Les voyages non essentiels sont déconseillés depuis presque un mois par le gouvernement Trudeau, ce qui n’empêche pas l’aéroport international de Burlington, au Vermont, d’inviter les voyageurs d’ici à changer de « décor ». Dans le contexte sanitaire actuel, il faut corriger le tir, reconnaît le directeur intérimaire des installations, Nic Longo.

Situé à environ 150 kilomètres du centre-ville de Montréal et prisé par de nombreux Québécois avant la pandémie, l’aéroport de Burlington a lancé une offensive publicitaire en français diffusée notamment, et ce, plusieurs fois par jour depuis plusieurs jours, sur les ondes de la station radiophonique 98,5 FM, propriété de Cogeco.

On y souligne notamment que la « sécurité et le confort sont notre priorité » pour y faire la promotion des installations. « Je vous dirais que oui, nous devons adapter notre message lorsque les recommandations des gouvernements changent, explique Nic Longo, en entrevue téléphonique avec La Presse. Lorsque nous avons commencé à travailler sur cette campagne publicitaire, le contexte était bien différent. »

Même s’il n’est pas interdit de traverser la frontière, Ottawa déconseille, depuis le 15 décembre, les voyages non essentiels en raison de la plus récente vague de la pandémie.

Aux États-Unis, les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies ont également conseillé d’« éviter de voyager » au Canada.

M. Longo affirme que l’aéroport américain préparait l’offensive publicitaire avant l’arrivée du variant Omicron, lorsque les restrictions frontalières étaient assouplies. L’objectif était de préparer le terrain en vue du printemps en rappelant aux voyageurs qu’ils étaient les bienvenus.

PHOTO TIRÉE DU SITE WEB DE L’AÉROPORT DE BURLINGTON

Nic Longo, directeur intérimaire de l’aéroport international de Burlington

Les choses changent et vous verrez très probablement ces publicités changer dans les prochains jours et prochaines semaines. Je crois que le message n’était pas axé sur les voyages en ce moment, même si cela peut être perçu différemment. Le message portait vraiment sur l’avenir.

Nic Longo, directeur intérimaire de l’aéroport international de Burlington

Ce dernier n’a pas précisé jusqu’à quand l’offensive publicitaire devait être déployée ainsi que les changements qui seront apportés.

Aéroports de Montréal (ADM), l’exploitant et gestionnaire des aéroports Montréal-Trudeau et Mirabel, n’a pas voulu commenter les stratégies d’« autres autorités aéroportuaires ». Dans un courriel, l’organisme sans but lucratif a expliqué qu’au cours des dernières semaines, les communications visaient à « partager des renseignements avec des voyageurs » pour leur permettre de « bien comprendre les nombreuses mesures sanitaires » dans les aéroports et « l’impact que celles-ci peuvent avoir sur le parcours passager ».

Chez Cogeco, la porte-parole Christine Dicaire a souligné, dans un courriel, qu’il n’était pas « défendu » de voyager en dépit des recommandations gouvernementales. Plusieurs annonceurs se tournent vers les stations du groupe pour demeurer « présents à l’esprit des consommateurs ». « Même situation pour les restaurants, les gyms ou les salles de spectacle, écrit Mme Dicaire. Ils préfèrent regarder vers le futur que vers le présent. C’est une stratégie marketing qui a fait ses preuves. »

Présidente de Massy Forget Langlois relations publiques, Mylène Forget voit, dans la stratégie de l’aéroport de Burlington, un « incitatif à la délinquance » à l’égard des recommandations sanitaires. « La perception semble bien différente aux États-Unis, dit-elle. L’évaluation du risque ne semble pas la même. Peut-être que c’est un manque de sensibilité à la réalité québécoise. Nous sommes aussi dans une situation de libre marché et la concurrence demeure dans l’industrie du voyage. »

À son avis, les diffuseurs du message publicitaire, comme Cogeco, n’ont pas à être montrés du doigt. Selon Mme Forget, c’est la stratégie marketing de l’aéroport de Burlington qui doit faire l’objet d’un examen.