Après 15 mois de complète inactivité et une douloureuse restructuration, le Cirque du Soleil a entrepris en juillet 2021 la reprise de ses spectacles à Las Vegas pour amorcer par la suite un retour progressif de ses représentations de tournée. Le groupe créatif de Montréal a terminé l’année 2022 avec 38 spectacles actifs dans le monde entier tout en enregistrant des revenus bruts supérieurs à ceux prépandémie de 2019, un retour en piste spectaculaire que nous explique son PDG, Stéphane Lefebvre.

En novembre 2020, le Cirque du Soleil émergeait de la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies avec des effectifs réduits à 200 personnes, contre 5000 avant le déclenchement de la pandémie, et aucun horizon de spectacles à court terme.

Ce n’est qu’en juillet 2021 que l’entreprise créative a progressivement repris ses spectacles en résidence à Las Vegas et relancé étape par étape ses représentations de tournée.

Aujourd’hui, le Cirque du Soleil compte plus de 3600 employés à travers le monde et a regarni les effectifs à son siège social, qui emploie maintenant 770 personnes, contre 1000 avant le déclenchement de la pandémie.

« On a exécuté la stratégie de sortie de crise que Daniel Lamarre et moi avons présentée à nos nouveaux actionnaires en novembre 2020. Essentiellement, cette stratégie reposait sur trois axes. Il fallait réaffirmer le leadership créatif du Cirque, repenser l’expérience client et enfin assurer une meilleure gestion des marchés », explique Stéphane Lefebvre.

Avant de devenir PDG du Cirque du Soleil, en décembre 2021, Stéphane Lefebvre, ex-vice-président, Finances, de CAE, s’est joint au groupe en 2016 à titre de chef de la direction financière, avant d’occuper le poste de chef des opérations.

On a arrêté la diversification pour nous ancrer solidement dans l’ADN du Cirque. J’ai demandé à Michel Laprise, le créateur très talentueux des spectacles Kurios et Drawn to Life, de m’épauler à titre de guide créatif. Il est avec moi à temps plein.

Stéphane Lefebvre

Le Cirque du Soleil veut aussi maintenant faire partager davantage l’expérience des spectacles en tournée, que ce soit sous chapiteau ou dans les arénas, aux spectateurs en leur faisant découvrir les dessous de l’arrière-scène ou les routines d’entraînement de ses artistes de façon physique ou virtuelle.

Enfin, le Cirque du Soleil, qui a cartographié un répertoire de 450 villes dans le monde où il peut présenter ses spectacles à grand déploiement, veut maintenant développer des marchés de taille intermédiaire comme Nashville ou Cleveland.

« On l’a fait avec notre spectacle de Noël qui se déroule dans des théâtres et qui a connu un grand succès en décembre à Boston, Dallas, Phoenix et Detroit, et on veut exploiter davantage cette option », expose Stéphane Lefebvre.

Une année record

Le PDG du Cirque du Soleil estime que le groupe a repris son rythme de croisière en 2022, une année notamment marquée par le retour à la rentabilité du groupe.

« On a eu deux nouvelles cotations de crédit favorables durant l’année par les agences Moody’s et S&P, c’est un bon signal de l’extérieur qui confirme qu’on est dans la bonne voie », constate Stéphane Lefebvre.

Le Cirque du Soleil a maintenant sept spectacles permanents aux États-Unis, six à Vegas et un à Orlando. Le groupe doit vendre chaque semaine 90 000 billets pour ses spectacles à Las Vegas.

« Le spectacle O entreprend sa 25e année de représentations et a affiché en décembre un taux d’occupation de 94 % », précise le PDG, satisfait.

Le Cirque a aussi un spectacle en résidence dans une station balnéaire de la Riviera Maya, au Mexique, et en aura un deuxième l'an prochain à Nuevo Vallarta, sur la côte Ouest.

On a enregistré cet été un record de vente de billets pour notre spectacle Kooza dans le Vieux-Port de Montréal avec 270 000 billets vendus et on revient au mois d’avril avec le tout nouveau spectacle Echo, qui sera à couper le souffle.

Stéphane Lefebvre

Outre ses spectacles permanents, le Cirque du Soleil présente huit spectacles de tournée, cinq en chapiteau (bientôt six avec le nouveau spectacle Echo à Montréal) et trois en aréna. Le PDG s’envolait lundi soir pour Londres pour assister au spectacle de Kurios au Royal Albert Hall, qui sera à l’affiche jusqu’en mars.

« On a de gros marchés à Londres, en Espagne – à Barcelone et à Madrid –, en Suisse, partout c’est sold out. Mais ça reste l’Amérique du Nord qui génère le plus gros volume en raison de notre présence permanente à Vegas, qui génère à elle seule près de 50 % du chiffre d’affaires et de la rentabilité », indique Stéphane Lefebvre.

Les trois autres divisions du Cirque du Soleil ont repris elles aussi leur vitesse de croisière. Blue Man Group, qui propose des spectacles musicaux clownesques, est présent dans cinq villes américaines en simultané et va entreprendre une tournée au Japon.

Le groupe VStar Entertainment offre deux spectacles pour enfants en tournée et The Works Entertainment propose des spectacles de magiciens qui permettent au Cirque du Soleil d’élargir son portefeuille de compétences auprès des propriétaires de salles de spectacles.

Le Cirque du Soleil est à des années-lumière de cette période de plus de 15 mois de pandémie durant laquelle il n’a pas généré de liquidités et ne comptait que sur une poignée d’avocats et de comptables qui tentaient de relancer la machine.

Les employés tant créatifs que de soutien sont revenus, et le PDG observe un fort engagement des gens qui sont fiers de mettre l’épaule à la roue pour participer à ce retour en piste réussi.

Une version précédente de ce texte indiquait à tort que le spectacle Drawn to Life était présenté à Las Vegas, qu' O célébrait ses 20 ans et que le nouveau spectacle au Mexique débuterait cette année, plutôt que l'an prochain.