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Est-ce que les surplus d’Hydro-Québec sont transférés dans les coffres du gouvernement ? Si oui, par quelle mécanique ?

Patricia Goulet

Effectivement, Hydro-Québec verse chaque année une part importante de ses bénéfices nets sous la forme d’un dividende que la société d’État paie à son unique actionnaire, le gouvernement du Québec. Hydro-Québec est ce qu’on appelle dans le langage populaire l’une des trois vaches à lait du gouvernement et est certainement la plus lucrative.

« Annuellement, Hydro-Québec déclare un dividende d’un maximum de 75 % de son bénéfice net. Concrètement, cela signifie que les trois quarts du profit net de l’entreprise sont reversés chaque année au gouvernement du Québec », nous précise Philippe Archambault, chef médias et affaires gouvernementales de la société d’État.

Le restant, soit 25 %, est conservé par l’entreprise pour notamment financer ses investissements en immobilisations, par exemple, en 2021, la construction du complexe de la Romaine ou de nouvelles infrastructures de transport d’électricité.

Philippe Archambault, chef médias et affaires gouvernementales d’Hydro-Québec

Avec les travaux onéreux d’après tempête auxquels s’est livrée toute la semaine la société d’État, on peut aussi comprendre qu’une partie des bénéfices engrangés durant son dernier exercice financier va servir au paiement de ces travaux d’urgence qui n’étaient évidemment pas planifiés ni budgétés. Selon la loi, le taux de capitalisation d’Hydro-Québec ne peut jamais être inférieur à 25 %.

C’est en 1981 que le concept du versement d’un dividende d’Hydro-Québec à son actionnaire unique a été instauré. Au fil des ans, la formule du calcul de ce dividende a été modifiée, mais son plafond n’a jamais dépassé les 75 % de ses bénéfices nets, nous rappelle Philippe Archambault.

La formule de départ prévoyait le versement de 75 % du bénéfice d’exploitation consolidé et du revenu net de placements, moins l’intérêt sur la dette long terme, l’intérêt sur les avances bancaires et les billets à payer ainsi que l’amortissement de l’escompte et des frais d’émission relatifs aux titres de créances de la société. Au fil des ans, on a tenu compte des pertes de change et le calcul du dividende est resté le même depuis 2010.

Importante cagnotte

En février dernier, Hydro-Québec a justement dévoilé des résultats records après avoir réussi à dégager un bénéfice net de 3,6 milliards pour son exercice financier 2021. Ces profits records ont permis à la société d’État de livrer au gouvernement québécois un dividende historique de 2,7 milliards, une cagnotte qui a contribué à réduire le déficit appréhendé du ministre des Finances.

Dans son plus récent budget, le ministre des Finances, Eric Girard, a comptabilisé un dividende de 2,7 milliards d’Hydro-Québec, de 1,33 milliard de la Société des alcools du Québec et de 1,03 milliard de Loto-Québec, ce qui confirme à Hydro-Québec le statut de vache à lait la plus lucrative des sociétés d’État québécoises.

La contribution financière d’Hydro-Québec au bilan du gouvernement ne se limite pas au seul versement d’un dividende annuel puisque la société d’État verse de plus différents frais et taxes annuels qui s’ajoutent aux revenus de l’État québécois.

Ainsi, pour l’année 2021, Hydro-Québec a versé au gouvernement 200 millions à titre de frais de garantie relatifs aux titres d’emprunt, 300 millions en taxes sur les services et 800 millions en redevances hydrauliques.

Au cours des cinq dernières années, la société d’État a versé plus de 11 milliards en dividendes à son seul et unique actionnaire, le gouvernement québécois.

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