L’entreprise de génie-conseil ne croit pas qu’il faut « laisser derrière des industries complètes »

Dans sa contribution à la décarbonation de l’économie, le géant montréalais du génie-conseil WSP Global préfère miser sur l’aide technique aux industries polluantes plutôt que de les écarter complètement de son carnet de commandes.

« Laisser derrière des industries complètes dans le besoin [de réduire leur empreinte carbone], on ne croit pas comme organisation que ce soit la meilleure manière d’effectuer cette transition verte vers un monde meilleur », a indiqué le président et chef de la direction de WSP, Alexandre L’Heureux, lors d’une allocution devant le Cercle canadien de Montréal, qui est l’une des tribunes d’affaires les plus prestigieuses de la métropole.

« En matière de transition énergétique [vers la carboneutralité], WSP se considère comme un agent de changement, dont le savoir-faire et l’excellence techniques devraient être utilisés pour [contribuer à] changer le monde », a expliqué M. L’Heureux.

Par conséquent, « aider ces industries [polluantes] à devenir plus sobres en carbone » plutôt que de les mettre de côté est la manière privilégiée dans le plan d’affaires de WSP pour accentuer le développement de son importante division des « sciences de la terre et de l’environnement ».

Dans son allocution, le président et chef de la direction de WSP a rappelé que, depuis l’acquisition de la firme spécialisée Golder & Associates l’an dernier pour 1,5 milliard, cette division pèse maintenant le quart (25 %) du chiffre d’affaires de WSP, qui frôle les 8 milliards de dollars.

Cette division des « sciences de la terre et de l’environnement » regroupe 14 000 des 55 000 employés dans l’effectif mondial de WSP. Elle figure aussi au premier plan des « objectifs ambitieux » de doubler de taille et d’atteindre une « rentabilité inégalée dans chacun de nos marchés cibles ».

PHOTO PATRICK SANFAÇON, ARCHIVES LA PRESSE

Alexandre L’Heureux, PDG de WSP Global, en 2019

Essentiellement, il y a des projets qu’on ne voudra pas poursuivre, comme construire de nouvelles usines au charbon, ou encore des projets d’hydrocarbures (pétrole et gaz) dans des zones qui ont un écosystème plus fragile. On ne touchera plus à ces choses-là.

Alexandre L’Heureux, PDG de WSP Global

« Par contre, WSP doit être là pour ces industries [qui veulent effectuer leur transition énergétique]. En matière d’énergies renouvelables, par exemple, ce que l’on a actuellement dans le monde, ce n’est pas suffisant pour pallier les besoins. »

Selon des chiffres cités par M. L’Heureux, « l’Agence internationale de l’énergie estime que la planète devra tripler ses investissements en énergies renouvelables d’ici 2030 pour infléchir la hausse des températures ».

Par ailleurs, dans le contexte de l’invasion militaire russe en Ukraine et des tensions générées en Europe par sa dépendance envers le pétrole et le gaz d’origine russe, le président de WSP a souligné « qu’on parle beaucoup d’indépendance énergétique depuis quelques semaines ».

« Je pense que ça exacerbe cette discussion-là [sur les efforts de transition énergétique]. On ne pourra pas laisser derrière des industries importantes qui auraient besoin de savoir-faire technique pour réduire leur empreinte carbone. »

REM de l’Est

Dans un autre registre, le projet du REM de l’Est à Montréal intéresse WSP Global, mais la firme d’ingénierie attend la publication d’un appel d’offres en bonne et due forme avant de travailler plus en détail sur sa proposition.

« L’appel d’offres n’a pas été soumis encore, donc il n’y a rien à soumissionner pour nous en ce moment », a dit Alexandre L’Heureux, en entrevue à La Presse Canadienne en marge d’une allocution devant le Cercle canadien de Montréal, lundi.

S’il y a un appel d’offres et que le travail est bien fait, c’est sûr qu’on serait intéressé à soumissionner.

Alexandre L’Heureux, PDG de WSP Global

CDPQ Infra, filiale de la Caisse de dépôt et placement du Québec, a annoncé en mars qu’elle avait décidé de retarder la présentation finale du projet devant le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE), qui était prévue ce printemps, afin d’obtenir une meilleure adhésion de ses partenaires, dont la Ville de Montréal.

« C’est sûr qu’on se prépare en amont, mais tant et aussi longtemps qu’on ne connaît pas les aboutissements de tout ça, c’est difficile d’avoir une préparation optimale, a dit le grand patron de WSP. On attend d’avoir plus de détails pour soumissionner. »

WSP avait tenté d’obtenir le contrat d’ingénierie et de construction pour le premier tracé du REM, mais la société s’était fait damer le pion par sa rivale SNC-Lavalin.

Avec La Presse Canadienne