Avec un peu de chance, le ministre des Finances, Jim Flaherty, pourra équilibrer les finances publiques dès 2014-2015, soit un an plus tôt que ne le prévoit son plan budgétaire déposé hier.

Pour l'instant, le ministre inscrit une prévision de déficit de 2,9 milliards. Celle-ci est toutefois fondée sur une hypothèse de revenus diminuée de 3 milliards pour pallier certains risques que la conjoncture mondiale fait peser sur la croissance de l'économie canadienne et celle de l'assiette fiscale d'Ottawa.

De même, le déficit de 16,6 milliards projeté pour l'exercice en cours repose sur des recettes fiscales écornées de 1,5 milliard pour la période de décembre à mars. On pourrait donc trouver au final une différence entre revenus et dépenses plus près des 15 milliards.

Pour 2015-2016, année électorale, le ministre envisage un confortable excédent de 6,4 milliards. En présumant encore des recettes fiscales dégonflées de 3 milliards, l'excédent possible pourrait donc dépasser les 9 milliards. Cela crée un immense potentiel de promesses électorales, même en consacrant une partie du surplus à la réduction de la dette.

Ces projections sont faites en présumant d'une croissance de 3,9% de la taille de l'économie, exprimée en dollars courants (le PIB nominal), en 2014 et de 4,5% en 2015. Cette prévision s'appuie sur celle des économistes du secteur privé.

Que ce soit en 2014-2015 ou en 2015-2016, le retour à un excédent budgétaire serait le premier depuis 2007-2008. Entre-temps, le ratio de la dette, définie comme la somme des déficits accumulés et évaluée à 602,4 milliards au 31 mars dernier, sur le PIB serait passé de 28,2% en 2007-2008, avant la grande récession, à 33,1% en 2011-2012 avant de recommencer à diminuer depuis. Ottawa projette qu'il sera descendu à 25% en 2021-2022, ce qui sera de loin la meilleure fiche du G7.

Compression des dépenses

Pour éliminer le rouge de ses états financiers, Ottawa mise avant tout sur la compression de ses dépenses de programmes, plutôt que sur une diminution des paiements de transferts comme l'avaient fait les libéraux durant les années 90. De 13,5% du PIB en 2012-2013, elles ne représenteront plus que 12,7% en 2015-2016.

On peut mesurer autrement la stratégie. Dans le budget de 2011-2012, le ministère des Finances projetait des dépenses de programmes et du service de la dette de 305 milliards pour l'année 2015-2016. Hier, il prévoyait plutôt 286,9 milliards.

S'il est vrai que le service de la dette progresse moins vite en raison de conditions d'emprunt avantageuses, l'effort de contenir la taille de l'État est manifeste. Cela favorise en retour les conditions d'emprunt.

Revenus

Au chapitre des revenus, la seule nouvelle ponction est celle touchant les produits du tabac (4$ la cartouche de 200 cigarettes) qui rapportera 700 millions de plus en 2014-2015 et 2015-2016, et 600 millions par la suite. Ottawa présume qu'elle aura un effet dissuasif sur les nicotinomanes.

Pour récolter des recettes de 276,3 milliards en 2014-2015 et de 293,3 milliards en 2015-2016, le ministre compte avant tout sur l'impôt sur le revenu des particuliers (137,8 et 145,8 milliards).

La TPS de 5% rapportera beaucoup moins (31,3 et 33,3 milliards).

C'est une dizaine de milliards de plus que les cotisations à l'assurance-emploi comptabilisées dans les revenus budgétaires, lesquelles excèdent de près de 10 milliards la valeur des prestations.

Les sociétés verseront quant à elles au Trésor public 37,0 et 39,5 milliards durant les deux prochaines années budgétaires.

De près de 18% de la taille de l'économie au tournant du millénaire, les revenus budgétaires sont stabilisés autour des 14% depuis 2007-2008.

Dépenses

Au chapitre des dépenses, les postes principaux sont les transferts aux provinces et autres administrations (plus de 60 milliards), les prestations aux aînés (plus de 40 milliards), les enveloppes partagées avec les autres administrations comme celle sur les infrastructures (environ 35 milliards).

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LA DETTE FÉDÉRALE

En pourcentage du PIB

Données réelles

2007-2008 | 29,2%

2008-2009 | 28,2%

2009-2010 | 33,1%

2010-2011 | 33,1%

2011-2012 | 33,2%

2012-2013 | 33,1%

Projections

2013-2014 | 33,0%

2014-2015 | 32,0%

2015-2016 | 30,3%

2016-2017 | 28,6%

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2021-2022 | 25,0%

Source : ministère des Finances