Près du tiers des Canadiens ont fait du télétravail durant la pandémie. L’Ontario compte la plus grande proportion de gens en télétravail depuis l’éclosion de la COVID-19 (37 %), deux fois plus que Terre-Neuve-et-Labrador (17 %). La proportion est de 30 % au Québec et de 43 % à Montréal. La possibilité ou le désir de travailler à la maison diffère selon qu’on est un serveur de resto en ville ou une scientifique vivant en région, selon une analyse de Statistique Canada dévoilée mercredi.

45 %

Revenu familial élevé égale travail à domicile ! Chez les familles dont les deux conjoints travaillent et qui font partie des 10 % les mieux rémunérés au Canada, 45 % ont travaillé à la maison d’avril 2020 à juin 2021. La proportion est de 5 % chez les couples dont les revenus se situent dans les 10 % les moins élevés au pays. Le type d’emploi est directement lié à cette statistique.

Environ 70 % des gens travaillant dans les milieux de l’assurance, de la finance, des services professionnels, techniques et scientifiques ont fait du télétravail. C’était aussi le cas pour 65 % des travailleurs de l’industrie culturelle et du milieu de l’information et 56 % des administrations publiques. Naturellement, beaucoup moins de travailleurs (5 %) des secteurs de la restauration et de l’hébergement ont pu travailler à domicile.

Plus propice dans les grandes entreprises

Les salariés des entreprises de 500 employés et plus ont davantage fait du télétravail que ceux des PME de moins de 20 personnes. Statistique Canada cite comme exemple que 80 % des employés de grandes entreprises de services professionnels, scientifiques et techniques ne se sont pas déplacés à leurs bureaux pendant la pandémie, comparativement à 54 % pour ceux des PME. Dans le secteur privé, deux fois plus de salariés (36 % contre 18 %) des grandes entreprises ont fait du télétravail comparativement à ceux des PME. « Les grandes variations observées d’avril 2020 à juin 2021 entre secteurs et tailles d’entreprises donnent à penser que les préférences des employeurs pour le télétravail, une fois la pandémie de COVID-19 terminée, pourraient varier en fonction de ces deux dimensions », lit-on sur le site de Statistique Canada.

Les femmes mariées davantage à la maison

Près du tiers des hommes mariés ayant des enfants ont travaillé à domicile, contre 22 % des hommes non mariés et sans enfants. La proportion grimpe à 39 % pour les femmes mariées avec des enfants et à 30 % pour les non mariés sans enfants. Par ailleurs, 58 % des gens ayant une maîtrise ou un doctorat ont travaillé de la maison, contre 7 % des gens sans diplôme d’études secondaires. « Quel que soit leur état matrimonial et qu’ils aient ou non des enfants, les hommes travaillaient à domicile dans une moindre mesure que les femmes », écrit Statistique Canada.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Dorothy Rhau, PDG de l’OBNL Audace au féminin

« Quand les enfants étaient à la maison au début de la pandémie, ça représentait une surcharge pour les parents, analyse Dorothy Rhau, PDG de l’OBNL pour l’avancement des femmes noires Audace au féminin. Quand les enfants sont retournés à l’école ou à la garderie, plus de femmes ont probablement préféré rester à la maison pour concilier mieux le travail et la famille. Par ailleurs, je serais intéressée de connaître le pourcentage de femmes racisées qui ont dû retourner au travail, alors qu’on en trouve beaucoup parmi les travailleurs essentiels et moins comme cadres. Le pourcentage serait plus faible, à mon avis, parmi celles qui ont été en télétravail. »

Qui veut retourner au bureau ?

Par ailleurs, 53 % des ménages canadiens comptent au moins un membre qui a travaillé de la maison pendant la pandémie, selon une étude de l’Institut Angus Reid cette fois. Parmi ce groupe, 29 % opteraient pour le télétravail jusqu’à leur retraite, tandis que 44 % pencheraient pour une formule hybride. Le quart des répondants, surtout des gens de 18 à 34 ans et des hommes, disent qu’ils envisageraient de changer d’emploi si leur employeur les forçait à retourner au bureau à la fin de la pandémie.