Preuve que les vins et spiritueux d’ici sont de plus en plus à l’honneur à l’heure de l’apéro ou pendant les repas, particulièrement à Noël, les ventes de produits identifiés « produits du Québec » ont augmenté de 7,1 % à la SAQ au troisième trimestre de l’exercice financier 2022-2023, clos le 31 décembre 2022. Reste maintenant à voir si vignerons et distillateurs réussiront à garnir davantage les tablettes, si la demande se fait de plus en plus grande.

Ainsi, les ventes de produits du Québec ont atteint 199,6 millions de dollars comparativement à 186,3 millions au trimestre correspondant de l’exercice précédent, selon les résultats publiés par la société d’État lundi. Ces chiffres tiennent compte des ventes de produits 100 % québécois, ceux qui sont embouteillés dans la province et également ceux qui sont préparés en partie avec des ingrédients d’ici. Ils représentent 15,5 % des ventes. De leur côté, les vins et spiritueux 100 % québécois – identifiés Origine Québec – ont généré 12 millions de dollars.

« Depuis la COVID-19 et la folie pour les vins québécois, c’est comme si on avait mis de l’huile dans la machine », illustre Stéphane Lamarre, copropriétaire du vignoble Château de cartes à Dunham. Sans révéler de chiffres, il assure que le nombre de ses bouteilles qui trouvent preneur à la SAQ est en constante augmentation, ajoutant dans la foulée que la société d’État est « son meilleur partenaire d’affaires ».

Son vignoble produit en moyenne 100 000 bouteilles annuellement et près de 60 % prennent le chemin des entrepôts de la SAQ.

« L’engouement des consommateurs pour les produits du Québec et les stratégies déployées par la SAQ pour mettre en valeur ces produits expliquent en partie leur performance pour le troisième trimestre, a indiqué par courriel la porte-parole, Geneviève Cormier. Certaines catégories se sont également démarquées au cours de ce trimestre, telles que les prêts à boire (+ 23 %), les liqueurs (+ 9 %), les rhums (+ 8 %) ainsi que les vins blancs du Québec (+ 10 %). »

La valorisation des produits du Québec est au cœur des priorités de la SAQ et notre offre de produits d’ici continuera de se dynamiser au cours de la prochaine année.

Geneviève Cormier, porte-parole de la SAQ

Dans le contexte, M. Lamarre aurait-il la capacité de fournir davantage ? « Ç’a toujours été un enjeu », reconnaît-il. « C’est clair qu’on manque de vin et que l’on va manquer de vin. Mais la réponse, c’est oui, je serais en mesure d’en donner un peu plus », ajoute-t-il.

Le vigneron reste toutefois prudent et ne veut pas mettre tous ses œufs dans le même panier, au détriment de ses autres marchés : les ventes en épicerie et directement au vignoble.

Les amateurs de vins québécois se tournent d’abord vers la SAQ lorsqu’ils veulent acheter leurs bouteilles, révèle un rapport publié récemment par le Conseil des vins du Québec (CVQ). Ainsi, en 2022, 32 % des ventes ont été enregistrées dans les succursales de la société d’État, contre 31 % en épicerie, 28 % au vignoble et 8 % au restaurant.

« Je vais faire grandir tous les canaux de distribution à la même vitesse », précise M. Lamarre. Il rappelle également que le désir de croître prend au moins quatre ans avant de se concrétiser.

« Mon souhait, c’est de grandir. Mais il faut que je prépare la terre, que je plante des plants avant d’obtenir une bouteille. »

Au CVQ, le président Louis Denault soutient que le nombre de bouteilles produites sera en croissance au cours des prochaines années puisqu’il s’est planté beaucoup de vignes. « On est rendus à trois millions de bouteilles, et ça se peut qu’on se rende à cinq millions », calcule-t-il.

Selon lui, la société d’État doit commencer plus tôt que tard à se préparer. « Pour nous, c’est important que la SAQ fasse toutes les démarches pour embarquer le plus de joueurs possible de sorte que, quand la production va augmenter, on ne soit pas en train d’instruire nos vignerons pour qu’ils sachent comment faire leur place en SAQ. C’est là qu’il faut que ça se fasse. »

Hausse globale des ventes

Par ailleurs, dans son ensemble, la SAQ semble avoir connu une période des Fêtes particulièrement lucrative. Au troisième trimestre, ses ventes ont atteint 1,4 milliard, contre 1,35 milliard pour le trimestre correspondant de l’exercice précédent, une hausse de 5,4 %.

Après la folie de la pandémie, où de nombreux consommateurs qui voulaient éviter de se rendre en magasin trop souvent achetaient de plus grosses quantités, le panier d’achats moyen s’est plutôt établi à 68,95 $, comparativement à 71,45 $ pour le trimestre correspondant de l’exercice 2021-2022.

Baisse des ventes en ligne

Les achats effectués en ligne ont de leur côté connu une baisse de 9,7 %, passant de 83,9 millions de dollars lors de l’exercice précédent à 75,8 millions. Ils représentent 3,1 % des ventes totales.

« Après une croissance importante pendant la pandémie, on observe un certain ralentissement des ventes en ligne puisque nos clients ont repris leurs habitudes d’achat d’avant et, donc, ont privilégié un retour à une expérience en magasin », explique Mme Cormier.