Cette semaine, Nicolas St-Aubin, cofondateur et directeur technique de l’entreprise de solutions numériques et de logiciels multiplateformes Thirdbridge, qui remet des bourses pour propulser la relève entrepreneuriale, répond à nos questions sur le leadership.

Q. Pourquoi est-ce important dans votre domaine de soutenir la relève ? Et est-ce une bonne chose que les dirigeants d’entreprise le fassent ?

R. C’est important dans tous les domaines de soutenir la relève. En tant que dirigeant d’entreprise, on doit se poser la question « Qu’est-ce que j’essaie d’accomplir avec mon projet ? » et y répondre par une vision qui va au-delà de ses propres intérêts. Au fur et à mesure qu’on implique d’autres personnes dans le projet, il nous appartient de moins en moins. Il devient une vision partagée à laquelle tout le monde contribue. Avec une telle mentalité, il est évident que le soutien de la relève est ce qui assurera la bonne continuité de notre projet entrepreneurial.

Il est vrai que le monde des affaires est compétitif. Toutefois, je crois qu’il faut prioriser une approche coopérative et collaborer avec les autres entreprises, autant celles qui sont établies que celles qui commencent. C’est une approche plus productive à court terme et plus profitable à long terme alors que les collaborations mènent à des partenariats au sein desquels la vision est commune et le succès est partagé.

C’est notre devoir en tant qu’entrepreneur plus établi d’aider la relève entrepreneuriale. Le démarrage d’une entreprise peut être difficile et intimidant, et j’ai beaucoup de respect pour les courageux qui se lancent. C’est pourquoi nous avons mis en place la bourse entrepreneuriale Thirdbridge que nous remettons chaque année à une équipe qui suit le parcours de stage entrepreneur à Polytechnique Montréal.

La pandémie vous a permis de repenser à votre culture d’entreprise. De quelle manière ? Et à quel point les leaders doivent-ils prendre soin de leur culture et la considérer comme quelque chose en mouvance ?

Dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre comme celle qu’on vit présentement, la culture est notre meilleur atout pour attirer et fidéliser le talent. Et il est important, en tant qu’employeur, d’adapter sa culture pour permettre à son équipe de s’épanouir.

Avant la pandémie, nous misions sur le présentiel pour créer notre cohésion et faire vivre nos valeurs à notre équipe. Quand les restrictions de télétravail ont été imposées, notre crainte principale était que l’esprit d’équipe et la culture en souffrent. Nous avons mis beaucoup d’effort et de réflexion afin de trouver des façons pour maintenir notre culture et notre cohésion malgré la distanciation. Ça a commencé par des 5 à 7 virtuels, des pauses café virtuelles et un budget télétravail pour se faire un poste de travail aussi confortable, sinon plus, que celui qu’on offrait au bureau.

Au fur et à mesure que les restrictions ont évolué, nous avons adapté nos façons de faire pour offrir l’environnement de travail le plus propice à l’épanouissement tout en priorisant la sécurité de notre équipe. Maintenant, malgré la forte croissance de Thirdbridge au cours des deux dernières années, notre culture est plus forte que jamais et nous avons pris la décision de devenir une entreprise 100 % en télétravail qui mise sur les activités pour passer du temps de qualité en équipe, à défaut de ne pas se voir au bureau 40 heures par semaine.

Comment les entrepreneurs peuvent-ils assurer la santé mentale des employés et la leur tout en continuant de croître présentement ?

En tant qu’employeur, il s’agit de valoriser la santé mentale et d’en reconnaître la fragilité. Un climat d’ouverture et de proactivité doit régner au sein de l’entreprise afin qu’il ne fasse aucun doute que la prévention et la guérison des enjeux de santé mentale sont de la plus haute importance. Chez Thirdbridge, nous offrons un nombre illimité de congés de maladie et ne faisons aucune distinction entre les congés liés à des maladies physiques ou des maladies mentales.

Cela dit, il existe encore aujourd’hui un malaise face à la maladie mentale. Il est possible que certaines personnes ne se sentent pas confortables d’en parler avec leurs collègues ou de prendre des dispositions pour se sentir mieux. Il existe plusieurs solutions pour les entreprises qui leur permettent de sonder de façon anonyme les membres de l’équipe sur leur bien-être au travail. On peut ensuite analyser les résultats des sondages pour déterminer si les gens sont stressés ou inconfortables dans leur contexte professionnel, puis les aider indirectement. Il est important de se rappeler qu’on travaille d’abord et avant tout avec des humains et qu’ils sont ceux qui créent le plus de valeur pour l’entreprise. Le succès de notre projet et de notre entreprise découle directement de leur bien-être.