Merci aux milliers de Canadiens pour la vague de messages d’empathie, d’espoir et de bons vœux qui a déferlé à la suite de l’annonce de la fermeture planifiée du Château, il y a 10 jours. Vos bons mots ont touché le cœur de nos 1400 employés. Je profite du moment pour souhaiter à tous les détaillants de la magnifique communauté du Québec de meilleurs jours et un meilleur dénouement.

Nous faisons tous partie d’un important écosystème regroupant écoles, artisans, designers, coupeurs-tailleurs, couturiers, mannequins, photographes, créateurs numériques et fournisseurs locaux ayant réussi à faire en sorte que Montréal reste au premier plan en matière de mode canadienne. Cet écosystème représente également un secteur économique considérable de la ville assurant des dizaines de milliers d’emplois spécialisés et bien rémunérés. Ces emplois rapportent non seulement d’importantes recettes en impôt sur le revenu, mais aussi des millions en recettes fiscales dans les coffres des gouvernements fédéral et provinciaux. Alors que la nation fait face aux impacts économiques de la COVID-19, je suis certain que nos gouvernements reconnaissent l’importance de cet écosystème et travaillent fort en vue de le préserver. Il s’agit d’un trésor national et certainement d’un atout qui fait de Montréal la ville merveilleuse qu’elle est.

Le vendredi 23 octobre, la ville et sa mairesse ont accueilli avec enthousiasme l’ouverture de la nouvelle boutique d’un détaillant étranger. Je comprends l’objectif de faire renaître l’achalandage dans notre centre-ville quasi désert. Je n’ai réellement aucun problème avec ça. Ce qui m’a le plus frappé, c’est qu’en aucun cas il n’a été question de l’annonce, le même jour, de la fermeture imminente d’une entreprise montréalaise ayant 60 ans d’histoire.

Les 500 employés du siège social et les 900 employés des différents magasins perdront leur emploi. Selon moi, Le Château a bien servi Montréal au cours des 60 dernières années. Cette indifférence totale est surprenante. Encore plus étonnant est le fait que cette ville n’a jamais encouragé de façon similaire ses citoyens à magasiner chez les nombreux détaillants ayant leur siège social à Montréal et faisant face à leurs propres défis. Aldo, Tristan, Reitmans, Laura, Dynamite et d’autres détaillants auraient pu tirer avantage d’une invitation à magasiner chez eux, tout comme celle ayant été adressée aux Montréalais pour les encourager à magasiner chez un détaillant japonais.

Peut-être que cette indifférence n’est pas voulue… Peut-être que le secteur du commerce de détail est un réel sujet de préoccupation à l’hôtel de ville… Peut-être qu’il y a une réelle empathie pour les dizaines de milliers de Montréalais de ce secteur qui font face à ces difficultés économiques… Peut-être qu’ils travaillent sans relâche pour trouver des façons d’innover afin de préserver ce secteur… J’aurais aimé y croire.

Malheureusement, ce n’est pas le cas. Le vendredi 23 octobre, journée même où les 1400 employés du Château ont été informés que l’entreprise prévoyait fermer ses portes, Sue Montgomery, mairesse de l’arrondissement de Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce, a publié sur Facebook un message disant qu’elle ne « gaspillerait pas un sou au Château ou dans n’importe quelle autre chaîne ». Ce flagrant dédain est-il le reflet de l’intérêt porté par les gestionnaires de notre économie à l’égard de ces détaillants ? Tout le monde a droit à ses opinions. Toutefois, cette remarque faite publiquement en ces temps difficiles est insensible et plutôt décourageante. Peut-être que ça explique beaucoup de choses. Comment l’industrie de la mode peut-elle être bien servie par des dirigeants qui font preuve d’un tel manque d’empathie pour leurs concitoyens montréalais et d’une telle ignorance des bases de notre économie ?

Puisque je suis avec Le Château depuis 40 ans, je vais continuer à me battre pour qu’au final, l’enseigne Le Château puisse de nouveau briller avec fierté. En attendant, je demande à tous les membres de l’écosystème de la mode montréalaise de continuer à se battre, et à tous les ordres de gouvernement d’établir une meilleure norme pour nous aider à traverser ces temps difficiles.