Détenir des actions du fabricant de camions et d’autobus électriques Lion risque d’être bien différent que devenir actionnaire d’une grande banque ou d’une entreprise de services publics.

La volatilité élevée est une caractéristique remarquée dans le secteur boursier des véhicules électriques. Les premières séances de Lion à la Bourse de Toronto en témoignent bien. Le titre de l’entreprise de Saint-Jérôme a cédé 9 % mardi après avoir bondi de 10 % vendredi à la suite de l’annonce de la construction d’une usine de 900 000 pieds carrés en banlieue de Chicago.

Les titres des entreprises de l’industrie des véhicules électriques sont plus volatils que ceux du marché en général, commente l’analyste Benoit Poirier, de Valeurs mobilières Desjardins. C’est d’ailleurs pourquoi cet expert estime qu’un tel placement est un achat qui doit être qualifié de spéculatif. À son avis, l’exécution et l’obtention de commandes sont deux éléments importants pouvant influencer la performance boursière future de Lion. Et avec l’évolution de la concurrence, c’est ce que doivent notamment surveiller les investisseurs disposés à assumer la volatilité liée au secteur.

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La patience des investisseurs à long terme pourrait être récompensée, car le potentiel de croissance est significatif. Benoit Poirier, qui surnomme Lion le « roi de la jungle du véhicule électrique », croit que l’action de Lion pourrait plus que doubler de valeur d’ici deux ans. Si la direction exécute son plan conformément aux attentes, précise-t-il.

L’entreprise compte aujourd’hui près de 400 véhicules sur les routes et prévoit livrer 650 véhicules cette année. Lorsque l’usine américaine roulera à plein régime, ce sont plus de 20 000 véhicules par année que Lion prévoit produire. Le chiffre d’affaires, qui était de 23 millions US l’an dernier, est appelé à bondir à plus de 3,6 milliards US en 2024, selon les projections de la direction.

L’analyste Jonathan Lamers, de la BMO, perçoit lui aussi un potentiel énorme. Il estime que le titre de Lion pourrait plus que doubler d’ici trois ans, si Lion investit pour profiter de l’occasion qui se présente et parvient à réduire le coût et le prix de ses véhicules.

Lion évalue la taille du marché électrique cible en Amérique du Nord à 100 milliards US pour les camions urbains et à 10 milliards US pour les autobus. Les grands exploitants de parcs de camions comme UPS, FedEx et Pepsi sont tous dans la ligne de mire de Lion qui a notamment annoncé, l’hiver dernier, une entente avec le géant Amazon.

La popularité grandissante des véhicules électriques alimente l’enthousiasme des investisseurs pour les entreprises du secteur. Incluant Lion, une vingtaine de fabricants de véhicules électriques ou fournisseurs d’équipements de recharge ont obtenu du financement par l’entremise d’une fusion avec un véhicule d’acquisition à vocation spécifique depuis mars 2020, souligne Benoit Poirier.

Néanmoins, ajoute-t-il, la récente poussée des taux d’intérêt et une rotation effectuée dans le marché boursier des titres de croissance vers des titres de valeur ont affecté la valeur des entreprises du secteur des véhicules électriques. Cette situation laisse croire que les investisseurs constatent qu’ultimement, tous les titres du secteur ne seront pas des « gagnants », dit-il. La concurrence est appelée à s’intensifier et elle pourrait freiner Lion dans l’atteinte de ses objectifs, un élément que les experts suivront de près.

Lion présentera lundi ses premiers résultats trimestriels en tant qu’entreprise publique.