Pour espérer avoir plus de femmes dans les professions traditionnellement masculines et dans les postes de direction, il faut des exemples auxquels s’identifier. On trouve quatre femmes parmi les hautes dirigeantes de la BMO au Québec. L’équité salariale n’est pas encore gagnée, révèle une nouvelle étude, et elles veulent guider la prochaine génération vers le progrès.

Quel est le plus grand progrès que vous avez observé depuis votre entrée sur le marché du travail ?

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Jennifer Alarie, directrice générale et cheffe d’équipe, Services bancaires aux sociétés, BMO Marchés des capitaux, Québec

Jennifer Alarie, directrice générale et cheffe d’équipe, Services bancaires aux sociétés, BMO Marchés des capitaux, Québec

Avant, il y avait moins de femmes dans le domaine, parce qu’elles percevaient l’impossibilité d’avoir une conciliation famille-travail. La société a évolué, l’industrie a évolué.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Vivianne Croux, cheffe Québec, BMO Entreprises 

Vivianne Croux, cheffe Québec, BMO Entreprises 

De voir que l’équilibre vie personnelle et vie professionnelle, ce n’est pas juste un problème de femmes. Ça touche tout le monde. Les jeunes valorisent leur temps personnel, leur sport, leurs loisirs, ils ne veulent pas juste travailler, ils veulent gérer l’équilibre. Ça a donné accès à plus de flexibilité.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Karine Eid, cheffe, est du Canada, BMO Services bancaires aux entreprises

Karine Eid, cheffe, est du Canada, BMO Services bancaires aux entreprises

Je pense que ce qui fait partie de ce changement de mentalité, c’est la notion de mentorat. Aujourd’hui, le mentorat est accessible à tout le monde et on crée des organismes comme l’Alliance pour les femmes qui en font la promotion.

Jennifer Alarie

Il faut mettre les projecteurs aussi sur la façon dont la mentalité de nos collègues masculins a évolué dans les dernières années. Ce sont de vrais alliés pour nous.

Est-ce que les hommes ont plus d’empathie, de bienveillance et d’écoute dans la finance qu’avant ?

En chœur

Ha, ha, ha, ça dépend lesquels !

Vivianne Croux 

C’est un thème en gestion qui fait l’objet de discussions actuellement et le fait que tout le monde y pense ne peut qu’être positif pour l’avancement des femmes dans notre milieu.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Annie Lapointe, directrice générale et cocheffe, BMO Marchés des capitaux, Québec

Annie Lapointe, directrice générale et cocheffe, BMO Marchés des capitaux, Québec

Il y a une perception du milieu à défaire auprès des filles. Parce que les films qu’elles ont vus, ce sont des films de Wall Street avec une gang de gars ! La journée où ils vont faire des films avec des filles qui sont à Wall Street, je pense que, là, on va commencer à défaire cette perception.

Vivianne Croux

La série dont je t’ai parlé, Annie, qui passait à la télévision, avec Karine Vanasse, c’était ça.

Annie Lapointe

Les filles doivent être mises en contact avec le milieu de la finance dès le secondaire. Quand j’ai dû décider dans quelle branche je m’en allais à l’université, la finance était très associée à jouer à la Bourse, à faire de l’argent, à un univers de gars, et je ne m’identifiais pas à ça.

Vivianne Croux

Chez BMO, on essaie de faire évoluer les mentalités. Lorsqu’une femme revient d’un congé parental, par exemple, elle veut peut-être revenir à 150 %, mais peut-être aussi faire une transition douce. Il ne faut pas décider pour elle.

Karine Eid

Il faut lui poser la question pour comprendre la situation.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Vivianne Croux, cheffe Québec, BMO Entreprises 

Vivianne Croux

On peut être flexible, agile, séparer des portefeuilles. Il y a 16 ans, le concept que mon mari prenne un congé parental, c’était impossible. Là, il n’y a pas un gars qui ne le prend pas !

Les hommes se font-ils moins juger ?

Annie Lapointe

[Rires] Mais il y a encore du chemin à faire !

Vivianne Croux

[Rire] Peut-être plus dans ta gang !

Annie Lapointe

J’ai hâte de voir ma gang partir en disant : « Je m’en vais m’occuper du bébé ! »

Un rapport de recherche Indeed publié en cette Journée internationale des femmes révèle que les femmes gagnent en moyenne 11 % de moins que les hommes et 68 % des Québécoises croient que l’équité salariale sera réglée d’ici 50 ans…

En chœur

Aïe, aïe, aïe ! Oh !

Est-ce que vous avez des salaires équivalents à ceux de vos collègues masculins ?

Annie Lapointe

C’est difficile à dire, parce que ce n’est pas très transparent.

Jennifer Alarie

Il y a une question d’expérience. Tu peux difficilement trouver quelqu’un avec la même expérience homme, femme. C’est difficile de trouver des comparables.

Annie Lapointe

Sauf que d’un autre côté, c’est toujours la roue qui grince qui a l’huile. Généralement, les femmes ont tendance à avoir un tempérament plus doux. Moins argumenter. Donc, ça nous sert mal pour l’égalité du salaire. Je pense qu’il va falloir faire plus de revendications et justement aller au batte, comme on dit, pour réduire cet écart-là.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Karine Eid (à gauche), cheffe, est du Canada, BMO Services bancaires aux entreprises et Jennifer Alarie, directrice générale et cheffe d’équipe, Services bancaires aux sociétés, BMO, Québec

Jennifer Alarie

Je n’ai pas l’impression du tout que les femmes sont moins payées à la Banque de Montréal. Dans nos équipes les plus juniors, on a l’œil sur les salaires. Comme les filles sont très performantes, elles ont de très bons bonus et sont payées plus que certains de leurs collègues masculins.

Karine Eid

Je pense qu’on a une belle transparence ici dans la façon dont on regarde les échelles salariales, les compétences et l’expérience. C’est assez régi et regardé, on est capable de combler les écarts là où on les voit.

Plus on monte dans l’organisation, plus ça se complique, alors ?

En chœur

Oui !

Vivianne Croux 

Il y a peut-être moins de transparence, mais je pense qu’homme ou femme, la personne qui va faire des demandes claires, qui a des objectifs clairs, qui va poser ses conditions va obtenir de meilleurs résultats pour ce qui est de la bonification. Il faut coacher les filles là-dessus et elles seront capables de demander leur part du gâteau.

Par souci de concision et de clarté, les propos ont été remaniés.

Conseils de dirigeantes

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Annie Lapointe (à gauche), directrice générale et cocheffe, BMO Marchés des capitaux, Québec et Vivianne Croux, cheffe Québec, BMO Entreprises 

« Prenez votre place, faites votre plan de match, ayez des aspirations et le cran de les vivre sans peur. »

Karine Eid

« N’attendez pas d’être prête et assez qualifiée, dites oui à n’importe quelle opportunité. »

Jennifer Alarie

« Faites des choix, organisez-vous et acceptez d’être parfaitement imparfaite au bureau et à la maison. »

Viviane Croux

« Évitez de vous mettre des barrières en apprenant à bien gérer la culpabilité, car c’est facile de se sentir coupable de ne pas être à la maison ou au travail. »

Annie Lapointe

« Trouvez un mentor qui a de l’influence et qui va vous aider. »

Jennifer Alarie

« Acceptez des mandats qui sortent de vos zones de confort. »

Karine Eid

« Au-delà des chiffres, la finance est un secteur très relationnel et généralement les femmes ont des aptitudes interpersonnelles très importantes. »

Viviane Croux

« Livrez les résultats, faites vos preuves et on ne pourra pas dire que vous avez été nommée parce que vous êtes une femme. »

Karine Eid

En savoir plus
  • 72 %
    Proportion des Québécoises qui croient qu’une politique de transparence salariale et une structure de promotion transparente pourront contrecarrer l’iniquité salariale.
    Source : Miser sur l’optimisme : l’avenir des femmes canadiennes au travail, rapport de recherche 2023 d’Indeed
    52 %
    Proportion des Québécoises qui croient qu’il sera plus facile d’accéder à des postes de gestion d’ici 5 à 10 ans.
    Source : Miser sur l’optimisme : l’avenir des femmes canadiennes au travail, rapport de recherche 2023 d’Indeed
  • 86 %
    Proportion des femmes qui affirment que le salaire d’un poste est important pour elles.
    Source : Miser sur l’optimisme : l’avenir des femmes canadiennes au travail, rapport de recherche 2023 d’Indeed