Le gouvernement du Québec met 20 millions de plus dans Elysis, coentreprise de Rio Tinto et d’Alcoa qui développe une technologie d’avant-garde pour produire de l’aluminium plus vert.

Cette nouvelle mise de fonds porte à 80 millions l’investissement public dans le projet lancé en 2018 et auquel Apple participe aussi financièrement. L’argent servira à accélérer les travaux en aidant les fournisseurs québécois à concevoir les équipements requis par le nouveau procédé.

« Tous les équipements sont en train de se développer à partir d’une page blanche. Ça ne ressemble pas à une cuve traditionnelle », a expliqué le président-directeur général d’Elysis, Vincent Christ, lors d’un entretien avec La Presse.

Elysis veut remplacer les anodes du procédé traditionnel de fabrication d’aluminium par des anodes sans carbone, dont la durée de vie est 30 fois plus grande. Le nouveau procédé permet à la fois de réduire les coûts et d’augmenter la capacité de production d’une aluminerie, tout en éliminant les émissions polluantes.

Si elle réussit son pari, Elysis pourrait révolutionner la production d’aluminium, qui n’a pas changé depuis plus de 130 ans. Mais pour le moment, la coentreprise travaille à prouver que sa technologie fonctionne à l’échelle commerciale. Elle vise 2024 pour y parvenir.

« Je dirais qu’on a fait 50 % du chemin », indique Vincent Christ.

Une nouvelle étape est sur le point d’être franchie avec l’installation de prototypes des nouvelles cuves à l’extrémité d’une chaîne de production active à l’usine de Rio Tinto à Alma. L’objectif est de démontrer l’efficacité de la technologie dans un environnement industriel réel.

Une centaine de personnes s’activent au sein d’Elysis, dont 25 à son centre de recherche et développement à Saguenay.

Graduellement, la technologie mise au point par Elysis pourrait remplacer le procédé traditionnel dans les usines existantes, croit Vincent Christ. « Comme il se construit très peu d’alumineries dans le monde, le marché qu’on vise en premier est celui de la modernisation des installations existantes », dit-il.

À plus long terme, la demande mondiale d’aluminium devrait augmenter et de nouvelles capacités de production seront nécessaires, croit-il. « Même si on augmente le recyclage, l’offre deviendra insuffisante. »

Les quelques lingots déjà produits avec la technologie d’Elysis ont aussitôt trouvé preneurs. « Avec les engagements envers la carboneutralité pris par de plus en plus d’entreprises, une forte demande est à prévoir » pour la production d’aluminium moins émissive, croit Vincent Christ.

Déjà, l’aluminium produit à partir d’énergie renouvelable, comme celui produit au Québec, se vend à prime sur le marché. La technologie d’Elysis promet donc une réduction de 15 % des coûts de production des alumineries et un produit qui pourrait se vendre plus cher que le métal produit avec les procédés traditionnels. « Le prix, comme toujours, sera fonction de l’offre et de la demande », dit le PDG d’Elysis.

Premiers acheteurs

Parmi les entreprises qui n’ont pas attendu le début de la production commerciale d’aluminium de nouvelle génération se trouvent :

Apple : la première production d’aluminium d’Elysis a été achetée en 2019 par Apple pour être utilisée dans la fabrication de ses produits.

Anheuser-Busch in-Bev : le plus grand brasseur du monde vendra une de ses marques, la Michelob Ultra, dans des canettes d’aluminium de nouvelle génération.

Audi : un fournisseur du fabricant allemand utilise de l’aluminium produit par Elysis pour les jantes de l’Audi e-tron GT, son premier modèle sport électrique.