Après une année record dans l’aviation d’affaires, certains concurrents de Bombardier accélèrent leur production de luxueux jets et certains observateurs croient que l’entreprise québécoise pourrait décider de leur emboîter le pas cette semaine en faisant le point sur sa performance de 2021.

Ces augmentations de cadence doivent toutefois être soigneusement planifiées, puisque cette industrie n’est pas à l’abri des turbulences provoquées par les perturbations des chaînes d’approvisionnement aux quatre coins du monde.

La pandémie a incité les ultrariches et les mieux nantis à opter pour le transport aérien privé pour se déplacer. L’an dernier, le nombre de vols des jets d’affaires a ainsi grimpé de 7 % par rapport à 2019 – année où le marché avait finalement dépassé les niveaux records de 2018 –, selon les données de la firme d’analyse WingX.

« Nous croyons que la vigueur du marché est de bon augure pour que Bombardier annonce une augmentation de la cadence de production en même temps que ses résultats du quatrième trimestre [jeudi] », écrit Benoit Poirier, de Valeurs mobilières Desjardins, dans une note récemment envoyée à ses clients.

L’analyste a évoqué cette hypothèse après avoir analysé les résultats annuels de General Dynamics, la société mère de Gulfstream, qui a signalé, le 26 janvier dernier, que ses livraisons devraient légèrement augmenter cette année pour s’établir à 123 appareils. Elles s’accéléreront toutefois pour atteindre 170 jets en 2024.

Désormais exclusivement recentrée sur les avions d’affaires, Bombardier anticipait environ 120 livraisons en 2021.

L’entreprise n’est pas impliquée dans d’importants programmes de certification [contrairement à Gulfstream] et dispose de capacité de production excédentaire.

Benoit Poirier, de Valeurs mobilières Desjardins

M. Poirier rappelle que l’avionneur avait remis entre 150 et 170 avions des familles Challenger et Global à ses clients entre 2013 et 2015.

Constructeur des Cessna et Beechcraft, Textron continue à appuyer sur l’accélérateur en ce qui a trait à sa production après avoir livré 167 jets l’an dernier.

« Nous avons augmenté la cadence et nous prévoyons continuer à le faire tout au long de l’année », indiquait le chef de la direction de Textron, Scott Donnelly, le 27 janvier dernier, lors d’une conférence téléphonique avec les analystes financiers.

En bonne posture

Après avoir affiché un ratio de nouvelles commandes par rapport au nombre de livraisons de 1,8 au deuxième trimestre et de 1,7 au troisième trimestre, Bombardier devrait encore bien faire au quatrième trimestre, selon Cameron Doerksen, de la Financière Banque Nationale.

L’analyste anticipe une hausse de la production chez Bombardier cette année, sans toutefois se prononcer sur le moment où elle pourrait être annoncée. MM. Poirier et Doerksen ne se sont pas avancés sur les modèles qui pourraient faire l’objet d’une hausse de la cadence de production.

Cofondateur de la firme montréalaise de service-conseil et de financement spécialisé pour l’aviation d’affaires Echo Aviation, Frederic Larue n’est pas étonné des signaux envoyés par Gulfstream et Textron.

L’offre d’avions d’affaires sur le marché de l’occasion est à un creux « historique » d’environ 5 % de la flotte mondiale. La moyenne oscille généralement entre 15 et 20 %.

« Les délais de livraison étant de 18 à 24 mois, on peut donc effectivement s’attendre à ce que les constructeurs décident d’augmenter leur cadence de production afin de réduire ces délais », croit M. Larue.

Une accélération de la production se traduirait possiblement par des rappels chez Bombardier. Peu de temps après son arrivée aux commandes de l’entreprise, le président et chef de la direction Éric Martel avait procédé à 2500 licenciements, dont 1500 au Québec, en juin 2020.

Dans la région de Montréal, il y a « moins de 1000 employés » sur la liste de rappel, a indiqué dans un courriel une porte-parole de l’avionneur, Anna Cristofaro.

Pour le trimestre terminé le 31 décembre, les analystes sondés par la firme de données financières Refinitiv anticipent une perte par action de 4 cents US sur des revenus de 1,8 milliard US.

En savoir plus
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    Il s’agit de la taille du carnet de commandes de Bombardier en date du 30 septembre dernier, en hausse de 5 % par rapport à la fin de 2020.
    Bombardier