Cogeco Communications a fait un discret premier pas dans la téléphonie mobile à Sept-Îles pour répondre aux conditions du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC), mais la direction se montre avare de détails sur sa stratégie tant qu’elle n’aura pas conclu une entente avec une grande société de télécoms pour accéder à son réseau.

« Nous avons un réseau mobile à Sept-Îles qui offre des services aux consommateurs, confirme le président et chef de la direction, Philippe Jetté, lors d’une téléconférence visant à discuter de ses résultats trimestriels. C’est pour cette raison que nous avons commencé à négocier, car nous respectons les critères (du CRTC). »

Cogeco devait offrir un service mobile pour profiter du nouveau cadre réglementaire du CRTC qui oblige les grandes sociétés de télécommunications à louer l’accès à leur réseau à d’autres fournisseurs.

Le service est offert « depuis peu » par l’entremise de la marque Internexe, issue d’une acquisition réalisée en 2020, précise la chef des affaires publiques de l’entreprise, Marie-Hélène Labrie. « Ce service représente nos premiers pas en matière de services mobiles qui seront appelés à progressivement se développer. »

La négociation entre Cogeco et les grands réseaux de télécoms demeure une étape déterminante au succès d’une éventuelle percée plus importante dans le sans-fil, selon M. Jetté. Questionné par les analystes, le dirigeant n’a pas voulu donner plus de détails sur la stratégie tant qu’une entente ne sera pas trouvée. En janvier, le PDG avait évoqué un lancement d’ici la fin de l’année.

Le CRTC a donné jusqu’au 7 août aux parties pour trouver une entente, sinon le tribunal « envisagera d’utiliser tous les outils à sa disposition pour assurer la conformité à son cadre », selon l’ordonnance publiée en mai.

D’ici là, Cogeco garde ses cartes dans son jeu. « Plus d’informations à venir au prochain trimestre », lance M. Jetté.

Cogeco envisage depuis près de cinq ans la possibilité d’entrer dans le marché de la téléphonie mobile, mais la direction a toujours maintenu que sa décision dépendrait du cadre réglementaire lui permettant de louer l’accès au réseau des grandes sociétés de télécommunications canadiennes, soit Bell, Telus et Rogers.

Peu importe ce qu’elle ferait dans le sans-fil, l’entreprise estime que la câblodistribution a toujours un potentiel de croissance. « La câblodistribution peut toujours continuer à croître de manière indépendante », assure M. Jetté.

L’entreprise a également investi près de 60 millions pour acquérir du spectre au Québec au cours du troisième trimestre, clos le 31 mai. « Nous sommes passés de 91 % à 95 % de couverture sans-fil sur notre réseau [de câblodistribution] », souligne M. Jetté.

Difficultés aux États-Unis

Cogeco a dévoilé des résultats financiers supérieurs aux attentes des analystes, la veille après la fermeture des marchés, mais les activités de l’entreprise aux États-Unis continuent d’affronter des vents de face.

Au troisième trimestre clos le 31 mai, la société a perdu 6734 abonnés aux États-Unis, dont 4053 en Ohio. Les difficultés en Ohio, où l’entreprise intègre son acquisition WideOpen West, étaient attendues, mais l’analyste Maher Yaghi, de Banque Scotia, est déçu de voir que le chiffre est négatif dans les autres régions américaines également, « car la direction laissait entrevoir un chiffre positif lors du dévoilement des précédents résultats ».

Le chef des finances, Patrice Ouimet, a précisé que les chiffres sont volatils d’un trimestre à l’autre pour les abonnés hors de l’Ohio, laissant entendre qu’il ne fallait pas accorder trop d’importance à un seul trimestre.

La concurrence est vigoureuse au sud de la frontière, constate l’analyste.

Les câblodistributeurs comme Comcast continuent de concurrencer vigoureusement les plus petits fournisseurs afin de compenser un marché plus faible et un environnement concurrentiel plus intense.

Maher Yaghi, analyste de Banque Scotia

Pour l’ensemble de ses activités, la société enregistre un bénéfice net en baisse de 3,7 % à 101,5 millions. Le bénéfice ajusté dilué par action est de 2,34 $. Les revenus, pour leur part, ont augmenté de 1,9 % à 742 millions.

Avant la publication des résultats, les analystes anticipaient un bénéfice par action de 1,99 $ et des revenus de 741 millions, selon la firme de données financières Refinitiv.

L’action recule de 78 cents, ou 1,13 %, à 68,43 $ à la fermeture de la séance de la Bourse de Toronto.