoin de longues réunions, notamment lors de la planification budgétaire. N’empêche, ça devient parfois difficile et je souhaiterais pouvoir les remplacer par des réunions écourtées et plus directives.

Que faites-vous quand vous avez besoin de trouver une idée, de prendre une décision ?

J’essaie de m’isoler dans un endroit tranquille, pour me donner le temps de réfléchir et de considérer les différentes options. Mon endroit de prédilection pour ce faire, c’est ma terre à bois située près de Lac-Nicolet [aux confins des régions de l’Estrie et du Centre-du-Québec]. C’est un bel endroit pour s’évader du quotidien et se donner de l’espace créatif, tout en faisant de l’exercice (entretien forestier) en plein air.

Comment faites-vous pour débrancher du travail ?

C’est important de maintenir un bon équilibre entre le travail et la vie personnelle. Pour ma part, je privilégie les activités de loisir et de sport en plein air, avec des amis et avec ma famille [sa conjointe et leurs deux filles dans la trentaine avec leurs conjoints]. Entre autres, j’ai ma terre à bois pour me changer les idées avec des activités d’entretien forestier. Aussi, je fais beaucoup de cyclisme : de longues randonnées sportives avec des amis, mais aussi des randonnées plus familiales avec mes proches. Enfin, nous sommes tous skieurs dans ma famille. Et j’apprécie particulièrement nos week-ends familiaux de ski à notre chalet de Sutton. »

Votre meilleur investissement, à titre personnel ou familial ?

C’est notre chalet familial à Sutton que j’ai fait bâtir en 2004, après plusieurs années de location saisonnière. C’est devenu notre principal havre de paix et de loisirs familiaux, tant pour nos randonnées cyclistes en été que pour nos journées de ski en hiver. En matière d’investissement plus personnel, j’apprécie aussi beaucoup ma terre à bois, d’autant que je la vois s’améliorer au fil des ans avec mes travaux d’entretien forestier.

Votre plus grande réussite sportive ?

Je suis un adepte du cyclisme sportif de longues randonnées, qui totalisent près de 2000 km par saison estivale. Je considère que ma grande réussite sportive est ma participation depuis 17 ans au tour cycliste de la Fondation Charles-Bruneau de recherche en oncologie pédiatrique. Chaque été, début juillet, ce tour [un millier de cyclistes répartis en une soixantaine d’équipes] nous fait parcourir de 150 à 170 kilomètres par jour pendant quatre jours consécutifs, sur des trajets interrégionaux assez difficiles. En plus d’être une réussite sportive, c’est aussi l’un de mes plus beaux moments de l’année de randonnée cycliste avec des gens de cœur.

Quelle serait votre retraite idéale ?

Je n’ai pas d’intention de retraite dans un avenir prévisible. N’empêche, lorsqu’elle surviendra, j’aimerais avoir une retraite en santé et active. Sur le plan professionnel, si on me le demande, je pourrais faire partie de conseils d’administration d’entreprises. Aussi, je serais intéressé par des activités de mentorat auprès de jeunes gens d’affaires. Sur le plan personnel, je voudrais pouvoir réaliser en début de retraite un projet de petite érablière sur ma terre à bois.

Qui est Mario Plourde ?

Mario Plourde, 61 ans, est président et chef de la direction de Cascades depuis 2013. Il a alors succédé à Alain Lemaire, qui a codirigé l’entreprise fondée par son père en 1964 à Kingsey Falls, localité située entre Drummondville et Victoriaville.

Aujourd’hui, Cascades est une entreprise de produits papetiers d’emballage et d’hygiène qui fait 4,5 milliards en chiffre d’affaires et emploie 10 000 personnes dans 75 lieux d’activités industrielles ou commerciales en Amérique du Nord.

Mario Plourde a été embauché chez Cascades en 1985 comme contrôleur financier, peu après l’obtention d’un diplôme de l’Université du Québec à Montréal. Il a ensuite rapidement gravi les échelons de la direction d’usine jusqu’à son accession à la haute direction de Cascades en 2000, en tant que président de la division des Produits spécialisés.

En 2011, Mario Plourde a été promu chef de l’exploitation de l’ensemble de l’entreprise. Deux ans plus tard, en 2013, il a pris la relève d’Alain Lemaire au poste de président et chef de la direction.