Malgré les indices d’une « reprise lente » en fin d’été, Aéroports de Montréal (ADM) s’attend à une année 2021 qui sera encore pire que l’an dernier pour la chute drastique du niveau d’activité à l’aéroport Montréal-Trudeau.

Dans leur présentation en assemblée générale, jeudi, les dirigeants d’ADM ont indiqué qu’ils prévoient maintenant un achalandage d’à peine 3,3 millions de passagers durant toute l’année 2021.

S’il s’avère, ce très faible achalandage aéroportuaire serait inférieur d’un tiers (37 %) au niveau déjà très déprimé de 5,3 millions de passagers mesuré en 2020, avec le choc de la pandémie dans le secteur de l’aviation commerciale.

Un tel niveau d’à peine 3,3 millions de passagers en 2021 serait aussi inférieur de 84 % au niveau record de 20,3 millions de passagers à l’aéroport Montréal-Trudeau en 2019, l’année ayant précédé la pandémie.

« Nous anticipons une reprise lente à partir du mois d’août, en particulier avec les liaisons transfrontalières et les voyageurs de tourisme, suivis probablement des liaisons transatlantiques. Mais le retour des voyageurs d’affaires, qui comptaient pour 40 % du trafic passagers, s’annonce beaucoup plus lent. C’est aussi le silence radio du côté des transporteurs asiatiques », a répondu Philippe Rainville, président-directeur général d’ADM, aux questions de La Presse en téléconférence après l’assemblée annuelle.

Jusqu’en 2025

Dans ce contexte, la direction d’ADM s’attend maintenant à ce que la reprise du choc de la pandémie s’étire jusqu’en 2025, soit dans quatre ans, pour un « possible retour » à un niveau d’achalandage proche des 20 millions de passagers par an.

C’est aussi une année de plus que l’échéancier de 2024 pour la « solidification d’une remontée significative » du trafic de passagers chez ADM auquel l’agence de notation financière Moody’s faisait référence dans son plus récent avis concernant la société aéroportuaire, publié en mars.

Entre-temps, la direction d’ADM entend continuer de stabiliser son état de santé financière déjà très éprouvé depuis un an afin d’« être prête » lorsque la reprise du secteur aérien sera plus manifeste.

Déficit de 234 millions

Dans ses résultats financiers pour l’exercice 2020, publiés à la fin mars, ADM rapportait un déficit de 234 millions de dollars résultant d’une chute drastique de ses revenus de 60 %, à seulement 282 millions.

En comparaison, lors de l’année précédente en 2019, ADM avait dégagé un surplus de 97,8 millions sur des revenus qui avaient totalisé 707 millions, poussés par des niveaux records pour le nombre de passagers et de mouvements d’avions à l’aéroport Montréal-Trudeau.

Pour l’exercice courant, la direction d’ADM anticipe des résultats financiers encore très dégradés par rapport aux années fastes d’avant la crise de la pandémie.

Mais pas au point de mettre en péril sa solvabilité financière à court terme, affirme le PDG Philippe Rainville, en faisant référence à la vente d’obligations de société à hauteur de 400 millions (à 3,44 % d’intérêt et échéance 30 ans) réalisée en avril auprès d’investisseurs institutionnels.

« Ce total devrait nous permettre de survivre financièrement durant le reste de la crise jusqu’à la fin de l’année 2022 ou au début de 2023, mais à la condition que la relance du trafic aérien se poursuive comme prévu d’ici là », a précisé M. Rainville à La Presse.