Revenir dans les tours du centre-ville en mode hybride ? Oui, mais dans quelle proportion ? Et quand exactement ? Avec la quatrième vague qui s’installe, les plans automnaux de bien des entreprises pourraient changer encore plusieurs fois.

« Nos plans de retour sont coulés dans le Jell-O », a illustré Isabel Pouliot, vice-présidente exécutive, talent, culture et leadership de Pomerleau, lors d’une causerie virtuelle organisée par la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, jeudi.

Les plans de bien des entreprises ont plus d’une fois été revus et adaptés au fil de l’évolution de la pandémie. La clé chaque fois qu’on se penche sur la planche à dessin ? Écoute, flexibilité et adaptabilité. « On est à l’écoute des recommandations du gouvernement, mais aussi des employés, a dit Anne Dongois, chef des communications de Lune Rouge, lors de la même causerie. On a commencé à travailler notre plan de retour en juin. On a fait une rencontre avec tous les employés, on a écouté leurs inquiétudes et leurs idées. On a présenté le plan de retour en août, mais on leur a demandé d’être ouverts aux changements. Car évidemment, le plan est appelé à évoluer. »

On dit à nos employés qu’on va apprendre ensemble et essayer des choses.

Isabel Pouliot, vice-présidente exécutive, talent, culture et leadership de Pomerleau

Lune Rouge, qui compte 80 employés, envisage pour le moment un retour au bureau à raison de deux ou trois jours par semaine. « On a la chance que le complexe de la Maison Alcan, où on travaille, soit plus large que haut, a indiqué Anne Dongois. Il y a de l’espace, ça respire. »

PHOTO CATHERINE LEFEBVRE, ARCHIVES COLLABORATION SPÉCIALE

Passants au centre-ville de Montréal

Pomerleau, qui compte 4000 employés, est en mode « essais-erreurs » et sa direction estime actuellement qu’il faut une rentrée progressive en septembre à raison d’une à deux journées par semaine, puis éventuellement de deux à trois. « On n’a pas déterminé de journée fixe, a dit Isabel Pouliot. On demande aux équipes de chaque département de définir quel mode hybride va fonctionner pour elles. La réponse ne sera pas la même pour toutes. On va voir comment ça se passe. Si on a besoin d’intervenir ou d’être plus prescriptif, on le fera. Mais j’ai bon espoir que les équipes vont trouver des façons de faire. Il faut se mettre en mode collaboration et lâcher prise. Certains ont très hâte de revenir, d’autres sont anxieux. Il faut se parler et essayer des choses. »

Sur le plan de la sécurité, tant Pomerleau que Lune Rouge incitent fortement leurs employés à se faire vacciner, sans que ce soit obligatoire. « C’est un message qu’on répète, a dit Isabel Pouliot. On pense que c’est la meilleure façon de se protéger et de sortir de la pandémie. On a l’intention de demander aux employés sur une base anonyme s’ils ont été vaccinés pour avoir une idée du taux de vaccination chez nous. Évidemment, il y a beaucoup de discussions autour du passeport vaccinal, donc on est à l’écoute des positions des gouvernements et des autres entreprises. »

Valeur ajoutée

Une chose importe à Mmes Dongois et Pouliot : la valeur ajoutée du retour au bureau, un espace qui ne sera plus habité de la même façon au sortir de la pandémie. « Les gens ne doivent pas simplement revenir au bureau pour être devant leur ordinateur, pense Anne Dongois. L’idée est vraiment de se revoir et de ressouder les liens. Il faut s’assurer qu’il y ait un accueil, un environnement chaleureux, qu’on enveloppe un peu plus les employés. »

Il faut revenir en présentiel pour les bonnes raisons. Ne venez pas faire du télétravail ici ! Repensez votre horaire pour voir des collègues. Il y a un effort à faire de part et d’autre pour que la présence au bureau amène de la valeur.

Isabel Pouliot, vice-présidente exécutive, talent, culture et leadership de Pomerleau

Dans tous les cas, les directions ne doivent pas perdre leur leadership à ce point-ci. « C’est à l’équipe de gestion d’établir la ligne directrice souhaitée et de voir ensuite comment on peut être flexible et assurer un bien-être à tous, a dit Anne Dongois. Le spectre de ce que les gens veulent est large. »

En attendant, Lune Rouge et Pomerleau assurent communiquer régulièrement avec les employés et retenir des leçons de la dernière année et demie. « On a tendance à ne pas vouloir communiquer tant qu’on n’a pas toutes les réponses, mais même quand on n’a pas de réponses, les employés veulent savoir qu’on se questionne et qu’on envisage certaines choses, a noté Isabel Pouliot. Par ailleurs, c’est important qu’on apprenne de la pandémie et de cette transformation accélérée. On est tannés de Zoom, mais ça nous permet de participer à plus d’évènements et d’être plus proches de certains collaborateurs. Il faut retrouver ce qui nous manque, mais garder le bon de la pandémie. »