C’est aujourd’hui que s’ouvre à Paris le Salon international de l’aéronautique et de l’espace, où sera réuni l’ensemble de l’industrie aéronautique mondiale, dont de nombreux représentants de cette importante industrie au Québec. Regard sur ce qui devrait y retenir l’attention.

Un chant du cygne pour Bombardier ?

Si les rumeurs ébruitées il y a une dizaine de jours s’avèrent, Bombardier et Mitsubishi pourraient profiter de l’événement pour annoncer l’acquisition par la japonaise du programme d’avions régionaux CRJ. Ce serait la fin de la présence de Bombardier dans le domaine de l’aviation commerciale, à l’exception probablement pour quelques années encore d’une participation minoritaire dans l’A220. Les installations de Bombardier, autrefois un des piliers de cet événement, risquent d’être tranquilles cette semaine. L’entreprise sera-t-elle même de la prochaine édition, l’an prochain à Farnborough ? Probablement, pour y afficher ses avions d’affaires, mais l’inverse ne serait pas très étonnant.

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L’ancienne C Series a enregistré deux de ses plus importantes commandes l’an passé, lors du même événement ou dans les jours précédents.

Des commandes pour l’A220 ?

L’ancienne C Series a enregistré deux de ses plus importantes commandes l’an passé, lors du même événement ou dans les jours précédents. JetBlue et un futur transporteur appelé pour l’instant Moxy y ont chacun commandé 60 nouveaux appareils. Aucun d’entre eux ne devrait toutefois être assemblé à Mirabel, puisqu’il s’agit de transporteurs américains qui vont privilégier la future usine de Mobile, en Alabama. Idem pour Delta, la seule autre grosse commande survenue depuis. Un autre américain, Spirit, évalue l’A220 pour une commande qui serait probablement passée d’ici la fin de l’année. Royal Jordanian aurait aussi l’appareil de Mirabel dans sa ligne de mire pour une commande imminente. D’autres rumeurs ont circulé. Un ajout au carnet de commandes de Mirabel serait certainement le bienvenu.

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L’an dernier, Boeing a vendu rien de moins que 564 Boeing 737 MAX pendant le Salon de Farnborough, qui alterne chaque année avec celui de Paris.

Le 737 MAX

L’an dernier, Boeing a vendu rien de moins que 564 Boeing 737 MAX pendant le Salon de Farnborough, qui alterne chaque année avec celui de Paris. À titre de comparaison, c’est plus que les 536 A220 commandés depuis le début du programme. Or deux catastrophes plus tard, le 737 MAX est cloué au sol depuis des mois et on ignore encore comment et quand il reviendra en service. Ces événements ont bouleversé l’ensemble de l’industrie aérienne et seront assurément sur toutes les lèvres cette semaine. La logique voudrait que le rival Airbus en profite pour accumuler les commandes, mais son carnet déborde déjà. Quel transporteur osera monter sur scène pour annoncer une commande de 737 MAX ?

PHOTO REMY DE LA MAUVINIÈRE, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Le mouvement est encore jeune et confiné à certains cercles, mais il existe et on ne peut démentir sa progression : de plus en plus, prendre l’avion est perçu comme un « crime » environnemental.

La réduction des gaz à effet de serre

Le mouvement est encore jeune et confiné à certains cercles, mais il existe et on ne peut démentir sa progression : de plus en plus, prendre l’avion est perçu comme un « crime » environnemental. Le message est entendu dans les hautes sphères. Vendredi, le nouveau président et chef de la direction d’Airbus, Guillaume Faury, a souligné sa future participation à l’événement comme une « opportunité de réaffirmer l’engagement d’Airbus pour une aviation décarbonisée ». Comme les cycles de développement sont très longs dans le milieu de l’aviation, le temps commence déjà à presser pour trouver des solutions de motorisation qui limiteraient les émissions.

ILLUSTRATION FOURNIE PAR MITSUBISHI

En plus de possiblement mettre la main sur le CRJ de Bombardier, Mitsubishi lancera officiellement aujourd’hui son SpaceJet M70, un appareil de 76 places destiné justement à déloger le CRJ du marché de l’aviation régionale américaine.

Mitsubishi

En plus de possiblement mettre la main sur le CRJ de Bombardier, Mitsubishi lancera officiellement aujourd’hui son SpaceJet M70, un appareil de 76 places destiné justement à déloger le CRJ du marché de l’aviation régionale américaine. Le développement du programme d’avions régionaux de Mitsubishi a connu de multiples ratés jusqu’ici. Le grand frère du M70, le M90, devait entrer en service en 2013. Aux dernières nouvelles, il suit son processus de certification avec une échéance probable au milieu de 2020. Mais les commandes sont rares. Cette semaine serait le moment idéal pour étoffer un peu le carnet.

PHOTO FRANÇOIS MORI, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Airbus et Boeing ont fracassé des records de nouvelles commandes à pareille date l’an dernier.

Modération

Airbus et Boeing ont fracassé des records de nouvelles commandes à pareille date l’an dernier. La progression constante de la demande pour le transport aérien a incité de nombreux transporteurs à faire le plein. Tant et si bien, en fait, qu’il ne reste plus beaucoup de grandes commandes à l’horizon. À court terme, ce n’est pas vraiment un problème pour les deux géants, dont les carnets de commandes sont remplis pour au moins sept ans pour la plupart des modèles. Il faudra quand même surveiller la réaction des investisseurs si la semaine devait s’avérer un peu trop tranquille à leur goût.

PHOTO ADRIAN WYLD, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Navdeep Bains, ministre fédéral de l’Innovation

Les investissements gouvernementaux

Le ministre fédéral de l’Innovation, Navdeep Bains, a pris les devants hier en annonçant 49 millions de dollars sur cinq ans à l’Association des industries aérospatiales du Canada (AIAC), qui regroupe les principaux employeurs du domaine, pour favoriser l’innovation. Les programmes C Series et Global 7500 de Bombardier, qui sont maintenant commercialisés, ont représenté une large part des investissements en R et D au pays dans les dernières années. Avec cet argent, M. Bains espère garder le rythme. Fait à noter, l’AIAC doit dévoiler aujourd’hui même un rapport préparé en son nom par Jean Charest pour inciter le gouvernement fédéral à agir dans le secteur. De son côté, Québec prévoit faire quelques annonces demain.