Les tribunaux ont accordé mardi au PDG de PyroGenèse l’outil dont il avait besoin pour identifier les auteurs de messages négatifs publiés à propos de l’entreprise montréalaise sur un populaire forum de discussion.

Le grand patron de PyroGenèse, Peter Pascali, demandait à la Cour supérieure du Québec d’émettre une ordonnance de type Norwich pour amener le site Stockhouse à lui fournir des informations sur les gens qui se cachent derrière des pseudonymes pour le discréditer, lui et l’entreprise qu’il dirige.

L’autorisation a été accordée mardi au terme d’une audience tenue en matinée.

PyroGenèse est la cible depuis le début de l’année d’allégations qu’elle juge diffamatoires de la part d’utilisateurs du forum se présentant sous les pseudonymes Dividends, Zaphod, NoRetire, EtheGreat et Breizh1.

Un message a notamment été coiffé de la mention « Wolf of Wall Street », indique un document juridique.

Accusations de fraude

L’auteur de ce message affirmait que PyroGenèse n’avait aucune valeur, et que l’entreprise lui rappelait le penny stock moussé par l’ex-bandit à cravate Jordan Belfort (joué par Leonardo DiCaprio dans le film The Wolf of Wall Street) alors que l’entreprise associée à ce penny stock était dans les faits un cabanon au fond d’une cour.

Dans un message publié au printemps, un utilisateur de Stockhouse visé par la requête se demande si le titre est une fraude.

Toujours selon une requête déposée en cour, un autre message publié au printemps laisse entendre que PyroGenèse et Peter Pascali embauchent des gens uniquement dans le but de manipuler les investisseurs avec une référence à des « paid pumpers ».

La direction de PyroGenèse a demandé à Stockhouse en mai de retirer les messages qu’elle juge mensongers et de lui fournir des informations (noms, courriels, adresses IP, etc.) permettant d’identifier leurs auteurs.

Stockhouse a répondu en juin qu’une ordonnance de la cour était nécessaire pour révéler l’identité des auteurs.

La direction de PyroGenèse soutient que les allégations publiées sur Stockhouse lui causent un préjudice, laissent croire que l’entreprise « siphonne l’argent des investisseurs », et que les messages affichés sur le forum minent la confiance des actionnaires et pourraient même provoquer des pertes financières.

Si des hedge funds, par exemple Muddy Waters et Greenlight Capital, utilisent parfois des « tactiques agressives », le professeur à l’Université Concordia et expert en gouvernance Michel Magnan estime que dans le cas de PyroGenèse, il est « plus flou » de savoir qui se cache ultimement derrière les messages sur Stockhouse.

Installée dans Griffintown, PyroGenèse se présente comme une entreprise technologique qui développe et commercialise des procédés industriels au plasma. Ses actions sont inscrites à la Bourse de Toronto et au NASDAQ.

Le titre de l’entreprise a migré de la Bourse de croissance TSX vers la Bourse de Toronto à la fin de l’année 2020.

350 % sur trois ans

L’action de PyroGenèse est passée d’une valeur inférieure à 1 $ en 2020 à plus de 12 $ l’année dernière avant de redescendre à son cours actuel d’un peu moins de 2 $. À ce niveau, le marché donne une valeur d’environ 325 millions à l’entreprise.

Le Groupe TMX a publié la semaine dernière son palmarès « TSX 30 », une liste des entreprises cotées à la Bourse de Toronto affichant le meilleur rendement boursier sur trois ans. PyroGenèse arrivait au neuvième rang du classement avec un rendement supérieur à 350 % sur trois ans.

PyroGenèse a dévoilé le mois dernier des revenus de 5,8 millions et déclaré une perte pour le deuxième trimestre de son exercice financier. Le principal actionnaire de l’entreprise est Peter Pascali avec une participation approximative de 47 %. Il n’a pas été possible de lui parler mardi.

Déterminer les auteurs n’est qu’une étape parmi plusieurs étapes potentielles que nous entreprenons, qui peuvent inclure ou non des actions en justice à leur encontre ou à l’encontre d’autres personnes, a néanmoins souligné la direction par courriel.