La Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) avait encore pour 200 millions de dollars d’actions à liquider à la fin de 2022 afin de définitivement sortir du secteur pétrolier — un engagement qu’elle a pris il y a plus de deux ans. Il y a également une dizaine d’entreprises suivies par le bas de laine des Québécois parce qu’elles ne paient pas suffisamment d’impôts.

Ces renseignements sont tirés du Rapport d’investissement durable 2022, qui sera diffusé ce lundi. La Presse a pu consulter le document. Initialement, la CDPQ prévoyait en avoir fini avec l’or noir à la fin de la dernière année.

« Notre sortie du secteur est essentiellement terminée, fait valoir l’institution, dans le document d’environ 110 pages. Il ne nous reste qu’un seul titre, dont nous nous départirons dans le courant de 2023. »

Le gestionnaire québécois de régimes de retraite et d’assurance publics et parapublics, dont l’actif net s’établissait à 402 milliards au 31 décembre dernier, n’a pas nommé l’entreprise dont les actions n’ont pas encore été vendues. Dans un courriel, la Caisse affirme qu’il s’agit d’un placement privé, qui prend donc plus de temps à liquider comparativement à des actions sur les marchés boursiers, souligne-t-elle. Depuis septembre 2021 — lorsqu’elle a officiellement annoncé son intention de sortir du pétrole —, la Caisse a liquidé ses participations dans des géants comme Total, Exxon, Canadian Natural Resources et Suncor, notamment.

Du côté du gaz naturel, la CDPQ offre moins de détails. Elle ne chiffre pas la valeur de ses investissements dans ce secteur souvent critiqué par les écologistes. L’investisseur institutionnel, actionnaire majoritaire de la société québécoise Énergir, considère « le gaz naturel comme une énergie nécessaire à la transition et une [solution de rechange] à des énergies plus polluantes, comme le charbon ».

Par ailleurs, même si elle a effectué le ménage de son portefeuille, la Caisse semble moins sévère lorsqu’il s’agit d’entreprises dont elle est actionnaire. À l’occasion de l’assemblée annuelle de la Banque Royale du Canada, le 5 avril dernier, la CDPQ a voté contre une proposition qui aurait contraint la plus importante banque au pays à publier ses cibles absolues de réduction de gaz à effet de serre (GES). Au 31 décembre dernier, la Caisse détenait 2,6 millions d’actions de la banque. Cette participation était évaluée à 243 millions de dollars.

Fiscalité

En ce qui a trait à la fiscalité, le bas de laine des Québécois dit avoir identifié 11 dossiers qui « auront besoin d’un examen plus poussé ». Plus de 1800 dossiers ont été examinés par l’institution pour s’assurer que les entreprises respectent un taux d’imposition consolidé minimal de 15 % — le seuil au cœur d’un consensus intervenu au sein de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).

« Nous poursuivrons nos analyses et nos suivis auprès de ces entreprises », écrit la CDPQ, sans toutefois aller jusqu’à les nommer.

Au cours de la dernière année, la CDPQ a désinvesti d’une société en raison de ses pratiques fiscales. Son nom n’est pas indiqué dans le document, mais La Presse a révélé que l’institution avait largué le fabricant de vêtements montréalais Gildan.

Les installations de fabrication de cette multinationale sont situées aux États-Unis, en Amérique centrale, dans les Caraïbes et au Bangladesh. En 2021, le taux d’impôt effectif moyen de Gildan s’était élevé à 2,8 %. En tenant compte de l’impôt provincial et fédéral, le taux d’imposition des grandes entreprises est de 26,5 % au Québec.

Dans l’ensemble, la CDPQ a vu l’intensité carbone de son portefeuille fléchir de 53 % depuis la présentation de sa première stratégie climatique, en 2017. L’objectif est d’atteindre une réduction de 60 % d’ici la fin de la décennie. Cet indice est désormais estimé à 37 tonnes d’équivalent CO2 émises par million de dollars investis, comparativement à 41 en 2021 et 79 en 2017.

Avec Richard Dufour, La Presse