(Ottawa) Les députés fédéraux veulent entendre les patrons des plus grandes chaînes d’alimentation au Canada sur la hausse des prix des aliments.

Le comité de la Chambre des communes qui se penche sur l’inflation du côté des aliments a invité lundi les PDG des grandes chaînes Loblaw, Metro et Empire (IGA) à assister à une prochaine réunion à Ottawa.

L’audience n’a pas encore été fixée.

Le député néo-démocrate Alistair MacGregor en a fait la demande lors de la réunion de lundi, et il a obtenu l’appui unanime des membres libéraux, conservateurs et bloquistes du Comité permanent de l’agriculture et de l’agroalimentaire.

Des dirigeants des trois sociétés, ainsi que Save-On-Foods, ont témoigné lors de réunions antérieures de comités axées sur la hausse du coût des aliments, mais pas leurs PDG.

« Ceux qui sont à la tête de ces entreprises, où la responsabilité s’arrête […] devraient au moins avoir à répondre aux questions sur les raisons pour lesquelles leurs bénéfices sont si élevés et pourquoi leurs prix sont si élevés, a déclaré mardi le chef du NPD, Jagmeet Singh. Et pourquoi font-ils des profits sur le dos des Canadiens ? »

Le comité des Communes a commencé l’étude en octobre, prévoyant à l’origine six réunions pour discuter du sujet, mais il a convenu de prolonger la durée de son étude sur la montée des prix des aliments, en ajoutant d’autres réunions à son agenda ainsi que plus de témoins, en plus des PDG.

Le Conseil canadien du commerce de détail, qui défend les épiciers, a déclaré qu’il souhaitait que le comité fasse appel à des marques, des fabricants, des transformateurs et des grossistes mondiaux.

« Les épiciers sont des distributeurs de produits alimentaires – ils achètent des produits auprès de fournisseurs et les revendent ensuite aux clients. Cela signifie qu’ils dépendent largement de ce que les fournisseurs leur demandent de payer pour leurs produits », a fait valoir mardi dans un communiqué la porte-parole du conseil, Michelle Wasylyshen.

Metro a refusé de commenter, tandis que Loblaw et Empire n’ont pas immédiatement répondu à une demande pour commenter l’étude par le comité.

Selon Statistique Canada, les prix des aliments achetés en épiceries ont augmenté de près de 10 % en 2022, sa hausse la plus rapide depuis 1981, avec des prix plus élevés dans toutes les catégories d’aliments, à l’exception du saumon en boîte.

Le député MacGregor a indiqué qu’il avait hâte de poser des questions directes aux PDG des grandes chaînes sur l’augmentation des factures d’épicerie.

« Les Canadiens réduisent leurs listes d’épicerie habituelles et étirent encore plus leur chèque de paie, et ils en ont encore moins pour leur famille, alors que pendant ce temps, ces PDG gagnent plus d’argent qu’ils n’en ont jamais gagné auparavant. Ça ne marche tout simplement pas », a déclaré M. MacGregor, porte-parole néo-démocrate en matière d’inflation alimentaire.

L’année dernière, le gouvernement libéral a demandé au Bureau de la concurrence d’étudier les prix des aliments dans les chaînes d’alimentation, afin d’assurer l’équité des prix.

Le Bureau a constaté que de nombreux facteurs ont pu avoir un impact sur le prix des aliments en épiceries, notamment des conditions météorologiques extrêmes, des coûts d’intrants plus élevés, l’invasion de l’Ukraine par la Russie et des perturbations de la chaîne d’approvisionnement.

L’étude du Bureau de la concurrence, qui devrait être publiée cette année, examinera par ailleurs si le modèle de concurrence entre les enseignes contribue également à la hausse des prix.

Le chef de l’exploitation d’Empire, Pierre St-Laurent, a déclaré au comité en décembre que les défis mondiaux augmentent les coûts de production alimentaire.

« Malheureusement, les circonstances actuelles sont telles que nos fournisseurs n’ont d’autre choix que de demander aux détaillants des augmentations de prix importantes s’ils veulent rester rentables », a soutenu M. St-Laurent.