Trois ans après avoir annoncé qu’elle renforcerait ses activités à Montréal, l’Association du transport aérien international (IATA) revient sur sa position. Elle donnera moins d’importance à son bureau montréalais, siège social depuis sa fondation en 1945, au profit de son autre bureau principal, celui de Genève, en Suisse.

La perte de ses capacités se fera graduellement, mais de façon significative. Sans toutefois mettre en jeu le siège social de Montréal. « On ne va jamais fermer les portes de Montréal, comme on travaille notamment souvent avec des organisations telle l’OACI [Organisation de l’aviation civile internationale], affirme Markus Ruediger, porte-parole de l’IATA, en entrevue téléphonique. Mais on va réduire significativement le nombre d’employés. »

Cette décision, annoncée trois mois après l’entrée en poste du nouveau directeur général, Willie Walsh, établi à Genève, est notamment motivée par les effets de la pandémie et non par les discussions au sujet de l’aide gouvernementale fédérale longuement souhaitée par l’industrie aérienne lourdement atteinte depuis le début de la crise en mars 2020.

Toutes les entreprises regardent comment elles sont structurées. L’IATA a deux grands bureaux, à Montréal et à Genève. On a décidé d’en garder un seul. Ce n’est plus simple pour des entreprises de conserver deux bureaux principaux. Ça n’a rien à voir avec le soutien du gouvernement.

Markus Ruediger, porte-parole de l’IATA

Genève a été préférée à Montréal, entre autres, car elle loge le siège exécutif de l’association. Actuellement, un seul haut dirigeant se trouve au Québec. « Le bureau de Genève a à peu près la même taille que celui de Montréal [environ 300 employés], mais plus de hauts vice-présidents séniors y travaillent, explique Markus Ruediger. Genève est aussi plus près des autres grands centres d’aviation. Le trafic aérien s’est déplacé un peu plus vers l’Est. Le marché de l’Asie a gagné en importance ces dernières années. »

Déplacements d’effectifs

Ce ne sont pas des licenciements qui contribueront à la diminution des activités à Montréal. À long terme, l’IATA compte sur l’attrition naturelle, des départs à la retraite, par exemple, et les déplacements d’effectifs vers Genève ou l’un de ses cinq bureaux régionaux (Miami, Madrid, Singapour, Pékin et Amman, en Jordanie) pour arriver à ses fins.

L’IATA a déjà connu une restructuration en 2018 au cours de laquelle elle avait perdu 10 % de ses effectifs internationalement.

« On a alors changé des structures internes, dit Markus Ruediger. On a centralisé certains services. »

Parallèlement, la même année, l’IATA avait annoncé qu’elle comptait plutôt donner une importance plus grande à son bureau montréalais en embauchant près de 30 personnes grâce à l’accroissement de sa division de services financiers et de distribution (FDS). « L’expansion des activités de l’IATA à Montréal fait suite à la création du Centre mondial de prestation de services, qui regroupe les fonctions administratives des systèmes de règlement financier de l’IATA (FSS) en quatre endroits », lisait-on dans un communiqué diffusé en 2018.

La situation est tout autre aujourd’hui. « Je me serais passé de cette décision, fait savoir Stéphane Paquet, PDG de Montréal International, en entrevue. Je suis en mode expansion, que ce soit pour les entreprises privées ou les organisations internationales, afin de conserver un maximum d’emplois ici. L’impact économique des organisations internationales est de l’ordre de 350 millions de dollars à Montréal. On reste la troisième ville en ce qui a trait à la présence d’organisations internationales, avec plus de 65, après New York et Washington. Cela dit, on détiendra encore ce titre. »

L’IATA représente 280 compagnies aériennes de 120 pays responsables de 83 % du trafic aérien dans le monde.