Exportation et développement Canada (EDC) affirme qu’une enquête indépendante blanchit ses employés à la suite d’une allégation selon laquelle ceux-ci auraient fermé les yeux sur la corruption dans le cadre d’une transaction impliquant SNC-Lavalin en 2011.

L’affaire avait été déclenchée par un reportage de CBC News, qui s’appuyait sur des informations provenant d’une source anonyme au sein de la société SNC-Lavalin, affirmant que les soumissions de la firme comportaient des honoraires destinés aux consultants ou agents locaux.

Cette source prétendait que ces honoraires pouvaient atteindre des millions de dollars pour certains projets et que cela aurait dû être noté par le personnel d’EDC lorsqu’il évaluait une demande de SNC-Lavalin pour un projet en Afrique.

EDC, qui agit en tant qu’agence de crédit pour les entreprises cherchant à faire des affaires à l’étranger, a fourni à la firme d’ingénierie et de construction une assurance dont la valeur oscillait entre 250 millions et 500 millions afin d’œuvrer sur le barrage de Matala en Angola.

Une porte-parole de l’agence a expliqué jeudi que le rapport complet de Fasken, le cabinet retenu pour mener l’enquête interne, n’était pas disponible dans son intégralité parce qu’il contient de « l’information confidentielle » et « privilégiée ».

« Fasken n’a trouvé aucune preuve indiquant que des employés d’EDC auraient sciemment fermé les yeux sur l’existence de pots-de-vin ou sur des actes de corruption, ou en auraient été au courant, comme il avait été allégué », a indiqué l’agence fédérale, dans un communiqué.

Selon EDC, le cabinet a, dans le cadre de son mandat, examiné plus de 1,7 million de documents concernant SNC-Lavalin et le projet en plus d’interroger des employés. Fasken poursuivra son travail dans le cadre d’une analyse du « contrôle préalable » entourant la transaction.

En avril dernier, l’entreprise n’avait pas voulu commenter le reportage de CBC, affirmant que l’allégation remontait à avant 2012 – lorsque des scandales ont commencé à éclater au grand jour, entachant la réputation de SNC-Lavalin. Jeudi, la société a fait savoir qu’elle ne commenterait pas la sortie d’EDC.

Depuis 2001, l’agence fédérale a épaulé SNC-Lavalin à plus de 20 reprises en offrant notamment du financement et des assurances dans le cadre de projets aux quatre coins de la planète.

L’entreprise est également au cœur d’une tempête politique qui continue d’ébranler le gouvernement Trudeau en raison de pressions indues qui auraient été effectuées auprès de l’ex-procureure générale Jody Wilson-Raybould afin qu’elle négocie une entente à l’amiable avec la compagnie pour lui éviter un procès criminel.

De mal en pis

SNC-Lavalin a également réservé d’autres mauvaises nouvelles à ses investisseurs en annonçant lundi une nouvelle restructuration qui se traduira notamment par un abandon des contrats à prix fixe – qui peuvent plomber les bénéfices lorsqu’il y a des dépassements de coûts –, la comptabilisation d’une charge de 1,9 milliard et le retrait de ses prévisions pour l’exercice.

Cela a incité l’agence de notation DBRS à abaisser la cote de crédit de SNC-Lavalin, qui passe de BBB à BBB (bas), tout comme ses perspectives à l’égard de l’entreprise, qui sont désormais « négatives ». L’agence a évoqué la détérioration de la performance financière de la société, qui en était à son troisième avertissement sur ses résultats depuis le début de l’année. Une décote entraîne généralement une hausse des coûts d’emprunt.

Pour sa part, Standard & Poor’s, qui avait décoté la firme en avril dernier, lui a servi un avertissement en prévenant qu’une autre révision à la baisse pourrait survenir au cours des « prochaines semaines ». Dans une note publiée cette semaine, l’agence new-yorkaise dit s’attendre à des résultats « largement inférieurs » à ses attentes cette année ainsi que probablement pour 2020.

SNC-Lavalin doit dévoiler ses résultats du deuxième trimestre le 1er juin. Elle s’attend à afficher une perte d’exploitation ajustée liée aux activités d’ingénierie et de construction oscillant entre 150 millions à 175 millions.

Depuis un an, le cours de l’action de la compagnie a perdu plus de 60 % de sa valeur à la Bourse de Toronto. Jeudi, en mi-journée, l’action cotait à 20,79 $, en recul de 45 cents, ou 2,12 %.