Le recours aux coupons rabais n’augmente pas au même rythme que le prix du panier d’épicerie, révèle une étude menée par l’Université Dalhousie, notamment parce que certaines règles d’utilisation freinent les clients. Or, en s’y mettant sérieusement, Caroline Cadorette, une « couponneuse » professionnelle qui gère un service de garde, réussit selon ses calculs à économiser au moins 300 $ chaque semaine. Et de plus en plus d’adeptes suivent ses enseignements.

Une tendance à la hausse

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Dans l’ensemble du Canada, ce sont 11 % de consommateurs qui se sont présentés plus souvent à la caisse avec un coupon en poche qu’il y a six mois.

Environ 16 % des Québécois ont recours aux coupons plus souvent qu’il y a six mois, selon le rapport réalisé en collaboration avec Angus Reid, qui a interrogé 1501 Canadiens au cours du mois de mars. À l’échelle du pays, ce sont 11 % de consommateurs qui se sont présentés plus souvent à la caisse avec un coupon en poche. Les résultats obtenus étonnent beaucoup Sylvain Charlebois, directeur principal du Laboratoire des sciences analytiques en agroalimentaire de l’Université Dalhousie. Ce dernier s’attendait à ce que cette façon d’économiser soit plus populaire. « L’engouement pour utiliser des coupons chez les gens de 35 ans était doublement plus grand que pour ceux âgés de 55 ans et plus », peut-on lire dans l’enquête dont les résultats seront publiés vendredi. Et les consommateurs gagnant un revenu inférieur à 50 000 $ y ont plus souvent recours, dans une proportion de 18 %, contre 14 % pour ceux empochant un salaire plus élevé. » On voulait comprendre pourquoi, a expliqué M. Charlebois au cours d’une entrevue accordée à La Presse. Et pourquoi les gens ne sont-ils pas enclins à utiliser les coupons, malgré des prix plus élevés. »

Beaucoup d’efforts

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Près de 68 % des consommateurs affirment qu’ils utiliseraient des coupons s’ils en avaient plus à leur disposition.

Après avoir décortiqué les données obtenues, Sylvain Charlebois a constaté que l’accessibilité pesait lourd dans la balance. Près de 68 % des consommateurs affirment qu’ils les utiliseraient s’ils en avaient plus à leur disposition. Certains supermarchés distribuent plus de coupons rabais que d’autres. Le consommateur peut toutefois conserver ceux qu’il reçoit par la poste, par exemple. Les coupons à découper en circulaire sont également quasi inexistants. Près de la moitié des répondants (49 %) estiment que les règles d’utilisation des coupons sont trop restrictives, notamment parce qu’ils sont offerts sur une courte période. Dans une proportion de 45 %, ceux-ci ont également affirmé qu’ils ne donnaient pas nécessairement accès à des rabais intéressants. Pour 38 % des gens, retarder la file d’attente à la caisse, lorsque l’on doit remettre ses coupons, comptait parmi les éléments dissuasifs. « Il faudrait s’assurer qu’il y ait moins de restrictions, plus de flexibilité, que les rabais soient plus intéressants, résume M. Charlebois. Il faut que l’on récompense le travail des consommateurs qui font du couponnage. »

Économies hebdomadaires de 300 $

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Caroline Cadorette, « couponneuse » professionnelle, réussit selon ses calculs à économiser au moins 300 $ chaque semaine.

Caroline Cadorette, celle que plusieurs marchands surnomment Madame Coupons, récolte chaque semaine le fruit de ses efforts avec des économies de plus de 300 $. En plus des circulaires qu’elle regarde attentivement chaque lundi, elle effectue tous les jeudis sa « tournée de coupons » et est à l’affût de tous les produits sur lesquels on a accolé une étiquette de rabais. Entre 16 h 30 et 21 h 30, Mme Cadorette, qui habite à Sainte-Julie, visite des magasins et des pharmacies appartenant aux principales enseignes. « J’ai hâte au jeudi. C’est une drogue », lance-t-elle au bout du fil. En plus des coupons qu’elle ramasse en supermarchés, Mme Cadorette, qui est responsable d’un service de garde à la maison, n’hésite pas à contacter les entreprises pour qu’elles lui envoient des coupons. Elle connaît également les différentes applications et cartes à points offertes. La femme âgée de 51 ans, qui estime que le temps consacré à la chasse aux rabais en vaut la peine, fait part de ses trouvailles sur sa page Facebook aux membres de son groupe Couponomiser à l’année.

Plus de disciples

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Caroline Cadorette est surnommée par certains Madame Coupons.

Si le sondage montre que le nombre d’utilisateurs de coupons ne connaît pas une augmentation fulgurante malgré la hausse du prix des aliments, Mme Cadorette observe quant à elle que, depuis le début de l’année, plus d’adeptes suivent ses « enseignements ». « En deux semaines, on a eu quasiment 5000 membres qui se sont ajoutés », dit-elle. Le groupe existe depuis 2015 et Caroline Cadorette assure ne jamais avoir eu autant de demandes en si peu de temps. Actuellement, ce sont près de 15 000 personnes qui relaient et récoltent des informations sur les rabais de la semaine. Certains membres font des échanges de coupons. D’autres, par exemple, prennent en photo des flacons de shampoing reçus gratuitement après avoir contacté l’entreprise qui les fabrique.

Formation sur les coupons

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Caroline Cadorette montre certains coupons rangés méthodiquement dans un cartable.

En plus de faire partager ses trouvailles, cette spécialiste des aubaines donne presque chaque soir de la semaine – sauf les jeudis consacrés à sa tournée – une formation en ligne où elle explique et donne ses trucs et astuces. « Il y a de fausses croyances sur les coupons, dit-elle. Il faut juste savoir comment les utiliser. Il faut passer le coupon rabais, le plus possible quand le produit est [en réclame] », conseille-t-elle. « Il faut savoir aussi quand les appliquer. Souvent, les meilleures aubaines sortent pendant la 3e semaine du mois. » Et nul besoin de faire des réserves pour les dix années à venir. « Les rabais reviennent toujours, ajoute-t-elle également. Si une semaine la bouteille de ketchup est réduite à 2,97 $ chez Metro, la semaine d’après, elle va l’être chez IGA et l’autre semaine d’après chez Maxi. On n’a pas besoin de toujours stocker. »