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Les conseillers financiers nous disent de rester calmes et de considérer le moyen et le long terme pour nos actions. Pourquoi les marchés sont-ils si nerveux et volatils alors ?

Jocelyn Savoie

La volatilité boursière et les baisses de marché font partie intégrante de la vie de l’investisseur.

C’est ce que rappelle d’entrée de jeu le gestionnaire de portefeuille Jean-Philippe Bouchard, de la firme Giverny Capital, en soulignant que le marché a baissé d’au moins 10 % à 13 reprises en 25 ans. C’est l’équivalent, en moyenne, d’une année sur deux.

Pour ce qui est des baisses de plus de 20 % – la définition d’un marché baissier –, Jean-Philippe Bouchard souligne qu’elles sont moins fréquentes, mais il s’agit tout de même de la sixième fois en 25 ans.

Malgré toutes ces baisses, dit-il, le marché boursier a généré un rendement très élevé durant cette période, soit d’environ 9 % par année (dividendes compris).

« À court terme, la Bourse est dominée alternativement par la peur et l’avidité. » Autrement dit, les cours boursiers, sur une courte période, sont plus dictés par l’humeur et les émotions des investisseurs que par les fondamentaux et la raison.

Étrangement, la Bourse est l’un des seuls endroits au monde où les participants s’emballent lorsque les prix montent et dépriment quand ceux-ci baissent [une réaction contraire à celle qu’ils ont lorsqu’ils sont devant une pompe à essence !]

Jean-Philippe Bouchard, gestionnaire de portefeuille chez Giverny Capital

M. Bouchard compare la Bourse à un miroir déformé par les opinions et les émotions de millions de personnes. « Tenter d’expliquer les déformations des perceptions des investisseurs est futile. C’est l’équivalent de vouloir rationaliser ce qui est irrationnel. »

Cependant, précise-t-il, la bonne nouvelle est qu’à long terme, toutes ces forces s’annulent et le miroir finit toujours par refléter adéquatement la valeur intrinsèque des entreprises.

« Maintenir la bonne attitude à l’égard des fluctuations boursières est ainsi indispensable pour s’enrichir. La clé du succès réside dans la capacité de ne pas être distrait par la réflexion du miroir à court terme [l’opinion et les émotions des autres], mais plutôt de se concentrer sur l’objet reflété [la valeur réelle des entreprises]. L’investisseur doit rester imperturbable face à ces fluctuations et être capable de les tolérer. »

À l’avantage des rationnels

En fait, Jean-Philippe Bouchard juge que la volatilité boursière et les écarts créés entre la cote boursière et la valeur sous-jacente sont souvent perçus par la majorité des investisseurs comme un élément négatif.

Pourtant, dit-il, c’est tout le contraire. « L’investisseur rationnel peut profiter des fluctuations plutôt que d’en souffrir. Le caractère irrationnel et émotif de la Bourse devient une source d’occasions d’investissement pour celui qui sait rester rationnel et sans émotion. Ce dernier sait qu’à long terme, les cours boursiers refléteront la juste valeur des entreprises. »

Vues sous cet angle, les fluctuations boursières deviennent ses alliées dans sa quête d’accumuler des richesses, selon le gestionnaire de portefeuille. « Ce qui faisait dire à Ben Graham – dans son livre L’investisseur intelligent – que la Bourse est là pour le servir et non l’instruire. Selon Ben Graham, l’investisseur peut choisir de profiter des occasions ou tout simplement de ne rien faire. Parfois, juste laisser passer la tempête en regardant stoïquement les autres paniquer est une réaction remplie de sagesse. »

Jean-Philippe Bouchard soutient que savoir rester rationnel face aux fluctuations effrénées des cours boursiers est, sans l’ombre d’un doute, la qualité la plus importante qu’un investisseur puisse développer. « Il faut être capable dans sa tête de transformer les mots crise, récession et incertitude en un seul mot : opportunité. »

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