En Chine, les plus vieux se souviennent encore des années de famine et de rationnement, tandis que les plus jeunes sont de plus en plus nombreux à souffrir d’obésité et de diabète.

C’est le China Daily, média contrôlé par l’État chinois, qui le déplorait récemment : le pays doit absolument combattre la suralimentation, qui fait des ravages dans le pays.

La progression économique de la Chine depuis 50 ans est remarquable. Elle a notamment permis au président, Xi Jingping, de proclamer officiellement en 2021 que l’extrême pauvreté n’existait plus en Chine.

Difficile de savoir si c’est vraiment le cas, mais ce qui est certain, c’est que les Chinois se sont enrichis collectivement et individuellement en un laps de temps relativement court. Au point qu’ils doivent composer aujourd’hui avec les mêmes problèmes que les pays dits riches. L’obésité et le diabète en sont des exemples, l’augmentation des inégalités en est un autre. Il y a aussi l’endettement et la faillite, qui sont devenus une préoccupation majeure pour les dirigeants de Pékin.

Avec l’ouverture du régime au secteur privé et aux règles du jeu du capitalisme, le recours à l’endettement a permis de créer des géants dans certains secteurs clés, comme Evergrande dans l’immobilier.

Comme l’endettement, la faillite est un concept relativement nouveau en Chine. Ce n’est que depuis 2007 que les entreprises peuvent déclarer faillite. Avant, les entreprises en difficulté étaient le plus souvent rescapées par le gouvernement pour éviter leur fermeture et ne pas faire peur à la population.

Il est donc possible pour une entreprise chinoise de faire faillite, mais pas pour Evergrande, parce que ses difficultés ébranlent l’empire économique construit patiemment depuis Mao.

Il est acquis que le gouvernement chinois sauvera ce qui peut l’être d’Evergrande, qui ne parvient pas à acquitter les obligations de ses dettes colossales, estimées à plus de 300 milliards US.

Le gouvernement chinois est d’ailleurs en partie responsable de la chute d’Evergrande, lui qui a forcé les entreprises trop portées sur la croissance par endettement à se désendetter. Ce coup de gouvernail « pour la prospérité commune » a touché l’immobilier, la technologie et l’éducation, trois des secteurs les plus dynamiques de l’économie chinoise.

La chute du géant chinois de l’immobilier n’entraînera pas une crise financière mondiale comme celle qu’on a vécue avec les subprimes en 2008, comme certains l’ont craint, mais elle pèsera lourdement sur la croissance économique de la Chine. Le secteur immobilier, qui est le moteur de la croissance interne du pays, vacille et pourrait s’écrouler avec Evergrande.

Croissance du PIB

Il y a un an, le Fonds monétaire international prévoyait une croissance du produit intérieur brut (PIB) chinois de 8,1 % en 2022. Sa dernière prévision, en date de la semaine dernière, n’est plus que de 4,8 %.

La Chine a été le seul pays important à enregistrer une croissance positive en 2020, alors que la pandémie faisait plonger toutes les autres. Mais la ligne dure adoptée par le gouvernement pour combattre la pandémie est en train de se retourner contre lui.

Tout fermer au moindre signe de résurgence des cas de COVID-19, comme le font les Chinois, risque de handicaper la croissance de la deuxième économie mondiale et celle de tous les autres pays, s’inquiète d’ailleurs le FMI.

« Cela risque non seulement de ralentir la croissance, mais aura également des conséquences très importantes pour les chaînes d’approvisionnement mondiales », a indiqué la directrice générale adjointe du FMI, Gina Gopinath, dans une entrevue avec l’Agence France-Presse.

Le gouvernement chinois a exprimé son désaccord. Le ministère des Affaires étrangères de Chine a répondu que son pays restait « un moteur de la reprise économique mondiale ».

Ce moteur connaît toutefois des ratés et la croissance dans les deux chiffres qui le caractérisait semble bel et bien terminée. Peu à peu, elle se rapproche de celles, plus modestes, des pays dits avancés.

Et si l’année 2022 commence au ralenti pour l’économie mondiale, c’est beaucoup parce que la Chine peine à gérer la pandémie et à empêcher son secteur immobilier de s’écrouler.

En savoir plus
  • Presque au coude-à-coude
    Les deux plus importantes économies mondiales devraient croître à un rythme de 4 % pour les États-Unis et de 4,8 % pour la Chine, en 2022.
    FONDS MONÉTAIRE INTERNATIONAL