(Paris) La Commission européenne a validé vendredi le principe de détruire des stocks de vins rouges et rosés en excédent dans ses pays membres, dont la France et l’Espagne, et d’indemniser les producteurs qui font face à une crise de marché.

« Dans le cadre des programmes nationaux d’aide au secteur vitivinicole, les États membres pourront désormais recourir à la distillation de crise pour éliminer l’excédent de vin du marché », a-t-elle indiqué dans un communiqué.

Attendue par les vignerons depuis plusieurs mois, cette mesure exceptionnelle doit leur permettre de transformer les volumes excédentaires en alcool pur qui servira dans l’industrie (parfum, gel hydroalcoolique…).

Les États membres devront « cibler » les régions ou les types de vin les plus affectés par le déséquilibre entre l’offre et la demande. En France, il s’agira principalement des vins du Bordelais. Ce territoire a également mis en place un programme d’arrachage des vignes excédentaires.

« Le vin distillé est retiré du marché et l’alcool obtenu ne peut être utilisé qu’à des fins non alimentaires pour éviter toute distorsion de concurrence », précise la Commission.

« Il était nécessaire d’adopter des mesures de marché temporaires pour éviter que les vins invendus ne pèsent sur l’ensemble du marché intérieur et n’empêchent les producteurs de trouver des capacités de stockage suffisantes pour la nouvelle récolte », justifie-t-elle.

Le secteur viticole connaît une baisse de consommation de ses produits, accentuée par l’effritement du pouvoir d’achat – en période d’inflation, les consommateurs font des arbitrages au détriment du rayon vins.  

Les vins rouges et rosés sont particulièrement concernés.

Les difficultés à écouler les stocks pendant la pandémie de COVID-19 puis l’abondante vendange 2022 ont, en parallèle, rempli les chais, et entraîné une chute des prix pour les producteurs.

« La baisse de la consommation de vin pour la campagne en cours est estimée à 7 % en Italie, 10 % en Espagne, 15 % en France, 22 % en Allemagne et 34 % au Portugal », selon la Commission.

Le montant global que l’UE est prête à débourser pour indemniser les producteurs n’est pas précisé. Les pays membres de l’UE complètent généralement ses aides.

La France, qui a déjà procédé à une distillation de crise pendant la pandémie, prévoit de dépenser jusqu’à 160 millions d’euros – pour moitié sur crédits nationaux, pour moitié sur fonds européens – pour détruire les excédents viticoles.