(Montréal) Les Boeing 737 MAX pourront à partir de mercredi voler à nouveau dans l’espace aérien canadien.

Après presque deux ans d’examen par ses experts en sécurité et en certification, le ministère canadien des Transports a annoncé lundi le retour de l’appareil qui avait été interdit de vol au printemps 2019 après deux écrasements, survenus à près de cinq mois d’intervalle.

Les avions seront autorisés à voler à condition qu’ils respectent certaines conditions spécifiées par Transports Canada en décembre, notamment en permettant aux pilotes de désactiver le système d’avertissement défectueux qui avait été au cœur des deux écrasements en 2018 et 2019.

« Les Canadiens et l’industrie du transport aérien peuvent être assurés que Transports Canada a corrigé avec diligence tous les problèmes de sécurité avant de permettre la remise en service de cet aéronef dans l’espace aérien canadien », a indiqué le nouveau ministre fédéral des Transports, Omar Alghabra.

L’annonce de lundi met fin à un processus de « deuxième certification » sans précédent dans l’histoire de l’aviation civile moderne. Les 737 MAX sont cloués au sol depuis mars 2019, à la suite de l’écrasement d’un appareil de Lion Air près de Jakarta le 29 octobre 2018, puis d’un appareil d’Ethiopian Airlines le 10 mars 2019 ; 346 personnes sont mortes dans ces écrasements.

Les enquêteurs ont ensuite déterminé que les accidents avaient été causés par une défectuosité dans le système informatique, qui a tiré vers le bas le nez de l’appareil sans que les pilotes ne puissent désactiver la commande automatique.

Lacunes de Boeing et de la FAA

Une enquête du Congrès américain a par ailleurs révélé que des faux pas chez Boeing et la FAA n’avaient pas permis de déceler le dysfonctionnement. L’enquête a révélé des lacunes à la fois au sein de Boeing, qui a compromis la sécurité pour maximiser ses profits, et de la FAA, qui a exercé une surveillance inadéquate sur la certification du nouvel appareil.

Il est déjà arrivé que des appareils soient cloués au sol après un écrasement d’avion, mais les suspensions de vols n’ont jamais duré aussi longtemps que pour le 737 MAX, qui a été réexaminé indépendamment par d’autres autorités de l’aviation civile, comme celles de l’Union européenne et de la Chine.

Avant les accidents du 737 MAX, les autorités de l’aviation civile acceptaient généralement les certifications accordées par d’autres pays, mais le rôle du régulateur américain dans ce dossier pourrait inaugurer une nouvelle ère d’examens plus intensifs par les régulateurs étrangers.

« Les organismes de réglementation comme Transports Canada ont appris qu’ils doivent être beaucoup plus prudents, beaucoup plus vigilants, faire moins confiance » aux autres agences, a déclaré Joel Morin, consultant en aviation pour la firme To70.

Les États-Unis ont approuvé la remise en service du 737 MAX en novembre et les premiers vols commerciaux ont décollé en décembre.

L’approbation de l’avion au Canada aidera les compagnies aériennes en difficulté, qui comptent sur cet appareil plus petit et économe en carburant pour les vols long-courriers. Mais les transporteurs canadiens sont maintenant confrontés à un nouveau défi : convaincre les consommateurs de voler réellement à bord de l’avion, tâche rendue encore plus ardue par la pandémie de COVID-19.

Des sondages ont montré que les gens sont toujours nerveux à propos du MAX. Une enquête auprès de 1757 voyageurs, menée par Barclays en mai, a révélé que 21 % des répondants ne voleraient jamais sur un MAX et 23 % prévoyaient d’attendre un an ou plus.

Selon Transports Canada, les exploitants canadiens seront prêts pour la remise en service des 737 MAX « dans les prochains jours ou les prochaines semaines ».

Air Canada a annoncé plus tard lundi que ses avions MAX reprendraient du service le 1er février. Ils seront assignés à des vols entre Toronto et Halifax, Montréal, Ottawa, Edmonton et Winnipeg, sur les lignes « qui conviennent le mieux à (leur) portée et à (leur) capacité ».