Les reventes rapides de propriétés résidentielles ont bondi de 28 % en rythme annuel depuis le début de 2020 dans la région montréalaise.

La Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) a publié un rapport sur le sujet ce mardi matin. Par reventes rapides, les auteurs parlent de propriétés ayant changé de mains à au moins deux reprises en 12 mois.

En dépit de cette hausse, les transactions de nature spéculative, comme les reventes rapides, ou flips dans le jargon, ne sont pas la cause principale de l’inflation des prix de l’immobilier, conclut l’organisme fédéral responsable de l’habitation, car leur poids dans le marché résidentiel reste marginal, représentant à peine plus de 3 % des transactions.

Le marché de l’habitation à Montréal repose en grande partie sur des réels besoins d’habitation, selon les auteurs du rapport, Nathan Lea et Francis Cortellino, tous deux économistes.

« La hausse rapide du prix médian des propriétés que l’on observe dans les derniers mois n’est pas due aux reventes rapides », soutient Nathan Lea, dans un entretien.

En ce qui a trait à l’inflation immobilière, poursuit M. Lea, elle est davantage la résultante d’une offre insuffisante de produits à vendre, des bas taux d’intérêt et de la résilience du marché du travail québécois.

« Mieux comprendre l’influence de certains facteurs sur les prix du marché immobilier montréalais pourrait aussi permettre aux différents acteurs de l’industrie et décideurs de développer des stratégies plus efficaces en matière d’habitation », lit-on dans le rapport.

Autrement dit, imposer plus fortement le gain en capital résultant de reventes rapides pour mieux les décourager ne permettrait sans doute pas de relever les « défis d’abordabilité actuels ».

Les auteurs ont dénombré 2800 reventes rapides entre le début de 2020 et la fin du premier trimestre de 2021, soit une période de 15 mois. La statistique s’élève à 1774 reventes rapides pour 2019 et à 1620 pour 2018. On estime l’écart entre 25 % et 30 % en rythme annuel entre la période précédant 2020 et celle commençant le 1er janvier 2020.

La croissance des reventes rapides en nombre absolu n’est pas une surprise en soi, puisque le nombre de transactions a bondi depuis le début de la pandémie. Qui plus est, le poids des reventes rapides s’est légèrement accru dans le marché depuis le 1er janvier 2020, passant de 2,7 % de la totalité des reventes en 2019 à 3,2 % des reventes.

La SCHL observe par ailleurs que les propriétés qui sont l’objet d’une revente rapide subissent une hausse marquée de prix de l’ordre de 30 % à 40 % dans le cas des maisons unifamiliales et des plex (immeubles de 2 à 5 logements). À titre comparatif, la hausse générale des prix depuis le début de la pandémie s’élève à 13,2 % pour les maisons et à 9,8 % pour les plex.

Dans le cas des plex, « il est fort possible que la vente de petits immeubles à revenus à des prix élevés se traduise, à court ou à moyen terme, par des loyers plus élevés pour les locataires », estiment les auteurs.

Le condo fait bande à part. « Étant donné que l’activité sur le marché des copropriétés tournait un peu plus au ralenti en 2016 et 2017 dans le Grand Montréal, la croissance de prix des reventes rapides s’en est trouvée fortement réduite », explique-t-on dans le rapport.