On peut avoir tendance à culpabiliser si on n’a pas économisé en vue de sa retraite. Mais parfois, on peut tout de même s’en sortir très bien.

La situation

Marc*, 60 ans, est célibataire et gagne 90 000 $ par année comme gestionnaire d’entreprise. Or, « pour différentes raisons aussi mauvaises les unes que les autres, je n’ai pas un cent d’amassé pour la retraite », confie-t-il. Toutefois, il n’a pas de dette. Et il aime travailler, donc prévoit continuer au moins jusqu’à 65 ans.

Marc possède aussi un condo d’une valeur de 320 000 $. Il compte augmenter ses paiements à l’automne pour finir de le payer dans un an et demi. Par la suite, il estime pouvoir mettre de côté environ 40 000 $ par année en raison de son train de vie modeste. À la retraite, une fois son condo payé, il évalue pouvoir vivre avec 1500 $ par mois, parfois même 1000 $. S’il rencontre l’âme sœur, il pourrait aller vivre chez elle et louer son condo pour environ 1300 $ par mois afin d’en faire un revenu. Marc se demande maintenant combien accumuler et comment.

Les chiffres

Marc, 60 ans

Salaire annuel : 90 000 $

Régime des rentes du Québec (RRQ) : environ 1000 $ mensuellement à 65 ans

Valeur du condo : 320 000 $, qui sera complètement payé dans un an et demi

Versement hypothécaire : 2500 $, et 3000 $ à partir de l’automne

Taux d’intérêt annuel : 3,45 %

Charges de copropriété et taxes annuelles : 5000 $

Héritage prévu d’ici deux ans : 150 000 $

Dépenses mensuelles prévues à la retraite : 1500 $, parfois 1000 $

Bien évaluer ses dépenses

Alors qu’il soutient qu’il est important de s’occuper de ses actifs le plus tôt possible, il est un peu tard, à 60 ans, pour commencer à le faire, considère Hadi Ajab, planificateur financier indépendant et représentant en épargne collective rattaché à Services en placements PEAK. « Mais, ce qui sauve Marc, évalue-t-il, c’est qu’il a un bon salaire et un train de vie très sobre. »

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

Hadi Ajab, planificateur financier indépendant et représentant en épargne collective rattaché à Services en placements PEAK

Il lui conseille toutefois de faire un budget détaillé. « Est-ce qu’il a vraiment besoin de 1000 $, ou de 1500 $, ou plus certains mois ? Il doit évaluer son train de vie de façon réaliste, en s’assurant de pouvoir s’offrir une belle qualité de vie. Parce que sous-estimer ses dépenses de 500 $ par mois fait une grosse différence dans sa planification financière. »

Prévoir ses pensions gouvernementales

Bien évaluer son train de vie est aussi capital pour Marc parce que s’il a vu juste, donc qu’il dépensera réellement seulement 1500 $ maximum par mois à la retraite, il a de bonnes chances de ne pas avoir à s’en faire avec l’épargne. Parce que lorsqu’on regarde ses revenus disponibles à la retraite, en ce moment, il n’y a que sa rente du Régime des rentes du Québec (RRQ) et sa pension de la Sécurité de la vieillesse (PSV).

« Donc, s’il n’a toujours pas de conjointe fiscale, qu’il prend sa retraite à 65 ans et qu’il reporte sa pension du RRQ, il aurait seulement sa PSV de 698,60 $, évalue Hadi Ajab. Ce montant n’est pas considéré dans le calcul du Supplément de revenu garanti (SRG) qui, lui, donnerait 1043,45 $. Avec 1742 $ par mois, il pourrait très bien vivre. »

Puis, pour chaque année qu’il retarderait sa pension du RRQ entre 65 et 72 ans, elle serait bonifiée jusqu’à 8,40 %. « Donc, s’il attend à 72 ans pour la demander, elle serait bonifiée jusqu’à 58,80 %, précise le planificateur financier. Comme la rente du RRQ est un revenu imposable, il perdra la majorité du SRG lorsqu’il la recevra, mais il serait correct avec ces revenus. »

Constituer un fonds d’urgence

Même si Marc n’a finalement pas, a priori, à s’en faire pour sa retraite, il a tout de même avantage à économiser pour avoir une paix d’esprit et aussi pouvoir se payer de petits luxes. Hadi Ajab a aussi tout de suite remarqué que tous les actifs de Marc sont immobilisés : ils sont dans son condo. Le planificateur financier lui conseille donc d’abord de constituer un fonds d’urgence de trois ou quatre mois, donc d’environ 15 000 $. Il pourrait placer cette somme dans un compte d’épargne libre d’impôt (CELI). Pour aller plus rapidement, il suggère à Marc de reconsidérer sa décision d’augmenter le paiement de son prêt hypothécaire.

« Il paye déjà un bon montant pour son hypothèque à un taux relativement bas et il lui reste très peu à rembourser, indique-t-il. Il aura terminé de la payer avant de prendre sa retraite. N’ayant aucun placement, il serait judicieux de commencer tout de suite à investir ces 500 $ par mois. »

Économiser dans le CELI

Une fois que le fonds d’urgence de Marc sera bien garni, il pourra continuer à économiser dans un CELI qu’il consacrera à sa retraite. « Ainsi, lorsqu’il retirera des sommes, son SRG ne sera pas affecté, contrairement à s’il retirait des sommes d’un régime enregistré d’épargne-retraite (REER) qui seraient des revenus imposables », indique Hadi Ajab.

Il faut aussi penser à son héritage d’environ 150 000 $, qui n’est pas imposable, qu’il recevra prochainement. « Rapidement, donc, son CELI sera maximisé, remarque le planificateur financier. Il devra alors se tourner vers des placements non enregistrés avantageux fiscalement qui n’affecteront pas beaucoup son SRG. »

Oublier les revenus du condo

Comme Marc n’a pas d’autre résidence que son condo, Hadi Ajab souhaite calmer ses ardeurs par rapport aux revenus qu’il pourrait tirer de la location de celui-ci. « D’abord, c’est une question hypothétique, mais disons qu’il irait un jour habiter chez sa conjointe, il devra lui payer un loyer ou, du moins, une partie de ses factures, explique-t-il. Puis, si jamais il commence à avoir un revenu locatif, il doit considérer qu’il sera imposable, et donc qu’il aura un impact sur son SRG. Donc ce n’est pas sûr qu’il aura, au final, de réels gains de cette location. »

De plus, avoir une conjointe fiscale viendrait grandement changer la situation de Marc. « Le gouvernement regarderait dorénavant les revenus du couple pour déterminer s’il est admissible au SRG, précise-t-il. Si Marc n’est soudainement plus admissible au SRG, il pourrait demander sa rente du RRQ plus tôt. Dans un tel scénario, le REER pourrait être intéressant d’ici sa retraite. Marc doit donc avoir une bonne planification financière en vue de sa retraite et la revoir advenant un changement dans sa situation personnelle. »

* Bien que le cas mis en lumière dans cette rubrique soit réel, les prénoms utilisés sont fictifs.

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