L’été a été particulièrement achalandé pour bon nombre d’hôteliers du Québec. À un point tel que les établissements de certaines régions comme les Îles-de-la-Madeleine, la Gaspésie, le Bas-Saint-Laurent et la Côte-Nord ont enregistré pendant la saison estivale des taux d’occupation supérieurs à ceux de 2019, 2018 et 2017, soit avant la pandémie, alors que les frontières étaient toutes grandes ouvertes aux visiteurs étrangers.

Les régions de la Gaspésie et de Charlevoix ont connu, par exemple, pour les mois de juin à août, une hausse de l’achalandage dans les établissements d’hébergement de 5,3 % par rapport à 2019, selon le bilan estival 2021, dont les résultats ont été dévoilés vendredi par le ministère du Tourisme. Sur la Côte-Nord (région touristique de Duplessis), on fait état d’une augmentation de 24,2 % par rapport à 2019.

« Tôt dans la saison cette année, j’avais dit qu’on allait avoir un été supérieur [au précédent], en raison des échos qu’on avait sur le terrain de gens qui, cette année, réservaient d’avance », a rappelé la ministre du Tourisme, Caroline Proulx, au cours d’une entrevue téléphonique accordée à La Presse.

« Ils ont tellement bûché fort dans l’industrie, les entrepreneurs, les hôteliers ont tellement travaillé fort. On a été là. Je suis fière de dire que c’est 1,2 milliard qu’on a injecté dans l’industrie. Je suis vraiment contente que finalement on se sorte la tête de l’eau et qu’on puisse avancer. »

Près de 84 % des vacanciers venaient du Québec, 12 % de l’Ontario et 4 % des autres provinces canadiennes. Le Ministère ne dispose pas pour le moment de données sur le nombre de touristes ayant visité le Québec et sur les recettes touristiques enregistrées au cours de l’été.

Par ailleurs, plusieurs régions du Québec ont connu leurs meilleurs taux d’occupation hôtelière des cinq dernières années pour les mois de juin à août. Le taux était de 66,5 % aux Îles-de-la-Madeleine en 2017, et de 72,6 % l’année suivante. Il a augmenté à 76,3 % en 2019, alors que cette année, il a été de 81,4 %. Parmi toutes les régions, il s’agit d’ailleurs du taux d’occupation le plus élevé. Le prix moyen d’une chambre en territoire madelinot est passé de 121,60 $ en 2019 à 129,30 $ pour l’été qui vient de se terminer.

Comment expliquer pareille performance cette année ? Le télétravail et la réduction des dépenses en vêtements et en restaurants expliquent en partie le fait que les gens ont investi dans leurs vacances au Québec, soutient la ministre Proulx. Les mesures incitatives mises en place par le gouvernement, comme le Passeport Attraits – permettant aux visiteurs d’obtenir des rabais pour des activités touristiques – ou le programme Explore Québec sur la route – donnant la possibilité aux visiteurs d’acheter des forfaits –, ont également contribué à faire augmenter l’achalandage, estime-t-elle.

« La promo a été canon, ajoute Mme Proulx. On a investi au Québec des sommes record, plus 5,5 millions de dollars qu’on va injecter pour l’automne et l’hiver. »

Les grands centres

Les régions de Québec et de Montréal, destinations prisées par les touristes internationaux, n’ont toutefois pas connu le même sort que les autres. Alors que la métropole avait un taux d’occupation de 82,5 % en 2019, comptant parmi les plus élevés de la province, il est descendu à 22,8 % en 2020 pour remonter cette année à 43,2 %. Le prix moyen d’une chambre y est passé de 187,20 $ il y a deux ans à 143,10 $ en 2021.

« À l’an 1 de la COVID, Montréal avait été identifié comme étant un peu la zone chaude à éviter, souligne Mme Proulx. En 2021, c’était davantage possible [de séjourner dans la métropole] avec une vaccination qui s’accélérait et le fait que Montréal n’était plus autant stigmatisé. Il y a encore beaucoup de travail à faire », reconnaît-elle toutefois.

Les dépenses faites dans la métropole ont néanmoins augmenté pendant l’été par rapport à l’an dernier, selon des données révélées par Moneris, fournisseur de solutions de paiement par carte de débit et de crédit. On note une hausse de 275 % dans les bars et de 24 % dans les stations-service et les dépanneurs. Pour l’ensemble du Québec, Moneris fait état de 45 % d’augmentation des dépenses dans les hôtels et de 69 % pour les attractions touristiques et les expositions.

Garder les Québécois… au Québec

Par ailleurs, à la lumière des résultats de cet été, il reste à voir si les Québécois ressentiront davantage l’appel du Sud, de l’Europe ou des États-Unis pour leurs prochaines vacances estivales. « Je continue à faire de la promotion pour fidéliser une clientèle québécoise au Québec, assure Caroline Proulx. Je ne me battrai pas contre un 800 $ [tout inclus] à Cayo Coco. Mais moi, je vais continuer à faire des offres aux Québécois. »

Évolution du taux d’occupation (juin, juillet, août)

Gaspésie

66,7 % (2017)

69,0 % (2018)

72,7 % (2019)

68,0 (2020)

75,8 % (2021)

Bas-Saint-Laurent

70,9 % (2017)

69,6 % (2018)

69,3 % (2019)

58,2 % (2020)

74,1 % (2021)

Montréal

87,8 % (2017)

84,4 % (2018)

82,5 % (2019)

22,8 % (2020)

43,2 % (2021)

Source : Tourisme Québec

L'été 2021 en bref

42 600

Nombre d’unités d’hébergement louées par jour au Québec, en hausse de 45 % par rapport à 2020, pour un taux d’occupation moyen de 57 %

149 $

Prix moyen des unités louées, en hausse de 20 % par rapport à 2020

Source : Tourisme Québec