(Ottawa) Les Producteurs laitiers du Canada recommandent que le prochain ajustement du prix du lait à la ferme soit reporté en raison de l’inflation alimentaire continue et des pressions exercées sur l’industrie alimentaire pour qu’elle stabilise ses prix.

Dans une déclaration publiée vendredi sur son site web, le président des Producteurs laitiers du Canada, David Wiens, a annoncé que l’organisation recommandait à la Commission canadienne du lait de reporter tout ajustement des prix du lait jusqu’à nouvel ordre.

« Les producteurs laitiers et leurs familles sont également des consommateurs et subissent le coût élevé des aliments des derniers mois », a affirmé M. Wiens dans le communiqué.

Cette recommandation intervient après que la Fédération canadienne des épiciers indépendants a appelé, la semaine dernière, à une pause dans toute nouvelle augmentation des prix du lait.

La Commission canadienne du lait (CCL) examine, chaque automne, le prix payé aux producteurs laitiers pour leur lait et annonce si ce prix augmentera ou diminuera en février suivant. Cette année, les calculs de la société d’État ont déterminé que les prix pourraient augmenter de 1,77 % en février.

Toutefois, si une ou plusieurs parties prenantes invoquent le « mécanisme des circonstances exceptionnelles », comme l’ont fait les épiciers indépendants, l’ajustement des prix sera plutôt fixé par voie de consultations.

La Fédération canadienne des épiciers indépendants a été la seule partie prenante à invoquer ce mécanisme, a indiqué dans un courriel le porte-parole de la CCL, Philippe Charlebois.

« Ainsi, l’application de la formule nationale d’établissement des prix est suspendue et la CCL organisera des consultations avec les parties prenantes pour déterminer tout ajustement des prix à la ferme », a-t-il expliqué, ajoutant que les résultats seraient communiqués au plus tard le 1er novembre.

Le vice-président principal de la Fédération, Gary Sands, a écrit dans sa lettre à la Commission invoquant le mécanisme que l’industrie alimentaire se trouvait dans une situation exceptionnelle cette année.

L’industrie alimentaire, en particulier les grandes chaînes du pays, est actuellement sous pression pour maintenir la stabilité des prix. Le ministre de l’Industrie, François-Philippe Champagne, a récemment annoncé que les principaux épiciers s’étaient engagés à offrir des rabais, des gels de prix et des prix alignés après qu’il les a appelés à élaborer des plans pour stabiliser les prix.

Dans une entrevue réalisée lundi, M. Sands a salué l’appel des Producteurs laitiers du Canada à un report de la hausse.

« Je pense qu’ils ont bien évalué la situation, a-t-il affirmé. Les choses sont très difficiles pour les Canadiens en ce moment, et ce n’est pas un moment approprié pour ce genre d’augmentation. »

Alors que les producteurs laitiers soutiennent le report d’un ajustement des prix, « je ne vois pas comment la Commission, franchement, pourrait recommander autre chose qu’une pause », a estimé M. Sands.

L’année dernière, la CCL a approuvé une rare deuxième augmentation du prix du lait à la ferme, invoquant la hausse des coûts pour les agriculteurs, dans un contexte de forte inflation.

L’augmentation de 2,5 % de septembre 2022 est intervenue après que le prix du lait à la ferme a augmenté de 8,4 % en février de la même année.

Dans la déclaration des Producteurs laitiers du Canada, M. Wiens a noté que le prix que les consommateurs payaient pour les produits laitiers était, en fin de compte, déterminé par d’autres acteurs de la chaîne d’approvisionnement.

« Nous espérons que notre décision incitera ces autres acteurs à maintenir le prix des produits laitiers à leur niveau actuel », a-t-il affirmé.