(Mexico) Les États-Unis ont répété vendredi au Mexique que son projet de réforme du marché de l’énergie leur inspirait des « préoccupations réelles » parce qu’il menace des dizaines de milliards de dollars d’investissements privés américains.

« Le projet de réforme pourrait également compromettre les efforts conjoints du Mexique et des États-Unis pour les énergies propres et le climat », a ajouté la secrétaire à l’Énergie américaine, Jennifer M. Granholm, dans une déclaration après un déplacement de deux jours à Mexico jeudi et vendredi.

La représentante américaine a « expressément transmis les » préoccupations réelles de l’administration Biden-Harris « lors de ses rencontres avec des officiels mexicains, y compris le président Andres Manuel Lopez Obrador.

« J’ai reçu l’assurance que le Mexique s’engage à soutenir l’énergie propre et à résoudre les contestations actuelles autour des projets sur l’énergie dans le cadre de la loi », a-t-elle affirmé.

L’ambassadeur des États-Unis au Mexique et la représentante américaine du commerce avaient déjà exprimé publiquement les préoccupations de leur pays dans les mois précédents.

La réforme constitutionnelle de l’énergie a pour objectif de » moderniser et renforcer, sans les privatiser « les deux entreprises 100 % publiques nationales Petróleos Mexicanos (Pemex) et la Commission fédérale de l’électricité (CFE), selon le gouvernement mexicain. Elle entend par exemple réserver 54 % du marché de l’électricité à la CFE.

Ce projet de réforme pourrait menacer « au moins 44 milliards de dollars d’investissements privés dans le secteur de l’énergie », avait écrit trois sénateurs démocrates dans une lettre à la secrétaire de l’Énergie avant son déplacement au Mexique, ainsi qu’au secrétaire d’État Antony Blinken.

L’exécutif mexicain veut aussi « combattre de manière effective la corruption » dans le secteur de l’énergie.

L’ancien président de Pemex Emilio Lozoya est en détention préventive pour sa responsabilité présumée dans le scandale Odebrecht, le géant du BTP brésilien qui a distribué des pots-de-vin en échange de marchés dans plusieurs pays latino-américains. Le parquet a demandé 39 ans de prison à son encontre.

Pemex a par ailleurs conclu l’achat de la raffinerie Deer Park au Texas jeudi pendant la visite de la secrétaire à l’Énergie, en rachetant 50 % des actions à Shell pour 596 millions de dollars.