La société montréalaise Aya a dévoilé lundi matin un rapport préliminaire indiquant la production de 389 000 onces d’argent au premier trimestre de l’année à sa mine Zgounder, au Maroc, venant ainsi confirmer le revirement de situation observé au trimestre précédent.

La société minière semble dorénavant bien placée pour surpasser sa cible de production de 1,2 million d’onces d’argent en 2021 puisqu’elle a déjà atteint 32 % de l’objectif après seulement trois mois.

Les chiffres dévoilés lundi matin représentent une hausse de production de 476 % en un an. La production avait ainsi glissé à 67 005 onces au premier trimestre 2020, avant la pandémie.

À cette époque, Aya n’allait nulle part. Un laisser-aller généralisé caractérisait la conduite des affaires, nous avait expliqué son nouveau PDG Benoit La Salle, dans un entretien en janvier dernier.

Amélioration de la gestion des activités

« Je me réjouis de l’amélioration des paramètres de production sur lesquels on est capables d’agir », a dit M. La Salle dans un entretien, lundi. Celui qui a fondé la minière Semafo en 1995 est entré en poste chez Aya en avril 2020.

À Zgounder, le taux d’utilisation de l’usine se situe maintenant à 82-85 %, comparativement à moins de 60 % il y a un an. « On arrive à ce résultat avec une meilleure gestion des pièces de rechange et avec la préparation et l’application d’un programme d’entretien rigoureux », indique le président de la société. Second paramètre, le taux de récupération de l’argent dans le minerai est aussi à la hausse.

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

Le PDG d’Aya Gold & Silver, Benoit La Salle

Surtout, les résultats du premier trimestre 2021 viennent confirmer ceux obtenus au 4e trimestre 2020, où 408 000 onces d’argent avaient été extraites. L’écart négatif de 4,6 % s’explique par la fermeture de l’usine pendant quatre jours pour l’entretien et par l’arrêt des activités pendant une semaine à la suite d’une tempête hivernale. Les chiffres officiels sortent le 13 mai prochain.

« Nous avions été prudents sur le caractère récurrent de tels résultats, mais cela prouve que le quatrième trimestre n’a pas été une anormalité. Nous sommes maintenant rassurés sur les prévisions de production plus élevées pour 2021 », a écrit l’analyste financier de Valeurs mobilières Desjardins David Stewart dans un commentaire lundi matin.

Le cours de l’action, qui était passé de 1,50 à 4,00 $ entre avril 2020 et janvier 2021, a continué son ascension. L’action se vend tout juste sous les 7 $, le prix cible des 12 prochains mois établi par M. Stewart, de VMD.

« Les enseignements les plus importants du trimestre sont que les prévisions ont été prudentes et que l’équipe de gestion a la capacité de livrer la marchandise. C’est absolument crucial pour une entreprise en croissance qui suscite de plus en plus l’intérêt des investisseurs institutionnels, a fait savoir de son côté Justin Chan, chez Sprott, dans une mise à jour publiée lundi. Son prix cible reste inchangé à 7,50 $ par action. La cible des analystes s’établit en moyenne 8 $ l’action, dit M. La Salle.

Aya détient 85 % de la mine Zgounder ; le solde est détenu par une agence minière du gouvernement marocain. La société a aussi trois projets en exploration or-argent en Afrique du Nord.

Le producteur minier détient 35 millions en encaisse et s’attend à un bénéfice avant amortissement, intérêts et impôts de 20 millions. La capitalisation boursière d’Aya s’élève à 660 millions. La société a commencé une nouvelle campagne de forages de 35 000 mètres sur la zone principale, dont les résultats seront disséminés au cours des prochains mois. Une étude de faisabilité est attendue en décembre 2021 comprenant une mise à jour des ressources mesurées et indiquées.

La société, qui comptait sur des ressources de 10 millions d’onces il y a un an, en dénombre aujourd’hui 44 millions. Elle a toujours l’objectif d’atteindre les 100 millions d’onces d’argent de ressources mesurées et indiquées d’ici la fin de 2021. Le but est d’arriver à une production entre 4 et 5 millions d’onces en 2024.

Aya est considérée par les analystes comme une façon d’être exposé à l’argent, un métal dont la demande pour un usage industriel est appelée à croître avec la popularité des panneaux solaires.

Ses principaux concurrents à ce chapitre ont augmenté récemment leur exposition à l’or, fait remarquer M. Stewart, de VMD. First Majestic a acheté Jerritt Canyon le mois dernier. Fortuna a annoncé l’acquisition de Roxgold lundi. Dans les deux cas, 50 % ou moins de leurs revenus proviendront de l’argent à la suite des acquisitions. L’analyste s’attend à ce que des investisseurs désireux d’être exposés au prix de l’argent se tournent dorénavant vers Aya.