Le gouvernement de la CAQ a des objectifs clairs quant à l’atteinte d’une meilleure productivité et une meilleure compétitivité des entreprises québécoises. De nombreuses pierres sont tournées et retournées afin d’atteindre ces objectifs malgré une situation critique de pénurie de main-d’œuvre.

Automatisation, accompagnement des entreprises, recrutement international et requalification des travailleurs font partie de l’arsenal déployé par le gouvernement afin d’atteindre ces objectifs. Il reste pourtant une autre carte importante entre leurs mains. Nous plaidons aujourd’hui pour un virage économique des réflexions au ministère du Travail.

Au cours des dernières années, tous gouvernements confondus, le ministère du Travail a principalement eu comme mission de défendre les travailleurs. Cette mission doit bien évidemment demeurer, ne nous accusons pas de dire le contraire ! Nos milieux doivent rester sécuritaires, justes et propices à l’accomplissement professionnel de tous les Québécois, notamment dans le contexte du projet de loi à venir prochainement sur le travail des enfants.

Cependant, force est de constater que notre législation et les instances encadrant le travail ont rarement eu comme objectif de rendre nos milieux plus flexibles et plus à même de faire face aux défis qu’amènent les transformations profondes de notre économie.

Nos milieux de travail changent plus vite que les règles qui les régissent.

Avec la crise de main-d’œuvre actuelle, tous s’arrachent celle qui est disponible et il est légitime que les travailleurs espèrent de meilleures conditions de travail. Les effets positifs sont évidents, mais pour les employeurs il faut absolument trouver le juste milieu entre attractivité et compétitivité. Il serait hypocrite de ne pas avouer que les pressions actuelles du marché du travail et des milieux financiers risquent d’avoir pour conséquence une augmentation des conflits de travail dans les prochaines années.

Rafraîchir la législation du travail

On le voit actuellement avec la négociation du gouvernement avec les syndicats de la fonction publique, les pratiques de négociation de conventions collectives laissent peu de place à l’innovation et à la mise en place de nouvelles façons de faire. Les pratiques du passé empêchent d’attaquer de plein fouet certains enjeux particuliers qui se retrouvent noyés dans des considérations plus larges propres à des négociations de grande (trop grande) envergure. Personne n’est à blâmer, la structure est ainsi faite et c’est ensemble qu’on doit rafraîchir la législation du travail.

En analysant ces perspectives peu rassurantes qui se profilent à l’horizon, nous encourageons le gouvernement et le ministre Jean Boulet à réfléchir à la mise en place de mécanismes plus rapides, efficaces, mais justes, de résolution de conflits.

Nous appelons également nos élus à outiller le ministre du pouvoir d’imposer le recours à des mécanismes de rechange de résolution des conflits, tels que l’arbitrage, lorsqu’un conflit de travail pourrait avoir des impacts économiques catastrophiques sur l’économie québécoise et notamment chambouler les chaînes d’approvisionnement.

Finalement, nous invitons le gouvernement à voir le ministère du Travail comme un élément à part entière de la stratégie québécoise afin d’assurer la vitalité économique du Québec. Tous les outils doivent être mis à la disposition des milieux de travail afin qu’ils soient sains, sécuritaires et justes, mais également compétitifs et capables de s’ajuster rapidement aux enjeux émergents du Québec. Réfléchir à parfaire nos pratiques, ce n’est pas dénigrer le présent, c’est préparer le futur.