La mesure de l’inflation la plus surveillée par la Réserve fédérale américaine a considérablement ralenti en février, un signe encourageant pour ses décideurs qui envisagent d’augmenter encore les taux d’intérêt afin de ralentir l’économie et de maîtriser la hausse des prix.

L’indice des dépenses de consommation personnelle s’est replié à 5 % sur une base annuelle en février, contre 5,3 % en janvier, et est légèrement inférieur aux prévisions des économistes interrogés par Bloomberg. Il s’agit de l’indice le plus bas depuis septembre 2021.

Si l’on exclut les prix des denrées alimentaires et des carburants, qui sont volatils de mois en mois, la mesure dite « de base », qui tente d’évaluer les tendances sous-tendant l’inflation, a également chuté plus que prévu, tant sur une base annuelle que sur une base mensuelle.

Ces nouvelles données constituent la dernière preuve que l’inflation a franchi un cap et qu’elle est en train de décélérer, même si le processus est graduel et parfois cahoteux.

Ce rapport est l’un des nombreux éléments que les responsables de la Fed prendront en compte à l’approche de leur prochaine décision sur les taux d’intérêt, le 3 mai.

Les banquiers centraux surveillent l’évolution de l’inflation, du marché du travail et des dépenses de consommation. Ils surveilleront également de près les marchés financiers et les mesures du crédit afin de déterminer dans quelle mesure les récentes faillites bancaires sont susceptibles de peser sur les prêts, ce qui pourrait ralentir l’économie.

Les dirigeants de la Fed ont rapidement relevé les taux d’intérêt au cours de la dernière année pour tenter de juguler l’inflation, les faisant passer de près de zéro il y a un an à un peu moins de 5 % en mars. Mais ils ont laissé entendre que ces hausses approchaient de leur fin, ne prévoyant qu’une seule autre augmentation des taux cette année. Jerome Powell, le président de la Fed, a laissé entendre que l’institution pourrait cesser complètement d’ajuster sa politique si les problèmes du secteur bancaire pèsent sur l’économie de manière suffisamment importante.

« Pour évaluer la nécessité de nouvelles hausses, nous nous concentrerons sur les données à venir et sur l’évolution des perspectives, et en particulier sur notre évaluation des effets réels et attendus du resserrement du crédit », a déclaré M. Powell lors d’une conférence de presse après la dernière décision de la Fed sur les taux directeurs, la semaine dernière.

La Fed a relevé ses taux d’un quart de point lors de cette réunion.

Mais l’inflation reste exceptionnellement soutenue : même si elle ralentit, elle représente toujours plus du double de l’objectif de 2 % fixé par la Fed. Par ailleurs, les turbulences dans les banques semblent s’atténuer, des représentants du gouvernement américain ayant annoncé ces derniers jours que les flux de dépôts s’étaient stabilisés.

Une baisse à court terme ?

Les responsables de la Fed qui se sont exprimés cette semaine ont laissé entendre qu’ils pourraient devoir faire davantage pour lutter contre les hausses de prix et ont repoussé les prévisions selon lesquelles ils pourraient abaisser les taux cette année.

« L’inflation reste trop élevée et les indicateurs récents me confortent dans l’idée qu’il y a encore du travail à faire », a avancé Susan Collins, présidente de la Réserve fédérale de Boston, lors d’un discours prononcé jeudi.

Mme Collins n’a pas de droit de vote sur la politique monétaire cette année.

Le rapport de vendredi a également montré que les dépenses de consommation avaient diminué en février par rapport au mois précédent. La mesure des dépenses personnelles corrigées de l’inflation a baissé de 0,1 %, ce qui correspond aux prévisions des économistes. Mais les données ont été révisées à la hausse pour le mois de janvier, ce qui suggère que les dépenses de consommation ont augmenté plus rapidement qu’on ne le pensait au début de l’année.

Cet article a été publié à l’origine dans The New York Times.

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