Le prix de l’aluminium a atteint mardi un sommet depuis 2008 et s’approchait de son record en raison d’un confinement dans la ville de Baise, en Chine, affectant l’approvisionnement, après des mois d’envolée à cause d’une production contrainte.

Le cours de l’aluminium est monté mardi jusqu’à 3236 $ US la tonne et se rapproche ainsi de son record historique battu en juillet 2008, à 3380,15 $ US la tonne.

« La hausse des prix est avant tout due à des inquiétudes sur l’approvisionnement », a déclaré à l’AFP Daniel Briesemann, analyste pour Commerzbank.

La ville de Baise, qui compte 3,5 millions d’habitants et est située dans le Guangxi, dans le sud de la Chine, a été placée en quarantaine après l’apparition de cas de COVID-19.

Depuis dimanche soir, les habitants ne peuvent plus quitter la localité et ceux qui résident dans les zones dites à risque (où des cas ont été découverts) ont interdiction de quitter leur domicile, a annoncé la mairie.

« Il est à craindre que le confinement de la ville n’entrave le transport de l’aluminium, restreignant ainsi davantage l’offre » dans un marché où l’offre est déjà limitée, a ajouté M. Briesemann.

Le Guangxi est la troisième région chinoise en matière de production d’aluminium, expliquent les courtiers de Marex, et 80 % de la capacité régionale de production est concentrée à Baise.

Selon Commerzbank, Baise avait une capacité de production d’aluminium de 1,7 million de tonnes par an.

« La Chine souhaite réduire la pollution pour améliorer la qualité de l’air, notamment pendant les Jeux olympiques de Pékin », ajoute également Fawad Razaqzada, analyste chez ThinkMarkets.

Pour y parvenir, il faut alors réduire la consommation d’énergies fossiles. Or, les fonderies utilisent d’énormes quantités d’électricité produite par des centrales au charbon.

« Les politiques de protection de l’environnement dans les régions de Shanxi, Shandong et Henan sont également toujours en place en raison des Jeux olympiques d’hiver », confirment les courtiers de Marex.

Fond de crise géopolitique

Ces restrictions interviennent alors que la production en Europe a déjà été diminuée de plusieurs centaines de milliers de tonnes en raison des coûts énergétiques élevés actuellement, a souligné M. Briesemann, l’aluminium étant l’un des métaux nécessitant le plus d’énergie pour être produit.

Face à des tensions géopolitiques d’un niveau rarement atteint depuis la fin de la guerre froide à la suite du déploiement de dizaines de milliers de soldats russes à la frontière ukrainienne, les prix du gaz en Europe ont flambé, contraignant certains groupes d’aluminium à réduire leur de production.

« Les tensions géopolitiques entre la Russie et l’Ukraine n’ont pas seulement dopé les prix du pétrole et du gaz, mais aussi ceux des métaux », fait ainsi remarquer Fiona Cincotta, analyste de City Index.

La Russie figure parmi les plus grands producteurs d’aluminium, aux côtés de la Chine.

« La menace de sanctions venant de l’Occident fait également grimper les prix », explique à l’AFP Mme Cincotta.

La hausse des prix a par ailleurs été alimentée par la banque Goldman Sachs, qui prévoit la tonne d’aluminium à 4000 $ US.

« Outre l’offre restreinte, la demande devrait rester robuste. Le marché mondial de l’aluminium devrait donc enregistrer un autre énorme déficit cette année », a assuré M. Briesemann.

La demande d’aluminium, comme celle des autres métaux industriels et, plus largement, des matières premières, est particulièrement élevée, avec la reprise après le choc économique provoqué par la pandémie de COVID-19 en 2020.

L’aluminium est très utilisé dans les secteurs de la construction, de la fabrication de voitures, notamment hybrides, de l’aviation ou encore de la haute technologie.

Sur le marché des métaux de Londres (LME), la tonne d’aluminium pour livraison dans trois mois s’échangeait à 3202,50 $ US vers 10 h 45.