Alors que le gouvernement table sur l’importance de mettre des produits d’ici dans son panier depuis le début de la pandémie, près de la moitié des Québécois estiment ne pas avoir les moyens d’augmenter davantage le nombre d’articles locaux qu’ils se procurent en magasin. Or, dans les supermarchés, la présence de produits issus de la province s’est accentuée et leurs ventes ont fait un bond de 18 % par rapport à 2019.

Voilà les conclusions qui ressortent d’une conférence intitulée L’élastique bleu : mesurer la sensibilité aux prix des Québécois, organisée mercredi par Aliments du Québec et à laquelle ont participé des représentants de la firme Léger et de Nielsen IQ, société spécialisée en analyse de données relatives à la consommation.

Plus de la moitié des Québécois (54 %) estiment que leur budget ne leur permet pas d’acheter davantage de produits d’ici, selon un sondage mené par Léger en octobre auprès de 1000 répondants.

« On a une majorité de Québécois qui aimeraient acheter plus “local” mais qui croient ne pas en avoir les moyens », a affirmé Christian Bourque, vice-président exécutif et associé principal chez Léger, au cours de la conférence.

On a une majorité de Québécois pour qui le prix est un frein à l’achat local.

Christian Bourque, vice-président exécutif et associé principal chez Léger

Ces consommateurs sont âgés de 25 à 44 ans, ont généralement des enfants, ainsi qu’une maison et une voiture à payer, décrit-il.

À l’autre bout du spectre, près de 31 % des gens tentent de se procurer des produits d’ici dès qu’ils le peuvent. Selon M. Bourque, le plus grand supporteur de l’achat local est un homme francophone âgé de 55 ans et plus avec un salaire supérieur à 100 000 $. « On a des supporteurs et on a des gens qui, sans [être] des opposants, ont un pied sur le frein. »

Pourquoi acheter local ?

Encourager les producteurs de leur région arrive en tête du palmarès des raisons qui incitent les Québécois à se procurer leurs produits. Près de 41 % ont invoqué cette motivation, selon le sondage de Léger. Puis, 26 % des gens se disent prêts à acheter des aliments « bleus » quand ils affichent un prix égal à la compétition.

D’ailleurs, selon Nielsen, les produits d’ici en promotion ou en vedette dans les circulaires trouvent davantage preneurs que ceux de la compétition pour un rabais équivalent.

Par ailleurs, certains consommateurs ne semblent plus vouloir qu’on leur fasse la promotion de l’achat local, notamment à travers différentes campagnes. Près du quart de la population (27 %) affirme en avoir assez qu’on leur en parle.

Plus de marques d’ici et plus de ventes

Du côté des supermarchés, les produits québécois offerts sur les tablettes connaissent un grand succès cette année. Selon les données compilées par Nielsen, au cours des 52 dernières semaines – période se terminant le 2 octobre 2021 –, ces produits ont généré des ventes additionnelles de 914 millions par rapport à 2019, une croissance de 18 %. « C’est vraiment un beau marché pour Aliments du Québec et c’est vraiment une bonne nouvelle pour l’industrie québécoise », a souligné Francis Parisien, vice-président principal, ventes PME Canada, de Nielsen.

La variété de biscuits, sauces et autres mets congelés d’ici s’est également élargie. Depuis 2019, 3500 nouveaux articles québécois à travers 165 marques ont fait leur apparition. En tout, ce sont 235 nouveaux transformateurs qui se sont lancés dans l’aventure.

Actuellement, les consommateurs retrouvent dans les allées d’épicerie près de 3000 marques québécoises.