On pouvait se douter que la rareté de l’électricité finirait par coûter des investissements privés. On en a maintenant la certitude.

L’exploitant de centres de données Vantage Canada doit renoncer à son expansion dans la province, faute de courant. Les investissements prévus de 1,6 milliard se feront ailleurs au Canada, a confirmé la société mardi.

« On n’est plus en mesure d’avoir l’électricité souhaitée pour construire nos centres de données. Il a fallu décider du sort de nos propriétés qu’on est incapable de développer », explique Maxime Guévin, vice-président et directeur général de Vantage Data Centers Canada, dans un entretien avec La Presse.

Québec a longtemps fait les yeux doux aux exploitants de centres de données au moment où Hydro-Québec composait avec des surplus d’électricité. La province dispose de trois atouts : le froid pour rafraîchir les serveurs, les bas tarifs d’électricité et de l’énergie propre. En 2022, on dénombrait 54 centres sur le territoire québécois. L’essor de l’industrie paraît aujourd’hui compromis.

À Baie-d’Urfé, Vantage a vendu dans les derniers mois deux bâtiments côte à côte qu’elle détenait depuis 2021. Il s’agit du 21 500, route Transcanadienne et du 21 525, rue Clark-Graham. Elle obtient 30,6 millions pour ce qu’elle avait payé à l’époque 26,2 millions.

En février 2019, l’américaine avait acquis un terrain d’un million de pieds carrés rue Marie-Victorin, à Saint-Bruno-de-Montarville, à plus de 12 $ le pied carré. « Ça ne regarde pas très bien pour le moment. Il y a de très fortes chances qu’on vende le site dans un avenir rapproché », signale M. Guévin.

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Maxime Guévin, vice-président principal et directeur général de Vantage Canada

À noter que les sociétés QScale et Cologix ont annoncé dans le passé un projet de centre de données à Saint-Bruno-de-Montarville.

« On est déçu de ne pas déployer tout ce qu’on voulait déployer, dit M. Guévin. Le site de Baie-d’Urfé est un projet de 400 millions avec de 75 à 100 emplois directs et indirects. Pour Saint-Bruno, c’est un projet de 1,2 milliard et 200 emplois. C’est quand même 1,6 milliard qu’on s’apprêtait à investir dans un horizon de 7 à 8 ans. »

Les 1,6 milliard de dollars vont être investis ailleurs au Canada. Mon rôle est de faire grandir la division canadienne de Vantage. On a les sous pour investir et on veut continuer à développer.

Maxime Guévin, vice-président principal et directeur général de Vantage Canada

« D’un autre côté, on comprend la situation. On a de bonnes relations avec Hydro-Québec. On agit en bon citoyen corporatif en période de pénurie d’électricité. On respecte le choix du gouvernement de ne plus pouvoir prioriser notre industrie », ajoute M. Guévin.

Vantage dispose de quatre campus en exploitation au Québec, trois dans la région montréalaise et un à Québec. « La bonne nouvelle pour nous, c’est que pour nos quatre sites existants, on a l’électricité requise pour les mener à terme. »

Vantage, de Denver, au Colorado, est arrivée au Québec en janvier 2019 quand elle a acheté la division de centres de données de Vidéotron 4 Degrés. En quatre ans, elle a investi 1,7 milliard au Québec.