(New York) La défense de Sam Bankman-Fried a été encore un peu plus affaiblie, mercredi, par le témoignage de son ancienne petite amie et salariée, qui a dépeint l’ancienne superstar des cryptomonnaies comme l’initiateur des dérives qui ont mené à la perte de sa plateforme FTX.

Après l’avoir déjà accablé, mardi, Caroline Ellison a livré de nouveaux détails sur la gestion de « SBF », qui présentent le jeune entrepreneur comme impliqué dans toutes les décisions majeures et très au fait de la situation financière de ses sociétés.

Sam Bankman-Fried était actionnaire principal de la plateforme d’échanges de cryptomonnaies FTX et d’une société d’investissement, Alameda Research.

En 2021, il a confié les rênes de cette dernière à Caroline Ellison, mais a continué à rendre des arbitrages réguliers sur la conduite des activités d’Alameda et à s’informer sur son état de santé, selon plusieurs témoins, alors que l’accusé affirme avoir pris ses distances.

Cofondé en 2019 par Sam Bankman-Fried, FTX a déposé le bilan en novembre 2022 après que de nombreux clients ont appris que leurs fonds avaient été utilisés, à leur insu, par Alameda pour financer diverses activités, à haut risque pour la plupart, et ont demandé à récupérer leur mise.

Alameda a retiré jusqu’à environ 14 milliards de dollars de comptes de clients FTX, sans leur autorisation et sans les en informer, quelque huit milliards manquant à l’appel au moment du dépôt de bilan.

Selon Caroline Ellison, en juin 2022, alors que le secteur des cryptomonnaies traversait de fortes turbulences, Sam Bankman-Fried lui a demandé de rembourser, en se servant dans les comptes de clients FTX, des milliards de dollars de prêts obtenus par Alameda auprès de créanciers du secteur des monnaies numériques.

PHOTO BRENDAN MCDERMID, REUTERS

Après l’avoir déjà accablé, mardi, Caroline Ellison a livré de nouveaux détails sur la gestion de « SBF », qui présentent le jeune entrepreneur comme impliqué dans toutes les décisions majeures et très au fait de la situation financière de ses sociétés.

L’ancienne dirigeante d’Alameda a assuré avoir émis des réserves auprès de « SBF », qui n’en a pas tenu compte. « Je m’inquiétais en permanence du fait que les gens allaient apprendre la vérité et que les clients allaient retirer trop d’argent en même temps », provoquant la chute de la plateforme, a-t-elle déclaré devant le tribunal fédéral de Manhattan.

La jeune femme, devenue dirigeante à 27 ans seulement, a aussi affirmé que l’accusé lui avait demandé d’établir de faux bilans, à présenter aux créanciers d’Alameda pour leur cacher la situation réelle de la société d’investissement.

À cette époque, Caroline Ellison dit s’être inquiétée auprès de Sam Bankman-Fried que certaines décisions soient contraires à la loi.

L’intéressé lui a répondu qu’il était utilitariste, une doctrine qui évalue les actions de chacun par rapport à sa capacité à augmenter le bien-être collectif.

Il « essayait d’agir pour le bien commun », a expliqué la témoin, et « il a dit qu’il ne pensait pas que le questionnement sur le mensonge ou le vol était pertinent dans ce contexte ».