Une autre dispute éclate à l’aéroport de Saint-Hubert, où les locataires y vont d’un front commun contre l’exploitant des installations en lui reprochant de vouloir à tout prix embaucher un directeur général doté d’une formation en ingénierie plutôt qu’un gestionnaire aguerri de l’industrie aérienne.

Airmedic, Cargair/Max Aviation, Chrono Aviation, Nolinor et le Collège Air Richelieu font partie de la dizaine de signataires d’une lettre envoyée au conseil d’administration de Développement Aéroport Saint-Hubert de Longueuil (DASH-L), que La Presse a pu consulter, dans laquelle ils expriment leur incompréhension par rapport à la tournure des évènements.

« Il appert que la volonté du comité de sélection est de davantage viser un profil d’ingénieur plutôt qu’un individu détenant une forte expérience de l’aérien au Canada, ce qui est fort inquiétant », est-il écrit dans la missive datée du 13 avril dernier.

Directrice générale depuis environ quatre ans, Jane Foyle, gestionnaire aguerrie de l’industrie aérienne, quittera son poste à la direction générale de l’organisme à but non lucratif à la fin du mois. Les circonstances de son départ n’ont pas été précisées. DASH-L a retenu les services d’une firme de chasseurs de têtes pour la remplacer.

Ce litige s’ajoute au désaccord entre DASH-L et l’École nationale d’aérotechnique entourant le renouvellement du bail du centre de formation technique et qui s’est retrouvé devant les tribunaux.

Il survient également sur fond de consultations sur l’avenir du développement de l’aéroport annoncées par la mairesse de Longueuil, Catherine Fournier, et le député bloquiste Denis Trudel (Longueuil–Saint-Hubert).

Par courriel, Mme Fournier a dit suivre « de près » les dossiers qui concernent l’aéroport situé en banlieue sud de Montréal, mais n’a pas commenté la discorde entre DASH-L et ses locataires.

Ponts à rebâtir

Après « des années de mauvaises relations », les locataires de l’aéroport de Saint-Hubert estiment que la prochaine personne nommée à la direction générale doit avoir de bonnes connaissances de l’industrie et de bons contacts avec les ordres de gouvernement pour « rebâtir plusieurs ponts ».

« On comprend que DASH-L veuille construire une aérogare sur le terrain de l’aéroport et nous sommes pour cela », affirme le vice-président de Chrono Aviation, Dany Gagnon.

Nous sommes surpris que la priorité semble de vouloir trouver un ingénieur pour ce projet, alors qu’il y a un million d’enjeux qui entourent le développement d’un aéroport.

Dany Gagnon, vice-président, Chrono Aviation

Locataire d’un hangar à l’aéroport, Nolinor déplore un processus très « opaque ».

« Nous avons signé la lettre pour demander plus de transparence », affirme le président du transporteur aérien, Marco Prud’Homme. « C’est agréable de voir que la lettre a été signée par plusieurs personnes. »

DASH-L est l’exploitant et le propriétaire de l’aéroport de Saint-Hubert. L’organisme caresse l’ambition d’asseoir son développement en attirant des compagnies à bas prix afin d’offrir des vols régionaux, nationaux et vers les destinations soleil.

Les signataires de la lettre se demandent comment le profil recherché par le gestionnaire de l’aéroport saura rassembler les « parties prenantes » autour d’un tel projet pour obtenir l’acceptabilité sociale. À maintes reprises au cours des dernières années, la question du bruit a été une source d’irritation pour le voisinage. Le prochain directeur général de DASH-L aura donc du pain sur la planche à ce chapitre.

« Nous vous invitons à réévaluer vos critères de sélection afin que le prochain titulaire du poste puisse permettre à [l’aéroport] de faire son grand bond en avant », demandent les signataires.

Confidentiel

Joint au téléphone par La Presse, le président du conseil d’administration de DASH-L, Charles Vaillancourt, n’a pas voulu entrer dans le détail de la dispute. Il s’est limité à dire que « plusieurs informations de la lettre sont fausses » et que le processus en cours était « confidentiel ».

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Charles Vaillancourt, président du conseil d’administration de DASH-L

« Il y a eu une rupture de confidentialité, et on trouve cela extrêmement déplorable, a-t-il affirmé. Les gens qui étaient au courant du processus avaient l’obligation de respecter cette confidentialité. Je déplore que cela soit rendu public de la sorte. Je ne rentrerai pas dans les détails de la lettre. »

Les circonstances entourant le départ de Mme Foyle n’ont pas été précisées. M. Vaillancourt a indiqué que les « relations » entre certains locataires et la « DG actuelle » étaient tendues. À son avis, les « choses vont bien présentement » avec les entreprises installées à Saint-Hubert.

Il y a 11 administrateurs chez DASH-L. Trois postes ne sont pas pourvus.

En savoir plus
  • 2004
    Année où Transports Canada a transféré les actifs de l’aéroport à DASH-L
    Source : gouvernement du Canada
  • 1927
    Année d’ouverture, en novembre, de l’aéroport de Saint-Hubert, ce qui en fait l’un des plus anciens au Canada
    Source : GOUVERNEMENT DU CANADA