Si vous pensez régler vos emplettes de Noël rondement en offrant des cartes-cadeaux, voici une histoire qui va vous donner à réfléchir.

Louise Charbonneau a donné une carte Le Cadeau parfait Visa de 50 $ à son petit-fils pour son anniversaire, en octobre 2017. L’enfant a conservé précieusement la carte en attendant de faire un achat. « On essaie de lui montrer la valeur de l’argent. Il ne dépense pas pour rien », se félicite la grand-mère.

Émises par la Compagnie de Fiducie Peoples, les cartes Le Cadeau parfait sont distribuées dans 11 000 commerces un peu partout au Canada, notamment chez Canadian Tire, Metro, Brunet ou encore Pharmaprix.

Comme il s’agit de cartes Visa prépayées, elles peuvent être utilisées dans n’importe quel commerce qui accepte la carte de crédit. Cela laisse un maximum de flexibilité aux gens qui la reçoivent en cadeau.

Deux ans plus tard, le petit-fils de Mme Charbonneau a donc voulu utiliser sa carte pour acheter des vêtements de hockey dont il avait vraiment besoin. À sa très grande déception, il a réalisé que les frais avaient grugé 36 $ sur sa carte, dont le solde avait fondu à 14 $.

Pauvre enfant ! Ça commence mal sa carrière de consommateur avisé !

En fait, la carte Le Cadeau parfait impose des frais de 3 $ par mois, après 12 mois suivant l’émission. « Si c’était par année, OK. Mais par mois ? C’est du shylocking ! Ça vient me chercher. Je trouve ça inadmissible », se lamente Mme Charbonneau.

Bien d’accord avec elle !

***

« Les cartes prépayées [Le Cadeau parfait] sont conformes à la réglementation fédérale sur les produits de paiement prépayés en vigueur depuis 2014 », m’a répondu Amanda Fiech, porte-parole de Blackhawk Network Canada, qui est partenaire de distribution des cartes Le Cadeau parfait.

Soit. Mais j’ai toujours trouvé que les règles fixées par Ottawa étaient beaucoup trop permissives et qu’elles protégeaient mal les consommateurs.

Il est vrai que le règlement interdit aux institutions d’imposer des « frais de tenue de compte » au cours de l’année suivant l’activation de la carte (sauf dans certaines circonstances). Mais après 12 mois, le champ est entièrement libre !

Par ailleurs, rien n’interdit les frais d’activation qui peuvent gruger 10 % du solde de la carte avant même qu’on l’ait utilisée. Rien n’empêche non plus les frais d’utilisation, les frais de recharge, les frais lorsque vous appelez au service à la clientèle et tous les autres frais qu’une banque peut inventer avec un minimum d’imagination.

Tout cela fait en sorte que l’utilisation d’une carte prépayée peut coûter très cher, même plus cher que celle d’une carte de crédit, ce qui est absurde puisqu’il ne s’agit pas d’argent prêté, mais bien de l’argent que le consommateur a lui-même versé sur la carte.

Tous les frais doivent cependant être divulgués aux clients dans un encadré informatif figurant bien en évidence sur l’emballage du produit. Très bien. Mais une fois que la carte est déballée, l’utilisateur n’a plus l’information sous les yeux. Il peut l’oublier. Ou ne l’avoir jamais vue s’il a reçu la carte en cadeau… comme le petit-fils de Mme Charbonneau.

Heureusement, Blackhawk Network a finalement accepté de lui remettre l’argent grugé par les frais et de lui offrir une carte supplémentaire de 25 $ « afin qu’il puisse s’offrir quelque chose de très spécial ».

« Nous voulons que chaque client ait une bonne expérience des cartes-cadeaux. Nous sommes déçus de voir que ce n’est pas le cas pour ce jeune client », insiste Mme Fiech.

***

Si vous souhaitez offrir une carte-cadeau pour Noël, le meilleur choix reste une carte d’un magasin en particulier. Ces cartes sont soumises à la Loi sur la protection du consommateur (LPC), qui interdit leur expiration ainsi que tous les frais qui peuvent gruger le montant. De plus, les commerçants doivent rendre la monnaie lorsqu’il reste un solde de 5 $ ou moins.

Cela dit, lorsque la carte est associée à un service en particulier (p. ex. : un massage de 60 minutes), elle peut indiquer une date après laquelle le consommateur devra payer un surplus si la valeur du service a augmenté.

Quant aux cartes multi-enseignes qui sont émises par un centre commercial ou un regroupement de commerçants, elles peuvent réserver de mauvaises surprises.

Ce genre de cartes peut prélever soit des frais d’activation (3,50 $ max.), soit des frais d’inutilisation (max. 2,50 $ par mois, ne pouvant être réclamés avant le 15e mois, et même le 18e mois si le consommateur en fait la demande).

Ruineux, si vous passez tout droit.

Tant qu’à offrir ces cartes aux frais gourmands, je vous suggère de mettre un bon vieux billet de 50 $ dans une enveloppe. Mais oui, de l’argent comptant, ça existe encore ! Et c’est accepté dans tous les magasins en briques et béton !